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[Space TV] Diversification agricolePascal Couturier : « Je produis du biogaz avec l’herbe du bord des routes »

Suite au démarchage d'un producteur de biogaz voisin, Pascal Couturier, éleveur de bovins de race parthenaise à Le Langon dans la Vienne, se lance dans un projet innovant qu'il qualifie d'écologique. Le principe est simple : produire du biométhane à partir d'herbe fauchée et ramassée sur l'accotement des routes du département. En passe d'investir dans un outil spécialement conçu pour la pratique, l'agriculteur doit convaincre ses futurs clients, collectivités locales, de lui confier la fauche des bords de leur voirie. Pascal explique plus en détail l'origine du projet et les difficultés qu'il rencontre sur le plateau de la Space TV.

Pour démarrer la lecture de la vidéo, cliquer sur l'image.

Web-agri : Pascal, vous êtes à l'instar d'un projet de diversification de votre activité agricole plutôt atypique. Quel est-il et comment cette idée est-elle née ?

Pascal Couturier : Ma ferme est installée en bordure du marais Poitevin. Il est donc difficile d'agrandir le parcellaire ou le cheptel pour accroître le chiffre d’affaires de l'entreprise. Il y a trop de contraintes environnementales dans cette région et du coup, mon associé et moi cherchons des alternatives. Une société voisine nous a démarchés pour récupérer le fumier de l'exploitation et le transformer en biométhane. Nous avons été sensibles à ces arguments et l'idée de récolter l'herbe sur le bord des routes plutôt que de la gaspiller est née. En plus, le pouvoir méthanogène de l'herbe est élevé.

Web-agri : Avant que le projet n’aboutisse, quelles barrières devez-vous encore lever ?

P. Couturier : Il faut convaincre les communes, les communautés de communes ou encore le conseil départemental. Chaque collectivité en charge de l'entretien des bordures de voie est un client potentiel qu'il faut séduire pour convenir d'un partenariat. Plutôt que de couper le gazon et le laisser au sol, notre entreprise pourrait s'en charger. Grâce à une machine spécialement conçue pour cet usage, la matière est collectée pour alimenter le digesteur et produire du biogaz. En outre, je récupère le digestat et l'épands dans mes champs pour fertiliser les cultures. C'est un engrais naturel et gratuit.

Sans oublier que l'herbe reste actuellement sur place. Elle se décompose et finit en azote, qui est lessivé vers la nappe phréatique ou les cours d’eau. Résultat : plus de nitrates et donc de l'eau polluée. En limitant le phénomène, notre projet a bien des vertus écologiques.

Autre problème, non négligeable : la pollution des voies de circulation par l'homme. Papiers, déchets, canettes en verre ou en aluminium… sont autant de détritus jetés sur les routes qui compliquent notre tâche. Ces matières ne sont pas dégradables et donc, ne peuvent pas entrer dans un digesteur. Il faudrait que la population fasse preuve de civisme ou que les employés de la voirie ramassent tout avant que la machine passe. C'est un point à résoudre là encore.

Web-agri : Comment les collectivités perçoivent-elles votre initiative ?

P.Couturier : Le plus souvent, les élus demandent aussitôt combien ça va coûter. Le côté écologique vient après mais d'abord, c'est l'aspect financier qui ressort. Il est donc indispensable de présenter le projet avec pédagogie. Exposer tous les points clés pour que chacun mesure l’intérêt écologique de la technique. 

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