Cinq clés pour réussir son implantation de sorgho fourrager

« Je ne sème jamais mon sorgho avant le 15 mai, c’est une plante qui va lever d’un coup ensuite si elle a de l’eau et de la chaleur. » (©Terre-net Média)
« Je ne sème jamais mon sorgho avant le 15 mai, c’est une plante qui va lever d’un coup ensuite si elle a de l’eau et de la chaleur. » (©Terre-net Média)

À la SCEA de la Bigotterie, en Maine-et-Loire, Bruno Poupart ne rate jamais ses semis de sorgho, depuis plus de dix ans qu’il en implante. Un sol réchauffé et bien préparé ainsi qu’une bonne densité font partie des conditions de réussite. Il témoigne.

Pas question de semer en ce mois d’avril, il fait trop froid. Chaque année, Bruno Poupart préfère attendre le plus possible pour implanter son sorgho fourrager. « Il faut être en short pour semer ! plaisante l’éleveur de Brissac-Loire-Aubance (Maine-et-Loire). Attention aux nuits fraîches ! Sinon il mettra un temps fou à lever ! » Chez lui, c’est donc pas avant le 15 mai.

Il faut « passer toutes les gelées, ne pas semer avant les saints de glace c’est-à-dire après le 10 mai », confirme Jérémy Bonte, responsable développement technique à la société de commercialisation de semences fourragères Semental.

« La date de semis n’est pas si importante, assure l’éleveur qui produit du sorgho depuis plus de dix ans. C’est une plante qui a une forte capacité à attendre, et qui va lever d’un coup si elle a de l’eau et de la chaleur. » L’idéal est toutefois de semer après une pluie. « En situations très sèches c’est plus compliqué, on s’exposera à des problématiques de salissement » prévient le technicien de Semental. Car le sorgho est plus lent que le maïs à démarrer, le salissement est plus important.

Sur quels types de terres ?

Bruno Poupart choisit les « petites terres », à potentiel blé, pour l’implanter. Des terres de sable à 10 % d’argile, séchantes, sans réserves hydriques. Car « contrairement au maïs, le sorgho est patient, quand l’été est sec, il sait attendre l’eau ».

Au fond, « il n’y a pas beaucoup de situations où l’on ne peut pas implanter de sorgho », constate Jérémy Bonte. « Il faut juste éviter les terres argileuses, le sol doit être bien émietté, bien travaillé, bien fin pour avoir un bon contact entre le sol et la graine ».

La clé de la réussite, c’est vraiment l’homogénéité de la parcelle pour avoir plus de régularité au moment de la levée.

Le sorgho peut s’implanter derrière une dérobée, un méteil par exemple que l’on récolte juste avant. À la SCEA de la Bigotterie, c’est après un mélange de trèfle-vesce-seigle, récolté fin avril. Bruno Poupart prépare le sol à la fraise, « un coup de rotavateur sitôt la récolte et c’est quasiment prêt à semer. Puis on passe un coup de vibro, et on renivelle le sol ensuite deux ou trois fois avant le semis. »

Avoir un sol bien labouré est important pour réussir ses semis, « la clé de la réussite, c’est vraiment l’homogénéité de la parcelle », insiste Bruno Poupart. « Le labour permet d’avoir un sol plus fin, donc d’avoir plus de régularité au moment de la levée », précise Jérémy Bonte. La graine doit en effet être semée à 3-4 cm de profondeur. Cela mettra plus de temps à lever que si elle était semée à 2 cm, et il y aura de la perte à la germination, « 30 à 40 % environ » estime l’expert de Semental. Mais c’est le meilleur moyen de réussir sa culture et surtout de limiter les risques de verse. Une implantation sans labour préalable, c’est possible, mais « cela demande de la rigueur, c’est plus difficile ensuite de gérer le salissement et la fertilisation ».

Utiliser un semoir monograine

Pour semer la graine à une telle profondeur, il est déconseillé d’utiliser un semoir à céréales. La meilleure solution, c’est le semoir monograine avec disques sorgho ou disques betterave. Bruno Poupart a longtemps fait le travail avec un semoir à 60, avec une densité de 208 000 pieds/ha. Aujourd’hui, il passe en deux fois avec un semoir à 37,5, soit 220 000 pieds/ha, ce qui permet de s’exonérer d’un binage.

L’écartement idéal entre deux rangs est 40 à 50 centimètres : des rangs moins espacés permettent une couverture du sol plus rapide, et donc de limiter les risques de salissement de la parcelle. « Si l’on reste à un écartement standard de 75 centimètres, il faudra opter pour une densité de 150 000 à 170 000 graines/ha, au moins pour les débutants », préconise le technicien de Semental. Et puisque l’on recherche de la régularité, Jérémy Bonte conseille fortement de ne pas semer à toute allure : « L’idéal, c’est une vitesse de 4 km/h seulement, cela permettra d’avoir une levée plus homogène et une parcelle plus facile à gérer ».

Quelles interventions après les semis ?

Binage de sorgho
Après un premier binage au stade 3-4 feuilles, une seconde intervention peut être envisagée au stade 7-8 feuilles. (©Terre-net Média)

Sur son exploitation, Bruno Poupart réalise un désherbage au stade deux-trois feuilles. L’an dernier, il a semé son sorgho le 28 mai et appliqué un herbicide en post-semis. Trois semaines après, il a appliqué un rattrapage contenant un produit racinaire. Ensuite, plus rien jusqu’à la récolte. Pas besoin d’insecticide : « Comme je sème tard, cela lève rapidement, ça va plus vite que le taupin. » La plante a le temps de lever énormément, si elle a suffisamment d’eau et de chaleur. « Et s’il n’y a pas d’eau, le sorgho est patient, il sait attendre, contrairement au maïs ! » rassure l’éleveur angevin.

Le sorgho peut se cultiver sans chimie : « Le premier passage peut se faire à la herse étrille 3 ou 4 jours après le semis, puis on fait un binage au stade 3-4 feuilles, et on peut en refaire un éventuellement à 7-8 feuilles.

Quant à la fertilisation, Jérémy Bonte conseille d’appliquer un engrais minéral, d’opter pour un engrais starter pour aider le sorgho à démarrer le plus vite possible. Le fumier ou le lisier sera donc plutôt réservé au maïs. Mais le besoin global en azote reste assez faible : 60 à 80 unités suffisent. Une sur-fertilisation peut allonger la plante et la fragiliser, l’exposer à la verse.

Quelle variété choisir ?

Il existe deux grands types de sorgho fourrager monocoupe ensilage : ceux qui ont le gène BMR (meilleure valeur alimentaire) et ceux qui ne l’ont pas. Le BMR a la réputation d’être plus sensible à la verse.

Bruno Poupart choisit du Big-Kahuna, une variété à très haut potentiel de rendement qui verse beaucoup moins que le Sweet virginia. La culture du sorgho lui coûte près de 100 euros moins cher à l’hectare que le maïs. Les charges opérationnelles s’élèvent à 236 €/ha en sorgho contre 330 €/ha pour le maïs.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,3 €/kg net +0,07
Vaches, charolaises, R= France 7,11 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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