Les panneaux du séchoir produisent chaleur et électricité

Article réservé aux abonnés.

(©)

Énergie. Les panneaux thermovoltaïques de la société Base, montés sur le séchoir en grange du Gaec La Niro, produisent à la fois de la chaleur et de l’électricité. Une technique récente et innovante.

Autonomie : voilà ce qui guide Nicolas Blanchard, Olivier et Vincent Arnaud, les trois associés du Gaec La Niro, implanté sur la commune du Boupère en Vendée. L’exploitation s’est convertie au bio en 2016. Les éleveurs s’intéressaient depuis plusieurs années au séchage en grange afin de mieux valoriser leur récolte de foin composé de luzerne, trèfle violet et mélanges suisses. Leur réflexion a abouti, au printemps 2020, à la construction d’un séchoir équipé de panneaux thermovoltaïques, un système innovant qui combine une production de chaleur et d’électricité. « Notre objectif initial était de sécher nos différents fourrages pour préserver leur qualité avec la volonté, à terme, de produire du lait de foin, explique Nicolas Blanchard. Nous avons donc suivi des formations auprès du Ségrafo(1)et rencontré plusieurs éleveurs équipés de séchoir. Chez l’un d’entre eux, installé en production de lait de chèvre dans la Vienne, nous avons découvert les panneaux thermovoltaïques. Le principe nous a séduits d’autant que c’est une entreprise française qui l’a développé. »

Échangeur thermique

Ce nouveau concept est breveté et commercialisé par la société bordelaise Base. Vus de l’extérieur, les panneaux sont similaires à ceux des autres marques. Leur particularité se situe sur la face inférieure où le fabricant a placé des échangeurs métalliques pour récupérer la chaleur produite naturellement. Comme pour tout séchoir en grange, un caisson étanche en bois est installé sous la charpente pour faire circuler l’air entrant par les côtés du bâtiment. Au contact des échangeurs, cet air se réchauffe rapidement. Il est ensuite aspiré par un ventilateur placé en bas d’une tour qui monte jusqu’au caisson du toit. L’air est alors renvoyé dans une gaine qui diffuse la chaleur vers les cellules où les éleveurs stockent le foin. La pose de la charpente et la fixation des panneaux nécessitent un travail soigné. En effet, les panneaux sont placés directement sur les pannes sans tôle intermédiaire. Le couvreur doit donc assurer une excellente étanchéité à l’air et à l’eau entre chaque élément. Pour garantir un montage de qualité, l’entreprise Base fait appel à un réseau d’installateurs spécialisés. Les panneaux employés ont une puissance électrique de 300 Wc et une puissance thermique de 744 W. Le fabricant souligne également que le refroidissement des panneaux pendant les phases de séchage augmente leur rendement électrique de 9,8 %. Le bâtiment mesure 36 m de longueur par 15 m de largeur et les panneaux ont été posés sur la partie de la toiture exposée au sud-sud-est. Le séchoir a été volontairement accolé à la stabulation existante des laitières afin de pouvoir déposer le foin directement avec la griffe sur la table d’alimentation, sans utiliser la remorque distributrice.

210 tonnes de stockage réparties en trois cases

Tout un côté de cette stabulation était autrefois équipé de panneaux photovoltaïques qui ont été démontés et réinstallés sur un autre hangar, car le séchoir, qui mesure 12 m de haut, les aurait cachés du soleil. La capacité actuelle du bâtiment est de 210 tonnes de foin réparties en trois cellules identiques pouvant recevoir une hauteur de foin de 5,50 m chacune. Tout a été dimensionné pour créer éventuellement une future quatrième cellule. Le climat en Vendée étant généralement assez sec et ensoleillé en période de fenaison, le Gaec n’a pas équipé le séchoir d’une unité de déshumidification de l’air. Le sol bétonné de la tour où se situe le ventilateur a été isolé pour limiter les déperditions thermiques et gagner quelques degrés. Pour la manutention du fourrage en vrac, les associés ont choisi une fourche suspendue sur rails, de marque Stepa.

Une nouvelle manière de travailler

« Le séchage en grange est pour nous une nouvelle manière de travailler, souligne Nicolas Blanchard. Nous nous sommes fait la main lors de la première saison et nous continuons toujours à apprendre. Les temps de séchage sont assez variables d’une fois sur l’autre et dépendent beaucoup de la météo. Le plus compliqué est sans doute d’estimer la surface à faucher afin de rentrer le bon volume de foin. S’il y en a trop, cela sèche mal. Et si nous ne coupons pas assez d’herbe, nous perdons du rendement et n’optimisons pas l’installation. » Pendant les phases de séchage, le fonctionnement ne pose pas de grande difficulté. L’armoire électrique pilotant l’ensemble est placée dans un petit bâtiment juste à côté du séchoir. Un capteur de pluie fixé sur le toit stoppe la ventilation en cas d’averse. Les associés disposent d’une application sur leurs téléphones qui leur indique que l’installation fonctionne correctement, en affichant les températures et le taux d’hygrométrie.

Certains paramètres sont modifiables à distance mais la mise en route ou l’arrêt du séchage réclame d’être présent sur le site. Le constructeur leur a fourni un appareil pour mesurer l’humidité du fourrage et ajuster ainsi les temps de ventilation. À chaque récolte, les associés consignent dans un carnet les quantités engrangées en précisant le type de fourrage et la hauteur à laquelle il a été placé dans la cellule. Selon les parcelles et la date de fauche, le foin n’a jamais la même qualité ni la même valeur alimentaire. Cette traçabilité est donc indispensable pour bien le valoriser ensuite dans la ration. Cela reste toutefois assez empirique, car le Gaec ne réalise pas d’analyse pour chaque lot.

« Le séchoir répond à nos attentes en matière de performances, constate Nicolas Blanchard. Je regrette juste de ne pas avoir placé de toit solaire sur l’autre pan du bâtiment. Même si elle est exposée vers le nord, cette face reçoit quand même le soleil et cela nous aurait sans doute permis de réduire les temps de séchage et de gagner en rendement. La production d’électricité est également au rendez-vous. Nous avons un contrat pour revendre 36 kW et nous autoconsommons 9 kW sur l’exploitation. Savoir que le soleil réchauffe l’air et fournit aussi l’électricité pour le ventilateur est vraiment satisfaisant. »

Denis Lehé

(1) Ségrafo : association pour la promotion et le développement du séchage en grange.

© d.Lehé - Le séchoir a été construit le long de la stabulation des laitières. Le pan supportant les panneaux solaires est orienté vers le sud-sud-est.d.Lehé

© d.L. - Les rendements de ce séchoir équipé de panneaux thermovoltaïques correspondent tout à fait aux performances d’un bâtiment standard.d.L.

© d.L. - uLes associés mesurent l’humidité du foin grâce à ce capteur également développé par Base.d.L.

© d.L. - tUn capteur de pluie coupe automatiquement la ventilation en cas d’intempéries.d.L.

© d.L. - Le véhicule utilitaire de l’exploitation est un modèle électrique.d.L.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

Tapez un ou plusieurs mots-clés...