
Annick et Christophe Benoist, avec leur fils Clément, ont achevé en avril le processus de regroupement de leur troupeau avec un autre. Avec leur vétérinaire et le GDS de l’Orne, ils ont réalisé un bilan sanitaire du troupeau repris et du leur. L’introduction des animaux dans leur élevage s’est faite progressivement.
Le 1er janvier était un jour de grands changements pour Annick et Christophe Benoist, éleveurs à Cerisy-Belle-Étoile, dans l’Orne. Leur fils Clément s’est installé avec eux ce jour-là et ils ont repris officiellement ensemble une exploitation laitière à quelques kilomètres de là. Leur ferme, qui comptait 110 laitières en zéro pâturage et 120 ha, s’est agrandie de 60 vaches holsteins, montbéliardes et croisées et de 115 ha. « Pour limiter au maximum les problèmes liés au regroupement des deux troupeaux, nous avons décidé de faire un bilan sanitaire de chacun d’eux deux mois avant, retrace Christophe Benoist. Nous avons réuni les personnes que nous jugeons compétentes sur le sujet pour établir un protocole d’analyses :notre vétérinaire et le GDS de l’Orne. » Il n’est pas question pour le GFA La Haute Morlandière de revivre les dégâts causés par le précédent regroupement de troupeaux en 2016. « Il s’était fait dans l’urgence, sans préparation possible. »

Le couple a perdu 60 000 € causés par les frais vétérinaires et la mort de 35 vaches, dus à l’émergence de la bactérie Mycoplasma wenyonii. Les symptômes sont une chute de lait brutale et une hyperthermie. « En pleine crise laitière, c’était dur à vivre, se souvient Annick Benoist. Cette fois-ci, nous avons mis toutes les chances de notre côté. Le succès d’un regroupement repose, pour moitié, en amont, sur un travail préventif et, pour l’autre moitié, en aval, sur beaucoup de surveillance. »
Analyser au-delà de ce qui est obligatoire
Annick, Christophe et Clément veulent être plus royalistes que le roi. Le protocole d’analyses va donc au-delà de celles obligatoires de dépistage de l’IBR et de la BVD. « En plus ont été réalisées dans l’élevage vendeur des prises de sang pour analyse individuelle sur la néosporose, la paratuberculose et la besnoitiose. Pour cette dernière, la recherche est faite automatiquement par le GDS de l’Orne pour toute introduction d’animaux », détaille Édouard Anquetil, du GDS de l’Orne. Bilan : quelques vaches sont repérées positives à la paratuberculose, que le cédant a réformées. « Pour aller plus loin,un dépistage complémentaire est mené sur le site des trois associés. Une recherche par PCR de salmonelles, de la paratuberculose et de la fièvre Q est réalisée sur des prélèvements à la pédichiffonnette. » La présence des deux premières y est détectée. « Ces maladies sont à bas bruit dans notre élevage », confirme Christophe.

Vu l’enjeu sanitaire majeur, il estime minime le coût des analyses de 1 630 €, une fois déduite la prise en charge de 1 370 € par le GDS de l’Orne via l’installation de Clément. « Nous espérons que nos mesures préventives les contiendront car l’affaiblissement de l’immunité des laitières par le stress et le mélange des deux microbismes peut les activer. » La vaccination en fait partie. Le GFA La Haute Morlandière veut homogénéiser les deux troupeaux. Ainsi, avant de rejoindre leur nouvel élevage, toutes les vaches et les génisses amouillantes sont vaccinées contre la fièvre Q. « A minima, les primipares le seront de nouveau dans un an. » De même, les vaches taries achetées sont vaccinées contre les rotavirus et coronavirus avant leur vêlage.
Ration identique un mois avant le regroupement
Les comptages cellulaires font également partie des critères de sélection des trois associés. Ils se sont appuyés sur les relevés du contrôle laitier des six derniers mois pour écarter les vaches « à problèmes ». « En nous laissant libre accès à ses documents, le cédant a joué la transparence », saluent-ils. Ils n’ont pas, non plus, retenu quelques croisées. Au final, une vingtaine de vaches sont évincées. Parallèlement, à partir de décembre, alors qu’elles n’ont pas encore migré vers leur nouvelle stabulation, les 60 sélectionnées reçoivent la ration hivernale « vaches en lactation » ou « vaches taries » distribuée aux 110 vaches des Benoist. Bien sûr, les règles de transition alimentaire sont respectées. « Jusqu’à ce que l’ensemble des laitières rejoignent notre stabulation en avril, cela a nécessité des allers-retours entre les deux sites mais cela en vaut la peine pour préserver leur immunité, estime Annick. Nous avons appris de nos vingt années d’expérience que toute perturbation alimentaire entraîne une recrudescence de maladies présentes dans l’élevage. C’est particulièrement vrai avec la Mortellaro. » Distribuer la même ration vise un second objectif : monter le niveau de production du troupeau entre 9 000 l et 9 500 l par vache en zéro pâturage, contre 8 000 l à 8 500 l jusque-là avec huit à neuf mois de pâturage. « En zéro pâturage, il est pertinent d’organiser l’arrivée des animaux en hiver pour faciliter leur adaptation alimentaire, confirme Édouard Anquetil. À l’inverse, en système pâturant, c’est mieux qu’elle ait lieu à partir du printemps. Les animaux auront plus de place, ce qui limitera les problèmes de pattes, surtout s’ils passent d’une aire paillée aux logettes. »

Introduction progressive dans le troupeau
À partir du 1er janvier, l’introduction des 60 vaches est réalisée en deux étapes. Vingt « débuts de lactation » et dix en « prépa vêlage » ont d’abord intégré le site des trois associés. « Nous leur avons laissé le temps de s’accoutumer au bâtiment et à leurs congénères en les isolant durant vingt jours par deux barrières dans une partie de la stabulation », précise Clément. Il a trait les 30 autres sur leur site d’origine, le temps de poser 40 logettes en face des 121 déjà existantes, de l’autre côté de la table d’alimentation centrale auparavant occupée par les génisses. Elles ont rejoint Cerisy-Belle-Étoile en avril. C’est la deuxième étape. Les génisses de plus de 6 mois et les vaches taries du GFA font le chemin inverse pour libérer des places. « L’embauche d’un salarié fin mars nous a soulagés d’une partie du travail car gérer durant quelques mois la traite sur deux sites est fatigant. Il nous faudrait un deuxième salarié pour mieux absorber le surcroît de travail dû à l’agrandissement », confie Clément.
Résurgence de Mycoplasma wenyonii
Cinq mois après la fusion des deux troupeaux, c’est l’heure des premiers bilans. La grande satisfaction d’Annick, Christophe et Clément concerne les comptages cellulaires qui restent sous les 150 000 par millilitre. Idem pour la production par vache qui se maintient au niveau antérieur. En revanche, ils font face à une recrudescence de Mortellaro. « Heureusement, la situation semble se stabiliser depuis deux mois. La mise en place très prochaine de la diffusion d’une mousse sur les pattes à l’entrée de la salle de traite devrait aider à revenir à une situation plus habituelle. Elle sera appliquée une semaine sur deux. » Après coup, ils regrettent de ne pas avoir loué deux cages de contention et fait appel à un pareur pour lever les pattes des 60 vaches choisies et identifier celles éventuellement atteintes de Mortellaro.
Les trois associés du GFA sont beaucoup plus inquiets de la résurgence de Mycoplasma wenyonii, identifiée après la perte d’une vache en avril. « Elle avait les symptômes rencontrés en 2016 : chute du lait d’un seul coup, hyperthermie et mort 24 heures après. Nous avons réagi très vite en la faisant autopsier. » Ils s’attendent à de nouveaux cas. « À nous d’être très vigilants pour les détecter car la fenêtre de tir est de douze à vingt-quatre heures pour sauver l’animal. » Les associés s’appuient pour cela sur les indications des compteurs à lait de la salle de traite. Et se réjouissent des efforts d’analyses, de sélection des animaux et de transition faits en amont du regroupement. « Les problèmes, inéluctables lorsque l’on mélange le microbisme de deux troupeaux, seraient beaucoup plus importants. Une fusion exige un an de grande surveillance et de vigilance. »
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