
Bioteck lait propose une nouvelle méthode pour cibler les quartiers réclamant un traitement antibiotique au tarissement. Une innovation prometteuse, mais controversée.
RÉDUIRE L'USAGE DES ANTIBIOTIQUES, tous les éleveurs sont d'accord. Mais pas à n'importe quel prix. La santé des troupeaux constitue une priorité. Ainsi, l'utilisation d'antibiotiques au tarissement pour assainir la mamelle durant la période sèche est une pratique courante qui rassure. Cela représente la moitié des antibiotiques administrés aux vaches laitières. L'enjeu est donc important.
Les obturateurs de trayons offrent une première solution pour empêcher les contaminations. Le traitement ciblé en apporterait une autre, pour peu que les quartiers requérant une protection soient
clairement et incontestablement identifiés. Or, la mesure des taux cellulaires au moment du tarissement n'est pas suffisante pour confirmer l'existence d'une infection. Ce taux peut rester relativement faible alors que l'un des quartiers est infecté.
La société Bioteck lait (voir ci-contre) a proposé une innovation allant dans le sens d'une meilleure détection, lors du dernier Space. Dénommée Bioteck lait tarissement, elle consiste à rechercher une protéine dans le lait, la MAA (milk amyloid A), dont la concentration augmente en cas d'inflammation. Or, la présence de germes pathogènes déclenche ce type de réaction.
La recherche de la MAA semble mieux détecter les infections (voir encadré). Par ailleurs, les auteurs de cette étude soulignent la pertinence de l'analyse par quartiers. En effet, les mamelles dites saines selon la méthode des cellules et celle de la MAA ont, en moyenne, au moins une analyse bactériologique positive sur un quartier et des analyses négatives pour les trois autres.
Au final, 65 % des quartiers déclarés sains selon la mesure de la MAA n'ont pas été traités au tarissement. Ils se sont comportés comme ceux qui l'ont été pendant les trois premiers mois de lactation en matière de taux cellulaires ou de mammites cliniques. L'utilisation de cette méthode a permis de réduire l'usage des antibiotiques de 29 %.
Sur la base de ces résultats, un nouveau service sera proposé aux éleveurs adhérents des OCL membres de Bioteck lait. Il pourra s'étendre ensuite à d'autres régions. Il s'agira d'analyser le lait, quartier par quartier, environ sept jours avant le tarissement afin de proposer une stratégie de traitement aux éleveurs.
À terme, la méthode pourrait aussi être utilisée pour vérifier la guérison d'un quartier traité.
DES CONCLUSIONS QUI DIVISENT
La mesure de la MAA semble une avancée prometteuse. Mais les travaux de Bioteck lait et l'analyse de leurs résultats ne convainquent pas tout le monde. Et ce, pour plusieurs raisons qu'explique Raphaël Guatteo, vétérinaire à Oniris (Nantes).
Des travaux, publiés par ailleurs dans des revues scientifiques, ont ainsi montré que l'élévation de la teneur en MAA est variable selon la nature du germe impliqué. Elle est forte avec E. coli ou S. aureus, mais nettement moindre avec S. uberis. Ces trois germes sont parmi les plus répandus dans les cas de mammites. Or, l'étude de Bioteck lait ne précise pas la nature des germes incriminés dans leurs analyses. Il existe donc un doute quant à la validité de la méthode sur l'ensemble des germes impliqués dans les infections mammaires.
Il est connu que le traitement sélectif constitue une source potentielle de réduction de l'usage des antibiotiques. Or, il est peu répandu, y compris chez les éleveurs qui adhèrent au contrôle laitier et qui connaissent les taux cellulaires. Avant de proposer l'analyse quartier par quartier, sans doute serait-il plus efficace, et plus simple, de développer le traitement sélectif. Même si la mesure des taux cellulaires ne constitue pas un indicateur parfait, elle permet d'avancer dans ce sens : 75 à 80 % des vaches à plus de 200 000 cellules hébergent des bactéries. Même si elles ne provoquent pas de mammites cliniques, elles affectent la production de lait. Et surtout, ces vaches peuvent contaminer celles qui sont saines. Les traiter est donc bénéfique, sans qu'il soit nécessaire d'aller jusqu'à l'analyse par quartier.
Avec un test d'une sensibilité supérieure, n'y a-t-il pas un risque d'aller vers une augmentation de l'usage des antibiotiques ?
LA RÉPONSE DE BIOTECK
Lors de l'expérimentation, quinze analyses ont révélé la présence de S. uberis. Un seul n'a pas été détecté par la MAA contre six pour les cellules. La méthode est donc concluante, y compris pour ce germe.
Le lancement de Bioteck lait tarissement permettra peut-être d'enrichir les informations et d'approfondir leur analyse.
PASCALE LE CANN
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