
Pour fusionner deux troupeaux lors d'une reprise, Claudine Picaud et son associé se sont appuyés sur le GDS. Ils ont trié les animaux en amont et réduit les risques sanitaires.
SEULE SUR SON ÉLEVAGE DE 35 VACHES LAITIÈRES, Claudine Picaud, éleveuse à Buléon (Morbihan), a saisi une opportunité de reprise il y a trois ans. L'intérêt majeur était de permettre à son mari Thierry de la rejoindre sur l'exploitation.
Les éleveurs se sont montrés très prudents lors de l'intégration du deuxième troupeau dans le but de limiter les risques sanitaires. « L'élevage repris avait une trentaine de vaches et n'était pas au contrôle laitier. On ne connaissait donc pas très bien son niveau de performances et son état sanitaire », précise Claudine. Ils ont demandé l'aide du GDS pour mener à bien la fusion des troupeaux car il proposait un nouveau service de conseil avant regroupement. Cela tranquillisait les éleveurs de travailler avec eux.
« PENSER AUSSI À L'IMPACT SUR LA NURSERIE »
Car le troupeau de Claudine était connu sur le plan sanitaire. Et il était sain. Le GDS a commencé par réaliser un bilan sur la base de prélèvements de sang et de lait, afin de connaître les statuts des vaches et des génisses pour la BVD, la néosporose, la paratuberculose, la fièvre Q et la douve. Identifier le statut sanitaire des animaux avant leur entrée dans un nouvel élevage permet de les trier, voire de les réformer car la mise en quarantaine est difficilement réalisable. Une réunion a été organisée sur l'exploitation avec le vétérinaire de l'élevage et celui du GDS. Outre le bilan sanitaire, ils ont fait le point sur les pratiques de l'élevage, ses équipements et le logement. Cela permet de mieux identifier les risques, et donc les points à surveiller. « Ils m'ont alertée sur le logement des veaux, raconte Claudine Picaud. Je pensais surtout aux vaches, mais l'augmentation de l'effectif a aussi un impact sur la nurserie. »
La démarche du GDS est avant tout informative. Claudine a beaucoup appris sur l'expression des maladies, leurs symptômes, leurs conséquences. « C'est une remise à niveau qui permet de savoir quelle attitude adopter face aux différentes maladies qui peuvent survenir », précise l'éleveuse.
Aujourd'hui, elle est en veille permanente pour surveiller la santé des animaux. « Les analyses reflètent l'état de santé à un moment donné. Après, il faut savoir repérer les symptômes pour réagir rapidement ». Elle a demandé au propriétaire du troupeau repris d'adhérer au contrôle laitier avant la fusion. « Je voulais avoir des informations sur les niveaux cellulaires, la production et les taux ». Cela a permis d'effectuer un premier tri. Quelques vaches leucocytaires ont ainsi été réformées avant le regroupement. Car si Claudine avait besoin de toutes les laitières pour produire la référence, elle ne voulait pas risquer un dérapage sur la qualité du lait et les mammites. Elle a souhaité réaliser la fusion des cheptels lot par lot. Elle pensait que les risques seraient moindres sur le plan sanitaire. Mais elle s'est aperçue que cela générait davantage de stress pour les animaux. « Quand on rassemble des cheptels, il ne faut pas oublier les relations de dominance qui existent dans les deux groupes. Il faut du temps avant que chacun trouve sa place. Ce stress induit des comportements parfois agressifs et désagréables aussi pour l'éleveur. »
« LA PRODUCTION MOYENNE DES VACHES A BAISSÉ »
Regrouper l'ensemble des animaux au même moment permet de ne modifier la hiérarchie qu'une fois et limite le stress. La reprise d'une deuxième exploitation a permis d'augmenter le volume de référence laitière de 290 000 à 560 000 l de lait. Claudine avait anticipé en produisant au maximum en début de campagne, avant le regroupement. Mais du fait des réformes, l'effectif était insuffisant. Pour compenser, une dizaine de vaches ont été achetées à l'extérieur. Bien entendu, toutes les garanties ont été prises sur le plan sanitaire avant leur introduction. Les stocks fourragers étaient un peu justes l'année de la fusion. Le volume de référence n'a donc pas pu être réalisé. Il manquait 30 000 l. Le troupeau de Claudine Picaud produisait en moyenne 9 200 kg de lait/vache/an. L'année de la fusion, la moyenne est tombée à 7 900 kg. Les éleveurs n'ont pas voulu les pousser trop au début pour ne pas dégrader la fertilité. De plus, pendant les six mois suivant le regroupement, les vaches ont reçu un minéral chelaté pour éviter les montées de cellules et ne pas dégrader la fertilité. Cette stratégie a fonctionné puisque les performances de reproduction sont restées correctes avec 1,9 à 2 paillettes pour obtenir un veau. Le taux de réussite en première insémination s'établit en moyenne à 46 %, sachant qu'une partie des génisses est inséminée avec des doses sexées. Une deuxième phase de tri des animaux a été effectuée dans les deux années suivant le regroupement. Car les éleveurs ont transformé l'aire paillée en logettes, afin de pouvoir loger l'ensemble des animaux sans trop investir. Les deux troupeaux ont dû s'habituer à ce nouveau logement. Certaines vaches laitières, issues des deux élevages, se sont mal adaptées. Depuis, l'index membres est largement pris en compte lors de l'accouplement. Les autres motifs de réforme post-regroupement sont essentiellement liés au potentiel de production, au tempérament et à la conformation (mamelle). La fusion n'a pas eu d'impact important sur le système fourrager. L'exploitation de Claudine Picaud disposait de 12 ha accessibles, une surface qui n'a pas évolué. Les vaches laitières pâturent une partie de ces parcelles mais le maïs reste présent dans la ration toute l'année. Il est distribué en plat unique en hiver. Le parcellaire ne permet pas d'accroître la part d'herbe pâturée dans la ration.
« ÉVITER LE STRESS »
Aujourd'hui, le volume des livraisons est passé à 600 000 l. L'exploitation livre à Sodiaal et a pu produire plus que sa référence l'an dernier. La production moyenne s'élève à 8 860 kg. L'objectif est de revenir progressivement au niveau d'avant le regroupement, en jouant notamment sur la sélection. Les éleveurs sont assez satisfaits de l'agrandissement de leur troupeau. Le soutien du GDS leur a permis d'éviter les erreurs qui peuvent coûter très cher. Ils n'ont pas rencontré de problème sanitaire particulier. Mais ils restent vigilants et veulent éviter d'acheter des animaux à l'avenir. Ils élèvent donc toutes leurs génisses pour assurer le renouvellement. « On a pu constater que les animaux qui sont nés et élevés chez nous sont moins stressés, généralement plus calmes en salle de traite. C'est important pour notre confort, mais c'est aussi plus sécurisant sur le plan sanitaire. On sait que le stress peut déclencher certaines maladies, comme la paratuberculose. »
Les éleveurs sont en réflexion sur l'évolution de l'exploitation. En dehors de la transformation de l'aire paillée en logettes, ils n'ont pas investi pour accueillir le nouveau troupeau. L'exploitation reprise se trouve à 4 km et n'est pas utilisée pour loger les animaux. Les équipements sont assez sommaires, d'où une charge de travail importante. La salle de traite est équipée en 2 x 5 postes, sans décrochage automatique. Pour une personne, la traite prend deux heures matin et soir. Dans ces conditions, il n'est pas facile de se faire remplacer pour disposer de temps libre. Néanmoins, des améliorations sont prévues avec un objectif de modernisation des équipements de l'élevage, tout en préservant le revenu.
PASCALE LE CANN
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