
La délégation de l'élevage des génisses semble avoir le vent en poupe. En Ille-et-Vilaine, Eilyps et le GDS sont partenaires pour sécuriser l'opération sur le plan sanitaire.
QU'ILS CHERCHENT À ALLÉGER LA PRESSION ENVIRONNEMENTALE, à améliorer les performances techniques ou encore à réduire la charge de travail, des éleveurs laitiers s'intéressent de plus en plus à la délégation de l'élevage des génisses. Parallèlement, d'autres éleveurs, souvent à la tête d'exploitations de taille moyenne au potentiel de développement limité, envisagent l'abandon du lait pour se reconvertir dans l'élevage des génisses. Les besoins de ces éleveurs se rencontrent mais avec une limite dont la plupart sont conscients : les risques sanitaires engendrés par les mouvements d'animaux entre élevages.
Manager de projet à Eilyps, Martine Verger précise : « Nous souhaitons aider nos adhérents qui désirent développer ces pratiques dans un cadre sécurisé. » L'OCL propose une démarche de mise en relation élaborée dans le but de satisfaire au mieux les deux parties (voir encadré ci-dessous).
Le GDS Bretagne intervient comme prestataire de service sur le plan sanitaire. « Notre mission consiste à protéger les élevages naisseurs, ou ceux qui vont élever les génisses, contre les maladies transmissibles », explique François Guillaume, vétérinaire conseil. Il s'agit donc de limiter les risques de transmission de la BVD, la paratuberculose, la fièvre Q, la néosporose, sans oublier les maladies réglementées.
ÉVITER LES CONTACTS ENTRE JEUNES ET ADULTES
En pratique, il est prévu de réaliser une visite annuelle chez les éleveurs intéressés par la démarche afin d'évaluer les risques relatifs à ces quatre maladies et de mettre en place les mesures permettant de les réduire. Le premier objectif du GDS est de s'assurer que toutes les génisses pleines présentent les mêmes garanties que pour n'importe quel achat : indemne de tuberculose, non IPI...
Les statuts des élevages vis-à-vis de la paratuberculose doivent être comparables. De plus, les génisses pleines doivent avoir un statut sanitaire de même niveau que celui de la zone géographique où se trouve l'élevage qui les reprend.
Des prérequis sont à respecter par l'ensemble des élevages. Ils doivent, entre autres, être indemnes d'IBR, brucellose, tuberculose, leucose et varron. Pour réduire les risques de contamination des jeunes par les adultes chez les éleveurs de génisses, les contacts entre ces animaux et les autres présents sur l'élevage doivent être évités. En effet, pour la paratuberculose, par exemple, la contamination s'effectue par ingestion du germe, dont la présence est forte dans les bouses des animaux infectés. Le risque sera d'autant plus faible que les jeunes animaux se trouvent à l'écart des adultes. Il faut éviter tout contact direct et notamment le léchage.
Une distance minimale est à respecter entre les lots. La circulation des animaux d'âges différents, mais également de leurs déjections, ne doit pas se croiser. Les génisses de première année devront pâturer des parcelles dédiées, c'est-à-dire qui n'ont pas pu être contaminées par des bovins plus âgés. Les locaux subissent un nettoyage et une désinfection avant d'accueillir un nouveau lot. Les génisses rentrant sur leur élevage d'origine seront mises en quarantaine.
Par ailleurs, des protocoles précis ont été mis en place pour chacune des quatre maladies transmissibles. En ce qui concerne la BVD, toutes les petites génisses doivent être garanties non IPI avant de quitter l'élevage naisseur. Cette confirmation s'obtient via un test PCR réalisé sur un prélèvement de cartilage de l'oreille.
VACCINER CONTRE LA BVD AVANT D'INSÉMINER
Ensuite, les génisses doivent être vaccinées contre la BVD avant la mise à la reproduction.
En effet, en cas de contact avec le virus en cours de gestation, une femelle non vaccinée peut donner naissance à un veau IPI qui pourra contaminer l'élevage naisseur. Cette vaccination s'effectue à raison de deux injections à trois semaines d'intervalle, la deuxième devant être réalisée au minimum trois semaines avant l'insémination. Le vaccin préconisé ne doit pas compromettre le statut BVD par sérologie de lait de tank. En effet, ces sérologies sont réalisées en routine dans les élevages bretons. Enfin, tous les veaux seront testés à la naissance afin de vérifier qu'ils ne sont pas IPI.
Concernant la néosporose, les veaux doivent subir une sérologie avant de quitter l'élevage naisseur. Idéalement, ce test est réalisé avant la prise de colostrum. Seuls les veaux négatifs pourront rejoindre un élevage de génisses. Celui-ci a l'obligation de déclarer tous les avortements et d'effectuer les tests permettant d'identifier les causes (PCR multi-agent et sérologie néosporose). La néosporose, comme la fièvre Q, peut en faire partie. En cas d'avortements répétés, l'élevage devra suivre le protocole national prévu pour ces situations. Il sera inclus dans un plan de maîtrise et les génisses positives seront réformées.
La situation est plus compliquée pour la paratuberculose car il n'existe pas de moyen de garantir qu'un animal est réellement indemne. La stratégie vise donc à réduire les risques, ce qui passe par un ensemble de pratiques.
Tout d'abord, une sérologie annuelle du lait de tank et des PCR réalisés dans l'environnement doivent être négatifs. Le troupeau est alors considéré comme ayant un statut favorable vis-à-vis de la paratuberculose. Toutes les petites génisses sont a priori indemnes.
En cas de résultat positif, un sondage sérologique est réalisé chez les femelles de plus de 24 mois. Celles qui se révèlent positives devront être réformées. Leurs descendants seront eux aussi être éliminés. « Le respect des prérequis en matière de séparation des jeunes et des adultes est crucial pour réduire les risques de contamination par la paratuberculose », insiste François Guillaume.
Enfin, pour protéger les élevages contre la fièvre Q, les éleveurs de génisses doivent vacciner les femelles avant l'insémination. Ils ont également l'obligation de déclarer les avortements et d'entrer dans le protocole national lorsque ceux-ci se répètent. « Ces protocoles peuvent sembler complexes et ils ne permettent pas de faire disparaître complètement le risque », analyse François Guillaume. D'où l'intérêt de la visite annuelle qui permet de faire le point de la situation propre de chaque élevage afin d'améliorer éventuellement les pratiques en fonction des risques réels. Une démarche qui partage les efforts dans un intérêt commun, et qui rassure les deux parties.
PASCALE LE CANN
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