DRENCHER SÉCURISE L'APPORT DE COLOSTRUM

La teneur en anticorps du colostrum des vaches hautes productrices est de plus en plus diluée et les quantités recommandées sont revues à la hausse. Dès lors, le drenchage est le plus sûr moyen d'assurer un apport minimal de deux litres.

A LA NAISSANCE, LES DÉFENSES IMMUNITAIRES DU VEAU sont nulles ! Il peut alors être contaminé par des agents pathogènes venant de sa mère, de ses congénères, de l'environnement, du matériel de vêlage ou des intervenants extérieurs. Mais dans les premières heures qui suivent le vêlage, son intestin est perméable aux anticorps issus du colostrum maternel. En passant dans le sang, ces protéines vont constituer la source la plus importante de son immunité pendant ses deux premiers mois de vie. C'est pourquoi il est couramment recommandé de lui faire boire 1,5 litre de colostrum dans les deux heures qui suivent la mise-bas et 4 litres au total dans les douze premières heures. Passé ce délai, la quantité d'anticorps qui passe dans le sang est divisée par deux. Seize heures après le vêlage, la prise de colostrum devient inefficace. On estime à 50 % le taux de mortalité des veaux n'ayant pas reçu cet apport de colostrum. Mais aujourd'hui, ces recommandations sont revues à la hausse : « La teneur en anticorps du colostrum issu de vaches hautes productrices est de plus en plus diluée et la distribution de 1,5 litre ne suffit plus, souligne Manuel Robcis, vétérinaire à Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine) et membre du GTV de Bretagne. Il est donc recommandé de passer à 2 litres immédiatement après la mise-bas et 2 litres dans les six heures qui suivent. Dans tous les cas, il faut garder à l'esprit qu'un vêlage n'est terminé que lorsque le veau a bu son colostrum, quelle que soit l'heure. » Les races mixtes et, plus encore, allaitantes ont un colostrum suffisamment concentré pour maintenir les anciennes recommandations, mais avec les laitières, qu'elles soient holsteins, normandes ou montbéliardes, le praticien recommande de sécuriser l'apport d'anticorps avec un minimum de 2 litres.

MÈRE OU BIBERON, LE TRANSFERT D'ANTICORPS EST INSUFFISANT

« Plus le colostrum est distribué rapidement, plus il est facile de faire boire la quantité requise en s'appuyant sur le réflexe de succion du nouveau-né. Deux heures après, ce sera plus compliqué », prévient le praticien. Concernant le mode de distribution, différentes options peuvent être mises en oeuvre.

- Laisser le veau téter sa mère : cette solution pratique n'offre pas toutes les garanties sanitaires et ne permet ni de contrôler l'heure d'absorption ni la quantité. « Spontanément, le veau ne boira pas assez et le transfert d'anticorps sera insuffisant. En outre, plus on laisse le veau dans le box de vêlage avec sa mère, où la pression microbienne est élevée, plus on court le risque de contamination de son tube digestif. »

- Faire boire au biberon : « Le colostrum se donne à la tétine, pas au seau !, rappelle le praticien. Mais même au biberon, il sera difficile de faire boire les 2 l nécessaires dès la naissance. »

- Drencher : « Le drenchage se fait avec une sonde spécifique, c'est le plus sûr moyen d'apporter 2 litres en une seule prise. »

Deux options existent : soit drencher 4 litres avec la sonde en une seule buvée et laisser le veau à la diète pendant douze à vingt-quatre heures au plus (sauter un repas) ; soit drencher 2 litres immédiatement et 2 litres à six heures d'intervalle. La première solution offre un avantage pratique, notamment lorsque le veau naît en fin d'après-midi. Faire boire 4 litres est alors une sécurité qui évite de se relever dans la nuit pour administrer la seconde buvée. « Le colostrum n'est pas un lait classique, et donc cette quantité importante ne présente pas de risques de diarrhées, assure le praticien. Après douze heures de diète, on pourra repartir sur un programme d'allaitement classique », déclare-t-il.

PRÉVOIR UNE RÉSERVE CONGELÉE

Pour assurer une prise rapide du colostrum, l'idéal serait de traire la vache immédiatement dans le box de vêlage à l'aide d'un pot trayeur mobile. L'autre option vise à mettre en place une banque de colostrum congelé prêt à être distribué aux veaux issus de génisses ou de vaches à problèmes (fièvre de lait, perte de lait pendant les jours qui précèdent la mise-bas...). On congèlera toujours du colostrum de la première traite, issu de vaches en deuxième et troisième lactations.

À proscrire, le colostrum issu de vaches achetées à l'extérieur, dont l'immunité acquise ne reflète pas le microbisme de l'exploitation. Idéalement, l'utilisation du pèse-colostrum permettra de s'assurer de sa qualité avant la congélation, surtout lorsque les problèmes de diarrhées sont récurrents. Pour être précise, cette mesure de la concentration en immunoglobuline doit se faire rapidement à une température de 20°C. Le cas échéant, il est possible de faire une analyse plus fiable avec un réfractomètre auprès de son cabinet vétérinaire. La récolte du colostrum doit se faire proprement et sa durée de conservation est de six mois maximum (inscrire la date de récolte sur la bouteille permettra d'éviter les doutes). Il existe sur le marché des sacs de congélation spéciaux d'une contenance de 2 ou 4 litres.

LA QUALITÉ SE PRÉPARE AU TARISSEMENT

Un colostrum de qualité et un veau vigoureux, cela se prépare aussi dès la fin de la gestation de la mère. Les GTV bretons rappellent quelques points clés à respecter.

- Ne pas suralimenter les taries (viser une note d'état corporelle de 3,5), et veiller aux apports en oligoéléments.

- Améliorer la richesse en anticorps du colostrum. La vermifugation et le respect des recommandations alimentaires des taries dans les trois semaines qui précèdent la mise-bas permettent une synthèse optimale d'anticorps naturels. Pour rappel, la ration de préparation au vêlage doit contenir tous les ingrédients de la ration des laitières. Un repère permet de caler la ration lors de ces trois semaines : 9 mois de gestation, 9 UFL, 900 g de PDI.

- La vaccination de la mère est un moyen d'orienter la production d'anticorps ciblés contre les bactéries (colibacilles) et/ou les virus (rotavirus, coronavirus), responsables de maladies digestives néonatales. « L'intérêt est économique, car le coût de traitement du veau est trois à quatre fois plus élevé que celui d'un vaccin. »

- Veiller à l'hygiène du logement des animaux taris, surtout au cours des trois semaines qui précèdent la mise-bas. Car une mamelle infectée ne peut pas produire un colostrum de qualité.

« Enfin, le box de vêlage doit être propre et, dans tous les cas, un taux de mortalité supérieur à 10 % est un critère d'alerte qui doit amener à mettre en place, avec son vétérinaire, un protocole de soins pour gérer les pathologies néonatales. »

JÉRÔME PEZON

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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