
Bien connue en élevage hors sol, la biosécurité concerne aussi les élevages de bovins. L'enjeu est de contrôler la circulation des germes pour protéger les animaux.
LA BIOSÉCURITÉ SE DÉFINIT COMME L'ENSEMBLE DES MESURES destinées à protéger les animaux des contaminations par des agents pathogènes. Ces mesures, mises en oeuvre dans les exploitations, visent aussi à maîtriser la diffusion des agents de l'élevage vers l'extérieur.
Spécialiste de cette question au groupement de défense sanitaire (GDS) de Bretagne, Félix Mahé précise qu'il s'agit d'un enjeu de prévention essentiel. En effet, l'agrandissement des troupeaux amplifie les conséquences sanitaires, mais aussi économiques, de toute contamination. Il peut s'accompagner également d'une rationalisation des bâtiments, avec séparation des classes d'âge. En outre, la prévention prend de l'importance dans un contexte de réduction de l'usage des antibiotiques.
La biosécurité est entrée dans le quotidien des élevages hors sol depuis plusieurs années. Dans un environnement fermé, contenant de fortes densités d'animaux, la maîtrise de la circulation des germes est rapidement apparue indispensable. Son arrivée est plus récente en élevage laitier. En Bretagne, les GDS y travaillent, notamment en conseillant et en formant les éleveurs. L'Institut de l'élevage se penche également sur la question car la biosécurité est un terme apparaissant dans les textes réglementaires.
En pratique, la biosécurité consiste à identifier les modes d'entrée et de sortie des germes dans l'élevage afin de prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger les animaux. Il s'agit pour l'essentiel de mesures de bon sens ne nécessitant pas ou peu d'investissements. Elles concernent les bâtiments et le parcellaire. On peut distinguer les risques liés à tout ce qui entre dans l'exploitation, ceux qui relèvent de l'environnement et enfin les risques qui sont internes à l'exploitation.
1) LES RISQUES EXTERNES
Tous les éleveurs connaissent les risques sanitaires induits par l'achat d'animaux, mais tous ne prennent pas de précautions ! Les règles sanitaires de mouvements d'animaux rappellent aux acheteurs de demander des garanties à l'élevage vendeur et au transporteur (exemple de l'IBR). Les GDS proposent aussi des recommandations, variables selon les régions, afin de limiter les risques. En Bretagne, ils conseillent dans certains cas de réaliser des analyses complémentaires à l'entrée pour vérifier le statut de l'animal vis-à-vis de certaines maladies, telles la BVD, la paratuberculose ou la néosporose. Il faut maintenir l'animal en quarantaine en attendant les résultats.
Le contact entre troupeaux voisins au pâturage présente également des risques. Pour le contenir, les GDS développent une prophylaxie de zone. « Quand un cheptel est infecté par l'IBR ou la BVD, nous prenons des mesures pour limiter le risque de contagion. Il faut gérer le pâturage pour éviter les contacts ou parfois effectuer des vaccinations préventives », explique Félix Mahé.
L'alimentation représente une autre source potentielle de contamination, selon différentes voies. L'épandage d'effluents sur les pâtures peut conduire à une présence de salmonelles. Des études ont montré que si l'on attend trois semaines entre l'épandage et le pâturage, la majorité des germes pathogènes ne sont plus présents. La pluie réduit aussi le risque par le lessivage de l'herbe. L'idéal reste quand même de choisir la fauche au pâturage après épandage. En cas d'épandage de lisier, mieux vaut utiliser un produit qui a été stocké et, si possible, l'injecter. Mais il faut éviter l'épandage de lisier frais sur des prairies exploitées en pâturage tournant ou continu.
L'EAU SOUS SURVEILLANCE
Pour le fumier, la maîtrise de la décontamination nécessite un mois de stockage. La plateforme ne doit pas se trouver à proximité des prairies pour éviter les contaminations. Et il faut couvrir le tas avec une bâche, toujours pour limiter la circulation des germes.
Des contaminations peuvent se produire aussi via l'ensilage. Si un animal (lapin, renard...) a la malchance de passer dans l'ensileuse, son cadavre risque de rester dans le fourrage. On aura alors un risque de botulisme. « Si l'on observe ce type d'incident, il faut renoncer à garder la remorque concernée. » L'ensilage mal conservé présente d'autres risques sanitaires (moisissures).
L'eau est également un vecteur de contamination. Ceux qui disposent d'un captage doivent le protéger pour s'assurer de la qualité bactériologique au départ. Il est recommandé de réaliser une analyse par an au niveau du captage. Il peut être intéressant, selon le cas, d'installer un système de désinfection (type pompe à chlore) à l'entrée dans le réseau et contrôler la qualité de la désinfection en bout de ligne. Les bacs et abreuvoirs sont à nettoyer régulièrement. La facilité de cet entretien doit devenir un critère de choix à l'achat. La teneur en chlore doit atteindre 0,3 mg/l en bout de ligne.
Les visiteurs peuvent aussi véhiculer des germes dont il faut protéger l'élevage. L'idéal est de prévoir un endroit pour les accueillir à l'entrée de l'élevage. Ceux qui pénètrent dans les bâtiments doivent pouvoir facilement laver et désinfecter leurs bottes à l'arrivée et au départ. Il existe des lave-bottes peu coûteux (environ 100 €). Les pédiluves peuvent être intéressants aussi, pour peu qu'ils soient entretenus. Car ils peuvent se transformer en bouillon de culture. Il est aussi possible d'utiliser un pédiluve sec avec de la chaux éteinte. Enfin, le camion d'équarrissage peut être vecteur d'agents pathogènes. On aura tout intérêt à entreposer les cadavres à l'écart des bâtiments d'élevage pour ne pas faire rentrer ce camion sur le site.
2) LES RISQUES INTERNES
L'alimentation stockée sur l'exploitation est à protéger en premier lieu. Les fientes d'oiseaux, voire leurs cadavres, ne doivent pas pouvoir s'y retrouver. Attention donc à stocker les aliments dans des espaces fermés, y compris pour les dac. Les cellules à grains situées à l'intérieur doivent être protégées par des bâches.
Les bâtiments d'élevage doivent être vidés et désinfectés régulièrement, y compris les tables d'alimentation et la salle de traite. Pour les sols en terre battue, on utilise de la chaux vive (500 g/m2) par exemple, et des désinfectants du commerce pour les surfaces lavables. Les personnes et le matériel d'élevage peuvent transporter des germes responsables de maladies d'élevage. « Des cas graves de salmonellose et de botulisme ont été provoqués par du matériel ayant d'abord servi à l'épandage des effluents puis à l'alimentation du troupeau. » Dans l'idéal, mieux vaut spécialiser le matériel. Sinon, il faut au moins laver et désinfecter le tracteur avant de passer des effluents à l'alimentation. Ceci suppose de prévoir une plateforme de nettoyage à proximité de la fosse. Attention aux circuits des tracteurs, leurs roues ne doivent pas passer de l'aire d'exercice à la table d'alimentation. Les distributrices ou autres désileuses sont aussi à nettoyer régulièrement, car des développements de moisissures et de bactéries se produisent là où des résidus d'aliments s'accumulent. Les animaux nouvellement arrivés et les malades doivent être logés dans des espaces spécifiques. Ces locaux sont à l'écart du logement des vaches en production et sont nettoyés et désinfectés après chaque utilisation. Avoir aussi un local de vêlage est indispensable. La nursery doit faire l'objet de précautions particulières. Les jeunes animaux sont fragiles et ne doivent pas être exposés aux germes de leurs aînés. Les nurseries indépendantes sont nettement préférables aux box aménagés près des vaches. Un pédiluve s'impose à l'entrée. Il vaut mieux soigner les veaux avant les adultes pour ne pas diffuser des germes par les mains et les vêtements. L'idéal est d'avoir une tenue spécifique pour cet atelier, surtout si l'exploitation a plusieurs productions. « Nous avons rédigé des fiches techniques précisant les pratiques d'hygiène, poursuit Félix Mahé. Si certaines sont facilement adoptées, d'autres nécessitent encore une prise de conscience. »
PASCALE LE CANN
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole