« DÉSINFECTER LES MANCHONS ENTRE CHAQUE VACHE »

L'INVESTISSEMENT DANS LE DISPOSITIF AIRWASH nous a permis de solutionner un grave problème de staphylocoques et de réaliser l'importance des contaminations d'une vache à l'autre pendant la traite », explique Michel Mahé. Il faut dire que la qualité sanitaire du lait fait l'objet d'un suivi rigoureux de la laiterie sur cette zone d'appellation AOP brie de Meaux. Outre le seuil des 300 000 cellules, les analyses hebdomadaires portent sur la présence d'E. Coli, de staphylocoques, de salmonelles et conditionnent le versement d'une prime de 20 €/1 000 litres. Or, la taille du troupeau est passée de 150 à 250 vaches en trois ans, ce qui a entraîné une forte augmentation de la densité animale dans les bâtiments et surtout un recul des réformes pour répondre au besoin de croissance du cheptel. L'exploitation dépassait régulièrement le seuil de 50 000 staphylocoques admis. Une panoplie de mesures sanitaires préventives étaient pourtant mises en oeuvre pour maintenir la propreté des mamelles et lutter contre ces contaminations croisées pendant la traite : logettes avec tapis curées deux fois par jour et sur lesquelles est appliquée une poudre asséchante, caillebotis avec racleur automatique, tonte des queues des vaches, traite avec des gants en plastique, prétrempage avec un produit moussant, lavettes individuelles passées à la machine à 90°C entre chaque traite.

« UN GAIN DE TEMPS PENDANT LA TRAITE »

C'est donc en mars 2012 que la société Dairy Spares(1) installe le dispositif néo-zélandais de désinfection automatique des manchons trayeurs sur le roto de traite de 28 postes de l'exploitation. Son principe repose sur une pompe à air comprimée qui aspire l'eau d'une cuve en Inox et 1 % de produit (acide péracétique), puis envoie cette solution sous pression jusqu'au boîtier de commande (un par poste). Ensuite, les injecteurs positionnés sur le tuyau à lait du faisceau trayeur incorporent la solution dans chaque manchon, puis la propulsion d'air comprimé assèche l'intérieur du manchon. Un cycle de lavage dure entre 20 et 25 secondes et consomme 400 ml d'eau par vache. L'ensemble représente un coût de 22 000 € (compter entre 700 et 1 000 € par poste) et les injecteurs doivent être changés une fois par an. « Les cycles de lavage n'ont pas d'impact sur le temps de traite (2 heures à deux trayeurs), contrairement aux équipements de désinfection manuels tels que les pistolets à pinceaux que nous avions expérimentés et qui demandaient la présence de trois personnes à la traite. C'est même, au final, un gain de temps car il y a beaucoup moins de mammites à traiter. AirWash n'a pas eu d'effet immédiat. C'est en instaurant le post-trempage systématique en complément que les taux cellulaires ont diminué de façon significative dans les trois ou quatre mois qui ont suivi. »

Pour Francis Sérieys, consultant de Filière Blanche, bureau d'étude en santé et qualité du lait, ce constat n'a rien de surprenant, sachant qu'AirWash ne traite pas les vaches infectées mais empêche les nouvelles contaminations. « Il faut donc du temps pour éliminer les infections déjà installées via les traitements ou/et la réforme, avant d'observer une amélioration. En outre, face à un problème de germes présents sur la peau des trayons comme les staphylocoques, le post-trempage est une pratique fondamentale. »

« UN RÔLE DE PRÉVENTION CONTRE LES CONTAMINATIONS »

« L'efficacité de la désinfection des manchons a été démontrée depuis les années 1970, contre les germes qui se disséminent pendant la traite, en particulier les staphylocoques, souligne le consultant. Initialement, la désinfection se faisait avec de la vapeur d'eau mais le système était coûteux, puis dans les années 1980, avec un liquide désinfectant. Dans ce cas, l'utilisation d'acide péracétique présente l'intérêt d'avoir une action rapide, sans risque de résidus dans le lait et le séchage des manchons en fin de cycle offre une garantie supplémentaire. » Le taux cellulaire du troupeau pour l'exercice écoulé s'élève ainsi à 280 000 cellules par millilitre et 20 000 staphylocoques. Mais bien que la traite soit sécurisée, la vigilance reste de mise, car la pression des streptocoques Ubéris, peu présents auparavant, s'est substituée aux problèmes de staphylocoques. Autrement dit, un germe d'environnement a pris la place d'un germe dont le réservoir est la peau des trayons. « En effet, quand un quartier est libéré d'une infection, il va pouvoir être infecté par d'autres germes. Dans le cas des streptocoques, difficiles à maîtriser, cela passe par l'hygiène du logement. Mais même avec des mammites d'environnement ou à colibacilles, le risque de contamination pendant la traite, par passage du lait, dans les faisceaux trayeurs n'est pas exclu, même s'il est beaucoup plus faible qu'avec les staphylocoques. Pour rappel, il est d'ailleurs préconisé de désinfecter la griffe après la traite d'une vache en mammite clinique ou d'utiliser une griffe dédiée. Aussi, dans tous les cas, la désinfection des manchons a un rôle préventif. »

Concernant l'amélioration de l'hygiène du logement, Michel Mahé l'attribue à la forte augmentation de la densité animale et à la saturation du bâtiment. Il concentre donc ses efforts sur l'ambiance de la stabulation : « J'essaie d'ouvrir au maximum le bâtiment pour faciliter l'évacuation de l'ammoniac et de l'humidité. J'ai déjà supprimé les bardages en bois et envisage désormais de recouvrir les caillebotis, car la flambée de mammites correspond aux premières chaleurs du printemps avec un lisier produisant une mousse de surface qui va jusqu'à déborder dans les aires d'exercice », explique-t-il.

(1) AirWash est distribué en France par la société Dairy Spares www.dairyspares.fr