Les éleveurs français de porcs ont appelé mardi à un « sursaut » et un « plan pluriannuel d'investissement » pour enrayer le déclin de la production nationale et arrêter de perdre des parts de marché à l'export.
« Sans sursaut pour installer des éleveurs, accueillir des salariés et moderniser nos élevages, la France risque de rester durablement dépendante des importations de porc », a mis en garde François Valy, éleveur dans le Morbihan et président de la Fédération nationale porcine (FNP), association spécialisée du syndicat majoritaire FNSEA.
« Nous ne sommes pas prêts à nous résigner au déclin (...) Nous ne sommes pas prêts à laisser disparaître des sites d'élevage car là où un site disparaît il est très difficile d'en réimplanter », a-t-il ajouté lors d'un « grand-rendez de l'élevage de porc français » organisé par la FNP.
« Engageons sans tarder un ambitieux plan pluriannuel d'investissement » impliquant les banques et les pouvoirs publics, a-t-il lancé. François Valy a évoqué un « besoin colossal de plusieurs milliards d'euros » pour moderniser et agrandir les élevages, notamment afin d'améliorer le sort des truies allaitantes, encore massivement maintenues en cage.
« C'est maintenant qu'il faut faire pression sur nos gouvernements pour obtenir des appuis financiers pour moderniser nos élevages », a souligné de son côté le président du groupe porcs du syndicat européen Copa-Cogeca, Antonio Tavares.
A l'heure actuelle, la France est le troisième producteur européen derrière l'Espagne et l'Allemagne. Elle exporte (des abats, pieds, oreilles, non consommés sur place) à peu près autant qu'elle importe (des jambons pour alimenter le marché national). Mais la profession pense que cet équilibre est menacé : la France a produit 5,7 % de porcs en moins au premier semestre 2023.
Dans l'ensemble de l'UE à 27, le recul de la production est encore plus marqué (- 8,5 %, soit 12 millions de porcs en moins), a rapporté Elisa Husson, ingénieure d'études économiques à l'Institut français du porc. Selon elle, cette baisse « n'est certainement pas terminée » alors même que les « indicateurs sont plutôt verts », avec une demande mondiale soutenue dont tirent profit les Etats-Unis et le Brésil.
En trois ans, la France a perdu un millier de sites de production de porcs notamment du fait de départs à la retraite et du manque de prétendants à la reprise. Si la tendance se poursuit, ils seront encore 2 000 de moins en 2030, selon la FNP.
Les refus de dossiers de financement se multiplient dans les concessions agricoles
Un grand concessionnaire agricole met aux enchères son stock d’occasion
Viande bovine : + 8 % en rayon, contre + 34 % payés aux producteurs
Le drenchage, la solution pour réactiver le rumen
Taxe carbone : l'UE fait finalement une exception pour les engrais
Les systèmes robot de traite redeviennent plus compétitifs que les salles de traite
« Certes tout n’est pas tout beau tout rose, mais il faut positiver ! »
« Bloquer les abattages, c’est risquer la dermatose bovine dans toute la France »
Économie, travail, environnement : « S’installer en lait 100 % herbe, mon triplé gagnant »
L’huile de palme est à manier avec précaution