Quatre éleveurs reviennent sur leur moisson de triticale. Réputée pour sa rusticité, la culture peut être une alternative au blé lorsque le potentiel de rendement est faible. Son atout ? La production de paille. Sa grande tige peu cassante permet d’augmenter le rendement en co-produit.
Pour la première fois, Cédric Boivineau (alias la Ferme de Cédric et Flavie sur les réseaux) récolte du triticale. Et la culture lui apporte satisfaction. « On va être sur un rendement à 70 quintaux. C’est un poil mieux que ce que mes voisins ont fait en blé dans des sols similaires », apprécie l’éleveur vendéen. Née du croisement entre le seigle et le blé, la céréale est plus productive que le seigle, et moins exigeante que le blé. Bref, « une espèce rustique », résume l’agriculteur.
Question rendement, tous ne sont pas aussi chanceux que Cédric. « Quand je fais 65 quintaux en blé, je fais rarement plus de 60 en triticale », estime François Braud, agriculteur dans le Maine-et-Loire. De même chez Pierrick Gauvrit en Vendée : « il y a généralement 10 ou 15 quintaux d’écart entre les deux cultures ».
Mais le triticale est souvent cultivé dans les sols les plus pauvres. Tous en conviennent, ils l’implantent dans des parcelles hydromorphes, avec un potentiel de rendement restreint. « Lorsqu’on a du mal à atteindre un rendement intéressant en blé, on commence à se pencher sur les céréales rustiques », lance François Braud.
Une culture économe en intrants
Car la culture est peu demandeuse. Si François apporte entre 120 et 150 unités d’azote sur ses blés, le triticale se contente de 90 unités. Chez Pierrick, il reçoit 30 unités d’azote de moins que le blé. D’autant que la culture ne demande qu’un seul traitement fongicide (contre deux pour la plus connue des céréales).
D’après la Chambre d’agriculture des Landes, compter 2,6 kg d’azote par quintal produit. Mieux vaut fractionner les apports d’azote en deux fois, avec un premier passage en fin de tallage (40 unités), et un second passage au stade deux nœuds. La quantité apportée dépendra des besoins totaux de la plante. La culture est peu exigeante en phosphore et potasse. Avec des sols correctement pourvus, une impasse peut être réalisée.
Le désherbage dépend du précédent de la culture. Après plusieurs années de monoculture de maïs, la flore hivernale sera peu développée. Le désherbage n’est alors pas systématique.
Le triticale présente peu de ravageurs. À l’exception des limaces, dont a été victime Cédric pour sa première année de culture. Elles sont à surveiller jusqu’au stade trois feuilles. Pour la suite de l’itinéraire cultural, le puceron est le principal élément à vérifier. Il est notamment vecteur de jaunisse nanisante.
Le triticale connaît globalement les mêmes maladies fongiques que le blé, bien que peu touché par le piétin verse. Il est assez sensible à la rouille jaune et à l’oïdium.
Dans les Landes, chez Thierry Busquet, pas question de cultiver une autre céréale. « Je ne saurais même pas dire quel serait mon potentiel de rendement en blé ». Et vu les terres séchantes, inutile de préciser qu'il serait faible. « J’ai fait 50 quintaux cette année en triticale, mais c’est très rare. D’habitude, on tourne autour des 30 quintaux ». Chez lui, le triticale est surtout une manière de bénéficier des trois espèces nécessaires à l’allocation des aides Pac, mais aussi d’avoir de la paille pour ses Limousines.
Miser sur le rendement en paille
Car c’est surtout le rendement en paille qui a su séduire les éleveurs. « Un tiers de plus qu’avec du blé », estime Pierrick. « Grâce à la culture, je suis autosuffisant, ajoute François, j’en vends même ». Moins sensible à la verse que le blé, le triticale offre de longues tiges aux agriculteurs. À tel point qu’ils sont même parfois obligés de la couper. « Quand on presse le triticale, ou rajoute des couteaux à la presse. Les pailles trop grandes sont plus difficiles à distribuer », poursuit l’agriculteur du Maine-et-Loire. Mais la longueur n’est pas un problème. Au contraire. La paille entière en andain est plus facilement préhensible par le pick-up de la presse. Libre ensuite à l’agriculteur de la briser ou non, une fois récoltée.
Votre email professionnel est utilisé par les sociétés du groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters
et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici.
Consultez notre politique de confidentialité
pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.
Notre service client est à votre disposition par mail : serviceclients@ngpa.fr.
Après la Prim’Holstein, la Génétique Haute Performance débarque en Normande
Logettes ou aire paillée ? Comment sont logées les vaches laitières françaises
Dermatose dans le Rhône : de nombreuses races renoncent au Sommet de l’élevage
En Suède, la ferme historique DeLaval passe de 250 à 550 vaches laitières
« Avec un robot de traite, on veut des fourrages de bonne qualité »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
Comment préparer une vache à la césarienne
Face à une perte de compétitivité inédite, accompagner davantage les agriculteurs
T. Bussy (FNSafer) : « Beaucoup de monde pense que la Safer, c’est opaque »