Dix ans après la création de l’EMB, son porte-parole en France refuse de se résigner au « tout-marché ». Son motif d’espoir : la prise de conscience des députés européens de la nécessité d’instaurer un dispositif de prévention des crises.
Quelle est aujourd’hui la raison d’être de l’EMB ?
Boris Gondouin : Faire changer la Commission européenne d’orientation, pour qu’elle soit plus réactive face aux déséquilibres du marché. 2 % de volumes en excédent suffisent à provoquer une chute des prix payés aux producteurs. Notre objectif est donc de convaincre les élus de mettre en place un système souple de régulation des volumes.
À cette fin, les seize pays membres de l’EMB ont élaboré un programme de responsabilisation du marché (PRM). Il s’agit d’un dispositif destiné à réduire temporairement la production sur tout le territoire de l’Union européenne lorsque le marché du lait est menacé de déséquilibre. L’EMB demande que le PRM soit intégré dans la législation européenne par le biais de la Pac. Sinon, si rien ne change, le seuil critique annoncé de 25 000 fermes laitières en France en 2025 sera atteint.
Quels sont les grands principes de ce programme de responsabilisation ?
B. G. : Il s’appuie sur le calcul d’un indice intégrant l’évolution des coûts de production et des tendances du marché, en vue d’anticiper l’éclatement d’une crise. Pour faire simple, lorsque le marché laisse entrevoir un décrochage du prix du lait par rapport aux coûts de production, le PRM est activé, d’abord sur la base du volontariat, puis de façon plus contraignante(1). L’évaluation des coûts de production est en cours, à partir des données du Réseau d’information comptable agricole de la Commission (Rica). Les premiers résultats montrent que si l’on prend en compte la rémunération du travail, ils varient de 410 à 460 €. Nous revendiquons donc un prix de base minimum qui couvre ces coûts.
L’ouverture totale du marché apparaît pourtant inéluctable. Sur quoi reposent aujourd’hui vos espoirs ?
B. G. : Sur la prise de conscience des députés européens qui ne veulent plus financer le coût du stockage et l’intervention. C’est mon principal rôle de représentant de l’EMB à Bruxelles : siéger à tous les groupes de travail agricoles pour expliquer qu’un tel dispositif serait moins coûteux pour les contribuables.
Grâce à ce lobbying, relayé par la Confédération paysanne, la majorité des parlementaires va désormais dans notre sens. Mais c’est au Conseil des ministres que tout est bloqué. Si Stéphane Le Foll était acquis à notre cause, le travail de conviction est à refaire avec le nouveau ministre. À l’heure des États généraux de l’alimentation, censés redonner de la valeur ajoutée aux producteurs, nous l’appelons à se positionner en faveur d’un système de régulation européen de la production laitière. C’est à la France de montrer la voie, car le ministre allemand est, lui, pour le « tout-marché ».
Les producteurs doivent également s’impliquer auprès des élus locaux et des consommateurs. C’est pour cela que l’Apli a créé FaireFrance et sa marque de producteurs : Le Lait équitable est aussi un lait politique, conçu pour montrer qu’il est possible de mettre en place une filière qui rémunère le producteur à hauteur de 0,45 €/litre. Si nous l’avons fait avec du lait UHT, ce doit être réalisable avec une gamme plus élaborée.
Qu’attendez-vous des États généraux de l’alimentation ?
B. G. : Justement que FaireFrance, et son concept de consommation équitable, serve de modèle. Les États généraux doivent contraindre les transformateurs à faire la transparence sur leurs chiffres et sur leurs stocks. Cela pour permettre aux producteurs de se réapproprier la part de valeur ajoutée qui leur revient, en particulier sur le marché intérieur. Ils doivent redonner du pouvoir aux AOP transversales de type FMB, en laissant la possibilité aux coopérateurs d’adhérer massivement. Cet événement doit donc être l’occasion de réviser le règlement intérieur des coopératives, qui devront être logées à la même enseigne que les privés puisqu’elles se comportent de la même façon.
(1) Pour plus de détail, voir PRM et coûts de production sur le site : www.europeanmilkboard.org
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