Offre. Les producteurs suisses débattent de la massification de l’offre depuis quinze ans, et sont encore loin du résultat escompté.
Alors que Paris veut booster les OP commerciales pour permettre à l’amont de peser dans les négociations sur le prix du lait, le vécu des Suisses incite à garder la tête froide. Il montre qu’une massification de l’offre ne peut se faire qu’avec la volonté des producteurs eux-mêmes. Et elle ne va pas de soi. Autre constat : de l’idée à sa concrétisation, de l’eau passera sous les ponts. En 2016, sept ans après en avoir fini avec les quotas, la Suisse était toujours au même point : une offre de lait d’industrie très atomisée dans une myriade d’OP face à quelques transformateurs (Emmi, Cremo, Hochdorf, Nestlé et Elsa).
Et pourtant, cinq ans avant le grand saut dans l’après-quota, la Fédération des producteurs suisses de lait (FPSL) avait porté haut et fort l’idée d’un pool national de lait en prévision de l’échéance. Ce pool n’a jamais vu le jour. La faute à ces producteurs bridés pendant des années par les quotas, séduits par les offres de volumes de certaines laiteries. La faute aussi à deux fédérations de producteurs qui n’ont jamais soutenu le projet. Et pour cause, elles étaient actionnaires majoritaires de Cremo (FSFL) et surtout de la florissante Emmi (ZMP) assurant aux producteurs de ZMP des dividendes substantiels.
Il a fallu que le prix du lait chute durablement pour que deux des sept vraies OP commerciales (non-actionnaires d’entreprise) bougent. Mi-2016, Miba et Nordostmilch ont fusionné, créant Mooh, forte de 0,53 Mt de lait. Début 2018, Prolait les a rejointes pour commercialiser ses 0,075 Mt de lait de centrale mal valorisés (518 € contre 548 €/1 000 kg de moyenne en Suisse) car vendus à 95 % à Cremo.
Mooh, créée pour peser
L’espoir de faire mieux en pesant désormais, avec Mooh, un quart du lait industriel est réel. L’union Miba-Nordostmilch a déjà permis au nouvel ensemble de remonter en 2017 dans la hiérarchie du prix suisse, à 544 €/1 000 kg. Pour aller plus loin, Mooh mise sur la régulation de ses laits d’excédent, le nerf de la guerre pour une OP. La fromagerie Laubbach, dans son giron, est un outil dédié à cela. Mooh a aussi mis en place une grille de paiement incitative pour planifier au plus juste la production de ses 4 200 adhérents. Enfin, elle a une carte maîtresse pour signer des contrats plus favorables sur son lait d’industrie. L’OP contrôle, via l’OP BioMilchpool qui vient de la rejoindre, un quart du lait bio suisse… Que s’arrachent les industriels.
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