Les grands projets peinent à voir le jour

Ségolène Royal mise sur « 1.500 méthaniseurs en France en 2020 ». (©Terre-net Média)
Ségolène Royal mise sur « 1.500 méthaniseurs en France en 2020 ». (©Terre-net Média)

La production d'énergie par fermentation des déchets agricoles, ou méthanisation, est résolument soutenue par le gouvernement, mais plus les projets sont ambitieux plus il est compliqué de concilier objectif écologique et rentabilité.

Le principe est simple et vertueux : le gaz de fermentation peut être injecté dans le réseau Grdf ou brûlé dans un groupe électrogène afin d'en tirer de l'électricité et de la chaleur. La méthanisation favorise « l'autonomie énergétique » et une « agriculture propre nécessitant moins d'engrais chimiques », déclarent à l'Afp Philippe Nouveillon et Nicolas Dubousquet, deux exploitants du Tarn dont les installations tournent depuis la fin 2014.

« Faire des déchets une ressource, c'est gagnant-gagnant », souligne la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal. En Aveyron le 29 juin, la ministre a pourtant rencontré des porteurs de projet qui, eux, peinent à aboutir. Francis Maurin lui a exposé un projet de producteurs de lait de brebis, en gestation à la Cavalerie depuis 2012, qui réunit 47 personnes de 19 groupements agricoles du Larzac, pour mutualiser leur fumier et les résidus des fromageries voisines. « Avec 5,8 millions d'euros d'investissement, pour équilibrer les comptes il faudrait 30 % de collecte en plus et un bon contrat pour épurer et injecter le gaz dans la conduite toute proche », explique-t-il.

Dans le Tarn comme dans l'Aveyron, tous ont le même souci : « avoir un gisement de déchets stable et un débouché assuré à long terme », explique Nicolas Dubousquet. L'équation se complique encore pour garantir un bon bilan écologique : « il ne faut pas être obligé d'aller chercher du lisier (effluent d'élevage liquide) à plus de 6-7 km ou du fumier à plus de 15 km, avec des camions consommant du gazole », explique un technicien du conseil régional Midi-Pyrénées Stéphane Leroy-Therville. La Région a contribué financièrement à 28 installations à hauteur d'environ 10 % des investissements et soutient une cinquantaine d'autres projets en développement. « On n'a pas de recommandation précise à faire aux porteurs de projets mais on les alerte quand il sont trop dépendants d'apports externes », ajoute le technicien.

Luc Devienne et Philippe Nouveillon, producteurs de céréales bio à Parisot, non loin de Gaillac (Tarn), font tout pour éviter cet écueil. Philippe Nouveillon, 60 ans, ingénieur agronome, explique que leur prototype de méthaniseur - un investissement total d'1 million d'euros - est développé avec Arkolia, une petite entreprise de Montpellier, car les industriels peinent à proposer des solutions « simples et efficaces ».

Tout doit être recyclé

La matière, principalement végétale, y fermente 21 jours et leur gaz produit de l'électricité vendue 160.000 euros par an à Edf, ainsi que de la chaleur. Elle sèche le foin l'été et chauffe quatre maisons voisines l'hiver. Les résidus retournent dans les champs en lieu et place d'engrais chimiques. « Notre philosophie, c'est que la méthanisation soit un maillon de l'exploitation : On ne veut pas de grand projet, small is beautiful », souligne Philippe Nouveillon.

A dix kilomètres de là, à Montans, Nicolas Dubousquet a réalisé un investissement quatre fois supérieur qui ne se justifie à ses yeux que par l'existence d'un débouché assuré sur place pour la chaleur produite avec l'électricité : le séchage de plaquettes de bois. Ce chef d'entreprise de 35 ans, employant 70 personnes, n'est pas seulement agriculteur. Sur le même site, il produit ses plaquettes et en tire des bûches de bois compressé pour 2 millions d'euros de chiffre d'affaires par an. Ses méthaniseurs, quatre gigantesques garages à fermentation, alimentent un moteur qui produit pour 700.000 euros par an d'électricité. « Rien ne se gaspille, tout se recycle. Ce sont les schémas de demain », déclare-t-il.

Les deux Tarnais ne se posent même pas la question d'injecter leur gaz dans le réseau, le coût de l'épuration exigée par Grdf étant « prohibitif » à leurs yeux. Dans l'Aveyron, le projet Causse Energie Propre (Cep) de M. Maurin, est pourtant prêt à investir 500.000 euros dans un épurateur. Pour éviter un surendettement, Cep table sur 25 % de subvention publique (Région et Ademe) et est prêt à ouvrir le capital aux habitants voisins. Ségolène Royal, qui mise sur « 1.500 méthaniseurs en France en 2020 » a assuré aux éleveurs aveyronnais que leur département serait « pilote pour les simplifications administratives de la loi de transition énergétique ».

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