Une organisation optimisée des chantiers de semis de maïs

Thierry Magré : « Il nous fallait une solution rapide qui nous permette de sécuriser l’implantation de notre maïs, le strip-till permet de fissurer le sol, et le fertiliser en une même opération, grâce à cette organisation, nos dates de récolte de maïs sont un peu plus faciles à caler. » (©Earl de Saint-Doué)
Thierry Magré : « Il nous fallait une solution rapide qui nous permette de sécuriser l’implantation de notre maïs, le strip-till permet de fissurer le sol, et le fertiliser en une même opération, grâce à cette organisation, nos dates de récolte de maïs sont un peu plus faciles à caler. » (©Earl de Saint-Doué)

Lorsque l’on implante du maïs juste derrière une récolte de fourrage, l’organisation des chantiers doit être efficace et optimisée, car tout doit être fait en un temps limité. Dans le Morbihan, Thierry Magré récolte et implante 180 ha en 3 semaines. Il témoignait lors de la récente journée de la fédération régionale des Cuma de l’Ouest Mécalélevage.

Cela fait 25 ans que l’EARL de Saint-Doué est en sans labour, mais cela ne fait que trois ans que cette exploitation située à La Vraie-Croix (Morbihan) a un méthaniseur. Pour nourrir la bête, les trois associés cultivent des Cive, du seigle qui est récolté juste avant l’implantation du maïs fourrage.

Récolter 180 hectares de dérobées en cultures énergétiques, injecter du digestat sur toute la surface et semer de maïs sur autant d’hectares, le tout en trois semaines, tel est le défi.

Quel que soit le système, réduire la durée des chantiers ne doit pas compromettre la réussite du semis, « on a besoin d’un sol bien structuré avec une homogénéité du lit de semence pour avoir une levée rapide et homogène et un bon enracinement » met en garde Céline Bruzeau de la chambre d’agriculture de Bretagne.

Le choix du strip-till

Sur cette exploitation morbihannaise, les terres sont sablo-limoneuses, faciles à travailler. « On fauche le seigle fin avril sur une semaine, et la récolte à peine achevée, on fait appel à une entreprise de travaux agricoles qui se déplace avec un automoteur et deux citernes de ravitaillement de 29 m3 », décrit Thierry Magré, l’un des associés.

« Le strip-till, acheté en Allemagne, est attelé à l’automoteur pour travailler le sol, fissurer la terre à environ 20 cm de profondeur et injecter le digestat en même temps. Les trois associés sèment dès le lendemain avec un semoir huit rangs classique à 75 cm d’écartement. « Apporter le digestat en même temps que l’on prépare la ligne de semis, c’est un gain de temps considérable », insiste Jean-Marc Roussel, animateur machinisme à la fédération des Cuma de Bretagne.

« On est partis sur le strip-till parce que l’on avait beaucoup de surfaces, il nous fallait une solution rapide qui nous permette de sécuriser l’implantation de notre maïs, parce que cela fissure le sol » raconte Thierry Magré. Les trois associés de cet élevage laitier veulent avoir une maturité du maïs la plus homogène possible à la récolte. Pour cela, il fallait que les 180 hectares soient implantés à peu près au même moment. « Grâce à cette organisation, nos dates de récolte sont un peu plus faciles à caler. »

Epandage de digestat et travail du sol à l'automoteur
Le strip-till est attelé à l'automoteur pour apporter le digestat en même temps que la préparation du semis. (©Earl de Saint-Doué)

L’éleveur travaille souvent avec huit variétés différentes sur les huit rangs, « On rajoute un coup de starter pour que le maïs s’implante rapidement, fasse sa racine pour retrouver le digestat. »

Pour réaliser l’opération d’épandage et préparation du lit de semence, il faut compter une journée pour 30 ha, évalue Thierry Magré. « Il y a deux citernes de 29 m3, l’automoteur prend la moitié à chaque fois, chaque citerne fait deux remplissages, ça nous fait un prix d’épandage de 3 à 4,30 € du m3 épandu selon les parcelles ». C’est environ 1 € de plus qu’auparavant, mais l’opération inclut le travail du sol.

Le seigle produit beaucoup de biomasse, ce qui est intéressant pour la méthanisation, mais c’est aussi une plante dont le système racinaire permet de bien structurer le sol.

Un fertilité maintenue

Depuis trois ans que l’exploitation a son méthaniseur et que les Cive sont implantées avant le maïs, les rendements de ce dernier ont un peu fléchi, passant de 14-15 t de MS/ha à 12-13 t. « Ce n’est pas le système d’implantation qui en est la cause mais le fait de cultiver une Cive avant le maïs sur ces sols à potentiel un peu limité », observe l’agriculteur. L’indice de précocité a aussi baissé, passant de 280-310 à 260-275. « 6 à 7 t de MS en seigle puis 12-13 t en maïs, cela nous fait quand-même du 20 t de MS/ha, la productivité est quand même là », rectifie Jean-Luc Le Benezic, spécialiste des techniques de conservation des sols à la coopérative Eureden.

En enchainant Cive et maïs, l’exploitant craignait une baisse du taux de matière organique dans ses sols. « Du fait que l’on tire quand-même pas mal de matière sèche de nos sols, on est obligés de faire très attention à notre calcium et notre pH confie l’éleveur. Ce qui est important c’est l’amendement, le digestat permet de tenir la ferti dans le sol. » Le taux de matière organique se situe ici, selon les parcelles, entre 3 et 6 %.

Ce système fonctionne parce que les sols sont sablo-limoneux. « Sur un sol argileux, cela ne marche sans doute pas aussi bien », suppose Thierry Magré. « Si on n’était pas en sans labour, la durée des chantiers, de la récolte de seigle à l’implantation du maïs, serait deux fois plus longue ».

Trois itinéraires comparés

La fédération des Cuma de Bretagne a comparé plusieurs itinéraires. D’un système à l’autre, la durée de l’ensemble des opérations peut varier du simple au triple. Dans un système labour par exemple, les chantiers d’épandage avec enfouisseur à disque, charrue déchaumeuse et combiné semis avec fissurateur atteignent au total 1h25/ha.

Dans le système simplifié qui a été observé, le temps cumulé de l’ensemble des chantiers atteint 2 h/ha. Il s’agit d’enchainer déchaumage, épandage, cultivateur, fissurateur herse et semis. Ici, une citerne routière est utilisée pour alimenter le caisson, la tonne reste au champ.

Les trois itinéraires observés par la fédération des Cuma de Bretagne

Itinéraire

Matériel

Puissance du tracteur

Vitesse – débit

Temps (min/ha)

Labour

 

Temps total : 1h25/ha

 

Coût/ha :

237 €

Épandage

Tonne 25 m3

Enfouisseur à disque de déchaumage : 6 m - 40 m3/ha

400 cv

12 km/h

40

Labour

Charrue déchaumeuse 10 corps, largeur de travail 3,80 m, profondeur 18 cm

220 cv

8 km/h / 3 ha/h

20

Combiné semis

Fissuratuer LSM à 25 cm, herse, semoir monograine : 4,50 m

300 cv / 37 €/h

7 km/h ; 2,5 ha/h

24

Simplifié 

 

Temps total : 2h/ha

 

Coût/ha :

271 €

Déchaumage

Déchaumeur à disques 6 m (17 €/ha)

250 cv / 26 €/h

3,5 ha/h

17

Epandage

Tonne 20 m3 – enfouisseur à dents : 35 m3/ha ; caisson + camion

300 cv

2 voy/h

50

Cultivateur

Néodéchaumeur (14 €/ha) : 4 m à 15 cm à soc sans ailette

250 cv

10 km/h / 3 ha/h

20

Fissurateur herbe

Fissurateur LSM 6 dts herse 4,50 m prof. 25 cm

250 cv

7 km/h / 2,5 ha/j

24

Semis de maïs

9 rangs solo (19 €/ha)

150 cv

8 km/h / 4 ha/h

15

Direct

 

Temps total : 0h40/ha

 

Coût/ha :

148 €

Épandage et préparation lit de semence

Automoteur strip-till 8 rangs (3,8 €/m3) approvisionnement au champ 30 m3/ha

 

2,5 ha/h

24

Semis de maïs

8 rangs solo

 

8 km/h / 4 ha/h

15

Le système de l’EARL de Saint-Doué, en système semis direct, est celui qui est le plus efficace, puisque la simplification des opérations permet de ne passer au total que 40 min/ha, pour un coût de 148 €/ha. Un inconvénient ici dans ce système : le désherbage se fait au glyphosate, 1 à 1,5 litres par hectare en moyenne.

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