On sait que les relations de Lactalis vis-à-vis de ses producteurs et de ses OP se situent dans un registre qui oscille entre la provocation, l'intimidation, voire le bras de fer. Le groupe Bongrain a adopté, depuis le début de la constitution des OP, une stratégie différente. Il a développé l'idée d'un partenariat et d'une confiance réciproque avec, à la clé il est vrai, un prix payé plutôt avantageux par rapport à certains de ses concurrents.
Jusqu'à présent, la stratégie globale de contractualisation voulue par le gouvernement et mise en place à la suite de la crise de 2009 a fait son chemin dans un contexte porteur d'augmentation de la production et des prix. 2015 va sans doute être le révélateur de la face cachée du système. Le prix moyen payé au premier semestre sera-t-il supérieur ou en dessous de 300 € ? Et pour la suite... Pour cette fin d'année, si les critères du Cniel sont supérieurs au prix payé, cela veut dire que le marché, globalement, devrait permettre une meilleure rémunération des producteurs. Or, Lactalis et Soodial ne suivent déjà plus et anticipent la baisse des marchés.
Bongrain, qui se targuait jusqu'à cet été de respecter les indicateurs, vient d'annoncer qu'en octobre, un nouveau critère appelé « Compétitivité France à fin juillet » sera appliqué. Il ampute le prix de base de 13,87 €/1 000 l. Par ricochet, Agrial va suivre.
Cette pondération permet à Bongrain de s'aligner sur ses concurrents les moins-disants pour préserver ses parts de marché et son taux de rentabilité. Malgré les belles paroles, Bongrain comme Lactalis et certaines coopératives préfèrent à l'évidence rémunérer les actionnaires plutôt que les producteurs, ficelés par des contrats d'approvisionnement les obligeant à livrer une quantité contractualisée, quels que soient le prix et les coûts. Le piège se referme, surtout qu'à partir du 1er avril 2015, notre droit à produire appartiendra à la laiterie. La crise qui s'annonce incitera-t-elle les OP de tous bords à se rapprocher ?
À tous les techniciens et conseillers qui argumentent que les coûts d'alimentation vont baisser, et donc notre coût de production, voici un petit calcul rapide.
Prenez un quota de 400 000 l produits par 50 vaches laitières consommant chacune 1 t de concentré + 20 t d'aliment pour les génisses.
En 2015, le lait va perdre
60 € x 400 t de lait = - 24 000 €
70 t de concentré x - 60 € =+ 4 200 €.
Perte sèche : 20 000 €. Sachant que toutes les charges ont tendance à monter. Il va falloir serrer les fesses !
UN PRODUCTEUR DE LAIT BRETON
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