Pouvons-nous croire que les producteurs de lait n'ont plus d'avenir dans cette production comme certains le prétendent ? Est-il nécessaire de décourager les jeunes éleveurs qui ont choisi cette voie, passionnés par l'élevage ? Pour plusieurs raisons, je n'ai aucun doute sur l'avenir de cette filière.
Nos produits laitiers sont connus et reconnus dans le monde entier grâce à la compétence de nos producteurs et au savoir- faire de nos transformateurs. La qualité de tout ce panel laitier fait la réputation de notre gastronomie française et la « bonne table » dans nos foyers. Cela n'est il pas une bonne raison de croire en notre production ? Certains nous diront que la passion est une chose, mais qu'il faut vivre de notre métier. Certes, nous traversons une période difficile par l'augmentation de nos charges qui réduit nos marges. La hausse du prix du lait serait logique, mais les accords avec la grande distribution semblent difficiles et insuffisants. Les transformateurs et les producteurs doivent rester unis pour obtenir une augmentation.
Revoir notre coût de production semble la solution pour obtenir une plus-value. Je pense que des pistes sont possibles et non négligeables, concernant le coût alimentaire, le système de distribution et les investissements en bâtiments. En effet, des écarts de 50 €/1 000 l de lait peuvent être constatés suivant les systèmes, ce qui est considérable. L'année 2015 marquera la fin des quotas et certains pays seront prêts à produire pour le marché mondial.
Mais la France possède des atouts, notamment celui de la concentration des producteurs et des outils de transformation. Avec la possibilité d'exporter, elle pourra prendre une place dans certains marchés. Cela sera seulement possible avec l'implication des producteurs et des transformateurs afin de gérer les volumes, face à la demande. C'est pourquoi l'organisation des producteurs et la contractualisation sont indispensables. Il est vrai que la gestion des quotas nous donnait une bonne assurance de la régulation de la production.
Cependant, la suppression de ce système fait réagir toute la profession et donne naissance à de nouveaux projets. C'est le cas de la coopérative Agrial où les adhérents ont décidé de créer une filière laitière et d'investir dans la transformation. Je pense qu'il s'agit d'une bonne chose de développer un grand pôle laitier à même d'assurer des volumes aux producteurs. Cependant, les accords avec la grande distribution seront nécessaires pour que nos produits soient commercialisés à leur juste valeur. Les éleveurs ont ainsi un rôle capital à jouer, qui commence par le respect entre nous, quelle que soit notre appartenance syndicale.
C'est ensemble que nous devons nous faire entendre auprès des gérants de la vente, seule solution pour trouver une rémunération digne de nos produits. Pour conclure, il est certain qu'il existe encore un avenir dans la production laitière et le monde de l'élevage. Soyez fiers du choix de votre métier et restez optimistes !
ALAIN LOUVET, PRODUCTEUR DE LAIT À TINCHEBRAY (ORNE)
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