La FNCL a demandé, il y a près d'un an, à l'interprofession de procéder à l'actualisation de l'indicateur de valorisation beurre-poudre. Analysant cette demande, votre éditorial Prise de risques, dans le numéro de février dernier, laisse entendre que les coopératives laitières n'assument pas les risques associés à leurs projets. Cet article appelle de ma part quatre remarques.
Tout d'abord, l'indicateur de valorisation beurre-poudre est calculé, depuis de nombreuses années, en intégrant déjà les coûts de transformation et d'amortissement des tours de séchage. Notre demande n'est donc pas d'ajouter ces deux composantes dans le calcul, mais de réviser leurs niveaux de façon à refléter les réalités économiques de 2012. Il n'y aurait ni rigueur ni honnêteté à continuer d'utiliser un indicateur dont les composantes sont à des niveaux dépassés.
Ensuite, la localisation du risque, soit chez l'industriel, soit chez l'éleveur, plaque sur les coopératives un raisonnement qui vaut uniquement pour les entreprises privées. Cette critique oublie, en effet, que la prise de risques est indissociable de la détention du capital et des décisions des associés coopérateurs. La coopérative appartient à ces derniers et elle est le prolongement de leurs exploitations laitières. Il est donc impossible de dissocier le risque de la coopérative de celui de ses associés coopérateurs.
En troisième lieu, pourquoi cela coince-t-il au sein de l'interprofession sur la révision technique d'un indicateur ? La France a un potentiel laitier susceptible de s'exprimer avec la fin des quotas et les laits supplémentaires vont nécessiter d'investir dans de nouveaux outils industriels. Cet enjeu d'avenir pourrait intéresser tous les acteurs de la filière. Dans la réalité, ce n'est pas le cas. Les industriels privés ne veulent pas de laits supplémentaires français et n'ont donc quasiment aucun projet d'investissement dans des outils susceptibles d'accompagner l'émergence de volume en France.
Enfin, pourquoi réviser l'indicateur interprofessionnel ? En d'autres termes, pourquoi les coopératives ne prennent-elles pas un autre socle pour leur prix B lorsqu'elles différencient les volumes ? Sur le principe, toute coopérative qui a besoin d'investir dans le cadre d'une stratégie claire, comprise et soutenue par ses associés coopérateurs, doit pouvoir lever des fonds auprès d'eux. Dans la pratique, on ne change pas, du jour au lendemain, une culture vieille de quinze ans qui a les yeux rivés sur les indicateurs interprofessionnels. J'entends déjà nos détracteurs qui transformeraient nos « appels de fonds » pour les tours de séchage en « baisse du prix du lait », et qui chercheraient à s'aligner en prétextant une distorsion de concurrence alors que leurs volumes resteraient inchangés. Notre filière ne peut pas vivre la présente mutation sans changer elle-même de culture. Je sais par expérience (c'est à ça que servent les réunions de secteur des coopératives !) que la majorité des associés coopérateurs comprennent mon analyse et veulent des changements. À eux de s'exprimer dans les réseaux syndicaux et interprofessionnels locaux.
DOMINIQUE CHARGÉ, PRÉSIDENT DE LA FNCL
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