Dans le conflit qui a opposé la FNSEA et Lactalis, on a perçu le problème d'un prix du lait français par trop différent de nos principaux concurrents, l'Allemagne en tête.
Mais nous avons surtout vu la FNSEA reprendre en main les OP Lactalis et les enfermer dans une négociation en trompe-l'oeil, d'où elles sont ressorties affaiblies dans leur indépendance.
L'action menée par la FNSEA sous des aspects louables s'est révélée comme une offensive contre un grand groupe industriel privé, au risque de déstabiliser les producteurs en contrat avec cette entreprise. Par ses appels au déréférencement des produits Lactalis, le syndicalisme a pris un risque économique considérable envers toute la filière laitière française, mais l'issue rapide de ce conflit aurait pu laisser croire que la raison l'avait emporté !
Erreur, ce n'était que la première étape d'une action contre les industriels privés et le libre choix (même si, pour le moment, il est limité en raison de la conjoncture défavorable) des producteurs de livrer leur lait à un transformateur privé ou coopératif. Car comment interpréter l'interview [NDLR : du 20 septembre] de Dominique Chargé dans Les Échos ? Il est difficile de croire à la coïncidence des actions et des propos. [Le président de la FNCL] appelle les producteurs à couper les liens avec les entreprises privées et à rejoindre le système coopératif. Au passage, tout le monde aura en tête les formidables prix payés actuellement par les coopératives et les innombrables réussites économiques de ces dernières. Je rappellerais seulement deux cas à Dominique Chargé : l'Unicopa et l'ULN ! L'avenir des producteurs passe par la multiplicité des solutions de collecte, et non par la collectivisation des éleveurs. La France a la chance d'avoir de grands groupes privés : Lactalis, Bel, Savencia... à la pointe de l'innovation et du marketing, portant à travers le monde l'excellence des produits laitiers français et européens.
Dominique Chargé devrait utiliser ses talents pour élever les coopératives au niveau de réussite de ces groupes plutôt que de vouloir tirer toute la filière vers le bas. Pour ce faire et réduire la concurrence entre les producteurs au sein de l'Union européenne, il nous faut un prix du lait harmonisé, ce qui peut se faire grâce au marché à terme. Sinon, demain, qui empêchera des produits laitiers fabriqués en Allemagne avec un lait à un prix différent d'entrer en France ?
Peut-on prendre le risque de voir notre production diminuer alors que nous avons tous les atouts pour la développer ?
Je suis convaincu que les entreprises privées développeraient leurs besoins de volumes si nous sortions d'une fixation politique du prix du lait pour adopter enfin l'économie de marché.
Sommes-nous capables de participer au développement mondial de la production ou allons-nous nous enfermer dans une citadelle assiégée et entrer en régression, voilà la question ?
RONAN JACQUES, PRÉSIDENT DE L'ASSO LACTALIS OUEST, MEMBRE FONDATEUR ET SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'OPLGO
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