« Je réagis aux articles de L'Éleveur laitier de juillet-août 2011 concernant les projets portés par l'OPL-Conf-Apli et celui de la FNPL-FNSEA. Les rubriques “Éditorial” et “Gros plan” réduisent les deux approches à une simple “guéguerre syndicale”. Pourtant, il existe une réelle divergence entre elles, ce qui méritait une analyse digne de ce nom. L'Éleveur Laitier veut nous faire “prendre de la hauteur”. Avec la présentation du projet OPLConf- Apli face à celui de la FNPLFNSEA, nous avions le droit à une analyse sans “naïveté”. Cependant, à travers l'éditorial de Jean-Michel Vocoret, la communication de la FNSEA est parfaitement respectée. D'un côté, nous avons le projet “pragmatique” qui choisit “la pente douce”. De l‘autre, le projet France Milk Board qui s'attaque d'emblée “à la face nord”, sous-entendu irréalisable ! Un peu plus loin, dans le dossier consacré à ce sujet, la ligne éditoriale est la même. La plate-forme OPL-Conf-Apli ne peut avoir en “arrière-plan” que l'objectif des élections des chambres d'agriculture.
Et pourtant, le constat est simple : les FNSEA-FNPL choisissent de faire cavalier seul et donc se marginalisent. Leur vision reste fondée sur la cogestion où le producteur n'est qu'un maillon d'une chaîne. Les autres filières animales (porc, bovin viande ou volaille), organisées selon ce schéma de groupement de producteurs lié à un industriel, en font les frais. Nous voyons chaque jour un peu plus l'échec de cette approche. Les producteurs de lait souhaitent être acteurs de la nouvelle organisation de leur filière. C'est pour cela qu'ils se regroupent au-delà des étiquettes syndicales. La plate- forme qui est construite entre OPL-Conf-Apli est l'illustration de cette volonté commune. Le devoir de L'Éleveur laitier est de rendre compte de cette situation. Mais nous n'avons pas peur d'opposer les deux projets. Pourquoi la construction d'OP par laiterie serait-elle plus facile, plus réaliste ou plus pragmatique que celle d'une OP par territoire ? Diviser les producteurs français dans 200 ou 250 OP calées sur les périmètres des industriels pour ensuite les fédérer dans une association d'OP serait-il pragmatique ? Les producteurs de lait ne sont-ils pas avant tout des agriculteurs rattachés à un territoire, et non des livreurs Lactalis ou Sodiaal ? Pourquoi vouloir différencier des producteurs qui sont voisins, selon l'industriel qui collecte leur lait ? Le projet FNPL-FNSEA est loin d'être une solution de facilité. Il aboutirait à quelques grosses OP qui s'étendraient sur la quasitotalité du territoire et d'autres localisées sur un seul département. Comment composer dans ces conditions la représentativité au sein des AOP ? Quelles voix laisseront les mastodontes aux petits ? Mettre ses OP en place, avec le cortège d'élus réunis dans autant de conseils d'administration, pour ensuite désigner quelques membres siégeant dans une AOP. Il s'agit d'une vision très franco-française d'une approche pragmatique de l'organisation future de la filière. Qui peut imaginer un fonctionnement efficace d'une telle structure ?
De plus, ce projet OCEP-FNPL ne concerne que la collecte gérée des entreprises privées car il reconnaît le statut d'OP pour les coopératives. Il faut préciser que les OCEP seraient des OP qui auraient en charge la collecte et la gestion administrative. Ce seraient donc des structures employant nécessairement du personnel et gérées par une direction et un conseil d'administration. Les OCEP ne sont en réalité que des coopératives de collecte qui ne disent pas leur nom.
Le projet OPL-Conf-Apli part d'une approche réaliste et logique. Nous voulons respecter le sens littéral des OP. Ce sont des organisations de producteurs qui doivent être tournées vers leurs membres, les éleveurs. Réunir les producteurs d'une même région est une démarche naturelle.
Construire des règles qui fixeront les droits et les devoirs de chacun n'est pas démagogique. Quel est le meilleur périmètre pour construire cette organisation si ce n'est le territoire ? De plus, ces OP ne sont certainement pas un ennemi pour les industriels. Au contraire, elles permettront une gestion harmonisée et transparente par région. L'Office du lait aura pour mission de contrôler le bon fonctionnement de l'échelon régional en étant le relais avec l'Europe. Dans ces OP régionales, de nombreux dossiers techniques nécessiteront des arbitrages à différents niveaux : attribution de volumes contractualisés pour l'installation des JA, gestion des volumes libérés par les cédants, négociation des critères de paiement, application des index nationaux, relation avec les élus…
L'avenir de la production laitière est un enjeu politique. Notre analyse est partagée par de nombreux spécialistes. Ainsi, Alain Boulanger, directeur des études économiques de CER France, déclare : « Pour rééquilibrer le rapport de force producteurs/laiteries, il ne faudrait que quelques OP, par exemple neuf (une par bassin) multilaiteries. Leur taille et leur nombre limité leur permettraient de constituer une réelle force de négociation dans la mise en marché de la production laitière… » Dans le projet France Milk Board et de l'Office du lait, nous défendons une vision de l'avenir de la filière dans ses composantes économiques et politiques. La production laitière est essentielle à la vitalité de nombreuses zones rurales. La réduire à la seule mission de fourniture de matière première est un scandale. Les producteurs de lait sont aujourd'hui face à des choix déterminants pour les prochaines décennies. À ce titre, ils ont le droit à une information de qualité, impartiale et honnête.
STÉPHANE LE CADRE , PRODUCTEUR DE LAIT DANS LE MORBIHAN , ADHÉRENT CR 56-OPL
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique