« Ouf, les pénalités ont disparu, mais faut-il s'en réjouir ? »

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Certains se réjouiront, après l'annonce dans Ouest-France du 19 septembre ou dans L'Éleveur laitier d'octobre, de la fin des pénalités pour dépassement de son quota, tuant ainsi la maîtrise. Mais avec un peu de recul, pouvons-nous être satisfaits de ce nouvel épisode du détricotage des mécanismes de régulation qui ont organisé et préservé la production laitière depuis 1984. Toutes les réglementations apportent certes des contraintes, mais ô combien nécessaires au final ! Ce qui n'exclut pas des évolutions et des aménagements pour améliorer leur application. On ne supprime pas le code de la route pour un dépassement de limitation de vitesse !

C'est pourtant ce que vient d'obtenir l'Association des éleveurs-entrepreneurs soutenue par la FDSEA du Finistère. Déjà, en 2007, cette FDSEA s'était distinguée en obtenant des pouvoirs publics un marché des quotas (TSST). Elle récidive en 2011, en apportant son soutien au dépôt d'un recours au niveau européen, sur le prélèvement en cas de dépassement individuel. Par anticipation, ces producteurs viennent ainsi d'obtenir des pouvoirs publics, de ne pas prélever la taxe alors que la Commission ne s'est pas encore prononcée. Cette décision signe la fin de la régulation des volumes laitiers, laissant la voie libre à une grande volatilité et donc à une incertitude. Paradoxe, alors qu'en France plus d'un milliard de litres de lait se trouvent sans sécurité de collecte, soit 4 % du quota national. Et des adhérents à la FNPL, soutenus par la FDSEA du Finistère, sont outrés que le quota français soit en sous-réalisation. Certes, 4 à 5 % du quota français ne sont pas produits, soit un peu plus d'un milliard. Mais ces producteurs qui revendiquent et ont oeuvré à la fin des pénalités se sont-ils préoccupés de la situation dans laquelle nous serions si 100 % du quota était réellement produit aujourd'hui ?

Je reste persuadé qu'une majorité de producteurs aspirent au maintien d'outils de régulation lorsqu'ils sont actionnés à temps ! Il se peut que dans la conjoncture actuelle, ils aient pu éviter à Sodiaal de baisser le prix du lait A de 5 c/l et le B de 15 c, et à Lactalis de mettre une flexibilité négative plus importante. Qu'en serait-il si nous avions rempli notre quota ? Correspond-il a des marchés pour la plupart de nos entreprises de collecte ? Les représentants de la FNPL connaissent les raisons qui ont conduit toute la filière laitière française, au sein de France Agri Mer, à maintenir le principe d'une taxe affectée en cas de dépassement individuel des producteurs, malgré une situation de sous-réalisation de la France depuis 2003. Il aurait été de son devoir, de freiner les ardeurs libérales de certains de ses adhérents.

Les mesures franco-françaises permettaient de responsabiliser les producteurs, tout en ayant une mesure de souplesse mise en place chaque année par les aménagements de fin de campagne : allocations provisoires, remboursement de pénalités pour les moins de 170 000 l avec transparence en Gaec jusqu'à trois associés (forfait de 10 000 l/ UTH), mesure qui aurait pu être reconnue pour les couples en individuel si la FNPL l'avait voulu.

Les signataires de ce recours, qui dénoncent la gestion franco-française, n'étaient pas sans ignorer la souplesse dont bénéficient la plupart des producteurs en situation de produire plus que leur référence sans s'acquitter de cette taxe affectée. On peut déplorer le manque de cohérence de chaque État membre dans l'application des quotas. Mais la méthode choisie par la France a-t-elle réellement placé ses producteurs en situation défavorable ? Dans d'autres pays, les producteurs ont dû faire face à des échéances pour financer l'achat de quotas plus chers que le prix du lait !

Il aurait été souhaitable que la filière française et les pouvoirs publics défendent leur gestion auprès de la Commission de Bruxelles, plutôt que de céder à leur renoncement. Entrer en résistance est plus louable que collaborer pour des intérêts individuels. Le démantèlement des mécanismes régulateurs sera la source de crises profondes. Au final, beaucoup de producteurs bénéficiaient des mesures dites de fin de campagne qui, depuis plusieurs années, étaient annoncées bien avant le 31 mars. Cela permettait à ceux qui voulaient, et pouvaient, de produire plus que leur référence en gardant l'objectif de l ‘équilibre du marché. Maintenant que vous avez eu raison des mécanismes de régulation, que proposez-vous ? Une valorisation beurre poudre à 260 €/1 000 l.

YVES LEPERLIER (MEMBRE DU CONSEIL DE DIRECTION DE L'OFFICE DU LAIT/FRANCEAGRIMER DE 2001 À 2009)

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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