« 1 000 vache s ? Et bien non merci ! »

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À lire l'édito « 1 000 vaches, et alors ? » dans L'Éleveur laitier n°217 d'octobre, une conclusion semble s'imposer : s'il n'y a plus de solutions pour l'agriculture française, alors autant laisser faire, et tant pis si ce n'est pas ce qu'on pouvait imaginer de mieux. Sauf que ce n'est pas notre genre de baisser les bras, et il n'est pas utopiste de se battre pour que les projets de ce type ne représentent pas l'avenir de l'agriculture.

La fin des quotas doit-elle être une fatalité ? L'année 2015 ne va pas être simple du tout, c'est sûr. Il faut l'anticiper dès maintenant, et arrêter de tergiverser avec des conférences, des observatoires et autres. Il est nécessaire de mettre en place une véritable régulation de la production et une maîtrise efficace. Oui, il faudra soutenir et protéger nos éleveurs pour qu'ils ne se fassent pas écraser par le marché mondial. On peut le faire ! Par contre, on ne peut pas se servir de la concurrence mondiale comme prétexte pour faire du lait un sous-produit du lisier, comme sur la ferme-usine des 1 000 vaches dont le promoteur annonce qu'il vendra son lait 270 € la tonne. À ce prix, aucune ferme laitière ne peut survivre.

La politique agricole commune, telle que dessinée par François Hollande à Cournon, pousse dans le sens de l'industrialisation de l'agriculture. Le président de la République a acté que l'avenir serait à la dualité de l'agriculture. On pourrait effectivement penser qu'il y a la place pour toutes les agricultures. Or, un projet comme celui de la ferme-usine des 1 000 vaches a besoin de beaucoup de place (3 000 ha) et il est destructeur pour les fermes de taille moyenne. La liberté d'entreprendre ne doit pas être la liberté de tout prendre !

Devrait-on vraiment s'inspirer du modèle allemand avec sa main-d'oeuvre à 500 €/mois, ou du modèle américain avec, là aussi, des « Mexicains » sous-payés ? Voila qui est loin d'être socialement acceptable ! C'est l'argent qui commande avec demain, en ligne de mire, un accaparement des terres par des capitaux étrangers et une agriculture uniquement salariale.

Faire ce choix, c'est aussi redonner une chance aux territoires ruraux. Parce que beaucoup de paysans de la Somme n'ont pas eu d'autre solution que de se détourner de la production animale, on devrait abandonner le département à l'appétit des « énergieculteurs » industriels ? Au contraire, c'est là qu'il faut travailler à installer de nombreux paysans, les soutenir pour l'avenir de toute une région, bien au-delà des considérations agricoles. Si on laisse des exploitations de 3 000 ha se développer, il ne faut pas s'étonner de ne pas voir de jeunes s'installer !

Tout cela nécessite de l'investissement de la part des pouvoirs publics. Mais quand on sait que le projet des 1 000 vaches tient sur un méthaniseur qui va capter les fonds publics, il y a de quoi s'interroger sur l'utilisation de cet argent ! « 1 000 vaches, et alors ? » Et alors, non. Ce projet, c'est tout le contraire de l'avenir de l'agriculture, des paysans, d'un territoire, de ses habitants et de son environnement. « On se divise », c'est vrai, alors ayons le courage de nous unir pour que partout, des fermes à taille humaine rendent absurde l'idée même des usines à vaches.

LAURENT LERAY, SECRÉTAIRE NATIONAL DE LA CONFÉDÉRATION PAYSANNE, EN CHARGE DE L'ÉLEVAGE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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