« De la lisibilité économique », nécessaire pour les coopératives

Alors que la production de viande bovine a poursuivi sa baisse l’année dernière, avec - 4,1 % d’abattage de gros bovins entre 2022 et 2023, la consommation de viande se maintient, soutenue par un recours accru aux importations. Dans ce contexte, Bruno Colin, président du pôle animal de la Coopération agricole, éleveur de bovins laitiers et viande, revient sur les principaux enjeux de la filière.

Quelles sont vos demandes concernant la contractualisation qui peine à se mettre en place dans la filière bovine ?

Bruno Colin : La demande de la Coopération, c’est que la contractualisation soit aboutie jusqu’au consommateur. Il faut encourager la contractualisation tripartite, jusqu’au distributeur dans son ensemble, c’est-à-dire la restauration hors domicile, la restauration scolaire, le fast-food... Notre souhait est simple, on veut bien s’imposer des choses, mais il faut que le client l’accepte. Or, l’inflation a freiné les ardeurs. D’autant que les filières où la contractualisation était le plus avancé, c’étaient les filières sous label (ndlr : qui ont le plus souffert de la baisse du pouvoir d’achat).

Nous avons besoin d’un signal fort en faveur de l’organisation des filières, avec accès au financement de la Pac pour les OP, via les programmes opérationnels.

Quelles sont les priorités du pôle animal de la Coopération agricole pour les réglementations à venir ?

Malheureusement, nos demandes de simplification administrative, les recours, les ICPE, l’arrêt de la surtransposition, tout est au point mort, et ce qu’on souhaite c’est que le travail puisse reprendre au plus vite. On a besoin de visibilité à moyen terme pour continuer à produire sur le territoire national, relever le défi du renouvellement des générations, et donner espoir à des jeunes sur la possibilité d’investir dans les exploitations. La transition agroécologique, la neutralité carbone, l’amélioration du bien-être animal ne se fera que si on peut moderniser nos outils, c’est le sens de la simplification.

On ouvre nos dépendances à l’importation, si on veut se mettre des règles franco-françaises dans un marché mondial, il faut des moyens supplémentaires. Egalim n’a de sens qu’en flux tiré. Et est-ce que ce sera appliqué au niveau européen ?

Justement, avez-vous des attentes au niveau de l’Europe ? Directive IED, bien-être animal... ?

Sur la directive IED, on attend plus de la France que de l’Europe, de même sur les ICPE. Par exemple, en production porcine, il faut un dossier d’autorisation à partir de 3 000 places, mais en France, c’est 2 000 places. Pourquoi y a-t-il des procédures supplémentaires ? Les règles environnementales, on les accepte, par contre on ne veut pas de surtransposition. Il faut également que l’Europe mette en place des clauses miroirs.

Dans ce contexte, quel rôle des coopératives ?

Le défi, c’est d’accompagner les adhérents à continuer à produire et à renouveler les générations. Ce que l’on veut surtout, c’est de la lisibilité économique, il ne faut pas que les lois changent tous les deux mois !

Pour un jeune agriculteur, le fait d’avoir une coopérative qui accompagne, c’est un atout car les banques sont de plus en plus rigoureuses. Au-delà de l’accompagnement technique, avoir une coopérative qui contractualise un produit sur 10 ans, avec un prix minimum garanti ou un prix rémunérateur, cela permet d’obtenir des financements plus facilement. La coopérative sécurise les débouchés et la trésorerie.

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