
Système herbager. Le diagnostic des prairies, réalisé avec la chambre d’agriculture, fournit une meilleure connaissance de leur typologie. Il permet d’adapter la conduite selon leur potentiel.
Située dans le parc naturel des volcans d’Auvergne, entre 950 et 1 200 m d’altitude, l’exploitation de Danielle et Bertrand Grégoire (mère et fils) porte bien son nom : l’EARL du Pré fleuri. Ici, les prairies naturelles représentent 100 % de l’assolement. La diversité et l’équilibre de leur flore ont valu aux éleveurs de remporter à deux reprises le concours des prairies naturelles de la zone Saint-Nectaire. Une distinction qui récompense le bon compromis entre valeur agricole et environnementale de ces surfaces en herbe.
« La notion d’environnement n’est pas incompatible avec l’efficacité économique, souligne Bertrand. La gestion des prairies naturelles permet non seulement de préserver la biodiversité, mais elle apporte aussi une plus grande souplesse d’exploitation. Elle contribue à la santé du troupeau et présente un intérêt économique dans le cadre du paiement du lait en filière AOP. »
« Un autre regard sur des parcelles a priori de moindre intérêt »
Dans ce système d’élevage, 60 % des vêlages sont groupés en mars et avril. Ainsi, 58 % du lait est produit au pâturage. En hiver, la ration de base est composée de foin de première coupe séché au sol, pour une production moyenne comprise entre 6 500 et 7 000 l/vache, avec une consommation de concentré de 1 800 kg/vache. Une part de la production est livrée en laiterie et une autre transformée quotidiennement à la ferme en Saint-Nectaire, collecté tous les lundis par un affineur. Ces fromages sont évalués sur des critères de goût, de souplesse, de couleur de la pâte... Des caractéristiques en lien avec la qualité des fourrages ingérés. Couplés aux analyses bactériologique, ils déterminent le montant d’une prime de qualité comprise entre 0 et 50 cts/kg de fromage.
En 2014 et 2018, les éleveurs ont fait le diagnostic des prairies naturelles appelé DIAM (diagnostic multifonctionnel du système fourrager) avec la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. Onze typologies différentes ont été identifiées sur la ferme avec des niveaux de rendement allant de 4 à 8,5 t de MS/ha. Cette classification permet entre autres de mieux appréhender le comportement et le potentiel des prairies. Dans une logique d’optimisation, on peut ainsi adopter une gestion différenciée à la parcelle : par exemple, ajuster les dates de fauche, de mise à l’herbe, le chargement, les temps de repousse ou la fertilisation en fonction de la végétation. « Nous avions déjà plus ou moins cette approche, mais sans l’identifier clairement, indique Bertrand. Mieux connaître les prairies contribue à une meilleure utilisation de chaque parcelle. Cette compréhension apporte aussi un autre regard sur les atouts des prairies a priori moins productives, mais qui confèrent de la résilience au système, dans un contexte d’aléas climatiques. » Conseillère fourrage à la chambre d’agriculture, Géraldine Dupic précise que« le diagnostic DIAM est une photo de l’exploitation à un instant T. Il permet d’affiner les conseils, d’élaborer des solutions pour une meilleure gestion des prairies, en lien avec les objectifs de l’éleveur ».
« La diversité permet d’échelonner la fauche »
Dans le cas présent, l’objectif des éleveurs est de maximiser le pâturage. « Moins je suis dans le tracteur, mieux je me porte », sourit Bertrand, tout en maintenant un bon niveau de production à l’étable. À l’échelle de l’exploitation, le diagnostic permet d’estimer les rendements théoriques pour chaque type de prairie, de les comparer aux résultats et d’ajuster le chargement. Sans apport d’azote minéral, le potentiel fourrager a été estimé à 485 t de MS/an et les besoins du troupeau à 388 t de MS, soit une capacité d’élever 1,10 UGB/ha. Bertrand privilégie un chargement de 0,90 UGB/ha pour garder une sécurité de 10 à 15 %.
Dans la pratique, son troupeau bénéficie d’un parcellaire bien regroupé autour de la stabulation entravée. Cette situation facilite une mise à l’herbe très tôt au printemps. Elle commence par le déprimage des prairies destinées à la fauche en première coupe, c’est-à-dire les plus précoces et les plus productives. Au total, 55 ha d’une herbe feuillue sont fauchés entre le 15 juin et le 15 juillet, avant d’être réintégrés dans le cycle de pâturage d’été. « Réussir à faucher seul 55 ha de foin sur une courte période optimale au début du printemps ne serait pas possible. La présence de prairies plus tardives, souvent celles avec une grande diversité floristique, permet d’étaler les dates de récolte tout en conservant une bonne valeur alimentaire. » Les foins de juin, plus qualitatifs, sont d’abord destinés à une distribution de fin d’hiver, au moment de la reprise des vêlages. Les foins de juillet, moins riches en unités fourragères, sont plutôt destinés à la période de transition de l’automne et aux génisses.
« Des temps de repousse de 14 à 25 jours selon la prairie »
Après le déprimage des prairies de fauche, les vaches vont tourner au printemps sur 25 ha de prairies naturelles plus tardives ou non mécanisables. Cette surface est divisée en huit parcelles gérées au fil. Selon la pousse de l’herbe, certaines sont débrayées pour de la fauche, soit une surface comprise entre 25 et 30 ares/vache au moment de la pleine pousse de l’herbe. « La grande diversité des prairies nécessite d’adapter le chargement et les temps de repousse entre deux cycles qui vont de 14 à 25 jours chez Bertrand, indique Géraldine Dupic. Grâce au diagnostic DIAM, chaque élevage peut définir la surface optimale à mettre à disposition des vaches. » Après le premier cycle de pâturage, toute la surface est pâturée.
Sur ce modèle, depuis le 15 avril jusqu’au 10 octobre environ, l’alimentation des vaches laitières repose entièrement sur le pâturage, plus 2 kg de foin à l’auge. « Le DIAM a mis en évidence une sous-utilisation des pâtures en fin d’été et à l’automne. C’est le début d’une réflexion sur une valorisation des repousses par les génisses, afin de libérer de la surface pour faucher des regains (entre mi-août et début septembre) à intégrer dans la ration hivernale. Malheureusement, les conditions météo n’ont permis de le faire qu’une seule année depuis 2018. »
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