Lutte. Depuis janvier 2014, le délai d’attente de l’antiparasitaire oxyclozanide est de quatre jours et demi. Cette restriction incite à lutter contre le paramphistome par une gestion des prairies humides, ce que fait Christophe Osmont avec succès.
La restriction de l’utilisation de l’antiparasitaire oxyclozanide, décidée il y a quatre ans, demande aux éleveurs d’ajuster leur lutte contre les paramphistomes. Cette molécule a une autorisation de mise en marché (AMM) contre la grande douve, mais elle est reconnue efficace contre le paramphistome adulte à une dose au-delà de l’AMM (30 ml pour 100 kg). Les vétérinaires la prescrivent donc aussi contre le parasite. En 2013, l’analyse du lait de 25 vaches traitées a détecté des résidus au-dessus de la limite maximale réglementée durant quatre jours et demi, ce qui a conduit à une révision de l’autorisation de mise en marché. Depuis le 1er janvier 2014, le délai d’attente est de quatre jours et demi, soit neuf traites, contre zéro jusque-là.
Traiter au tarissement mais pas seulement
Le délai d’attente monte à sept jours si la dose prescrite est supérieure à l’AMM (en double dose « douve »). « De ce fait, la période la plus propice pour traiter est le tarissement, mais dire que l’on ne peut plus traiter les vaches en lactation n’est pas tout à fait exact », avance Vincent Legoupil, vétérinaire à Gavray (Manche) et membre de la commission parasitisme du SNGTV.
« On peut appliquer un traitement au vêlage. Les premiers jours de la lactation étant consacrés à la production du colostrum, le risque de retrouver des résidus dans le lait est inexistant. Si l’animal est malade, par exemple atteint d’une mammite, on peut également profiter du traitement antibiotique en cours et du délai d’attente qui va avec, pour lui appliquer ce traitement antiparasitaire. » Avec une condition préalable : établir un diagnostic, c’est-à-dire définir le niveau de contamination du cheptel.
D’abord réaliser une coproscopie
Cela passe par une coproscopie d’un mélange de fèces de 5 vaches prises au hasard si le troupeau est composé de 50 à 100 vaches, et de deux coproscopies pour 100 vaches et plus. « Si l’on comptabilise moins de 50 œufs/g de fèces, on considère le troupeau faiblement contaminé. Avec plus de 50 œufs, on reprend les cinq ou dix vaches retenues pour la coproscopie et on en réalise une pour chacune d’entre elles. »
Avec plus de deux vaches sur les cinq du lot à 100 œufs et plus par gramme, on considère le troupeau fortement contaminé. Toutes les vaches sont traitées au tarissement ou au vêlage. « Cette décision peut être aussi prise si, par exemple, trois des cinq vaches affichent 80 œufs. C’est une question d’interprétation. »
Et le vétérinaire de préciser : « Quatre-vingts pour cent des élevages suivis par le cabinet vétérinaire sont contaminés, mais la majorité l’est faiblement. C’est positif. Le paramphistome est un parasite d’accumulation dans le rumen. Il devient un problème lorsque le rumen en est vraiment chargé. Cela se traduit par des diarrhées, un poil piqué, une baisse en lait, etc. »
En d’autres termes, il faut éviter le traitement parasitaire systématique et mettre en place une lutte raisonnée avec des prescriptions sur mesure.
Quelles mesures préventives peut-on prendre contre les paramphistomes ? Le développement de l’immunité des génisses n’en est pas une. Contrairement aux strongles, il ne sert à rien d’exposer les génisses à un pâturage dès leur première année pour développer leur immunité. « Cela ne fonctionne ni pour ce parasite ni pour la grande douve », déclare-t-il.
« La fin des problèmes depuis le retrait de 1,5 ha aux vaches »
Pour Vincent Legoupil, la seule mesure préventive efficace est de supprimer l’accès aux zones humides durant la saison de pâturage. « S’il n’est pas possible de condamner ces zones, il faut les réserver aux animaux les moins sensibles. » Il pense, par exemple, aux vaches en finition prévues pour être réformées ou à un lot de bœufs « qui peut être constitué pour les exploiter ». L’objectif est de destiner les prairies non humides aux vaches en lactation, aux taries et aux génisses.
À Coutances, dans la Manche, c’est ce que fait Christophe Osmont. Il a pris la suite de ses parents en 2015 et vient d’achever la conversion en bio de l’exploitation de 55 vaches.
« J’ai retiré un hectare et demi des 22 hectares pâturés par les vaches. Cela a réglé le problème. La première année, l’administration de l’antiparasitaire a continué durant le tarissement mais depuis, je n’en applique plus. Les résultats des coproscopies sous les 50 œufs/g classent notre troupeau dans le statut de faiblement contaminé. »
« Avant, la moitié du troupeau était déclaré en subacidose »
Les prairies pâturées sont en effet traversées d’un ruisseau. Le pâturage de ses abords est définitivement condamné par une clôture et une prairie en fond de vallée est réservée aux vaches destinées à la réforme. « Sa fauche est compliquée car elle est très humide, dit Christophe Osmont. La condamnation des zones humides représente 300 mètres de clôtures. Ce n’est pas un travail énorme. Il faut tout de même gérer deux désagréments », ajoute-t-il. Le premier : récupérer les vaches qui, habituées à pâturer ces endroits, défoncent les clôtures pour continuer à y aller. « Encore cette année, après trois ans de mise en place, il a fallu aller en chercher quelques-unes. Nous avons dû en réformer plusieurs qui passaient systématiquement les barbelés. »
Le second désagrément : la pousse d’arbustes dans les zones clôturées qui ne peuvent être ni fauchées ni pâturées par les autres catégories d’animaux. « En contrepartie, c’est un soulagement d’avoir résolu ce problème. C’était un véritable casse-tête pour mes parents qui, jusqu’à mon installation, ne parvenaient pas à le gérer. Le TB était bas. L’écart de taux faible entre le TB et le TP déclarait plus de la moitié du troupeau en subacidose, selon les critères de suivi du contrôle laitier. Ma mère culpabilisait de mal nourrir les vaches. Mes parents déroulaient manuellement du foin le matin quand elles étaient à jeun pour favoriser leur rumination. C’était du travail en plus. »
Deux points de TB en plus en trois ans
Selon les résultats du contrôle laitier, l’écart entre le TB et le TP était en moyenne de 3,3 points en 2014-2015 (36,7 de TB et 33,4 de TP pour 6 325 kg bruts/vache). Il est monté progressivement pour atteindre 6,1 points en 2017-2018 (38,8 de TB et 32,7 de TP pour 5 109 kg bruts par vache). « Le TB reste bas, reconnaît Christophe. Je vais essayer de le booster par la génétique. Le troupeau est aux trois quarts normand après un croisement avec des holsteins sélectionnées sur le lait, et non les taux, ce qui pénalise le TB aujourd’hui. » Il veille aussi à ce que la ration fourragère soit pourvue en énergie. Cet hiver, il prévoit un quart de maïs-ensilage et trois quarts à majorité d’ensilage d’herbe, accompagné d’un méteil orge-avoine-pois et d’un mélange suisse enrubanné.
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