
Une nouvelle étude des Civam démontre la supériorité des élevages herbagers en termes de revenu par actif.
Plus petits, moins productifs et surtout plus autonomes, les éleveurs herbagers affichent une meilleure rentabilité que la moyenne. Le réseau Civam a comparé leurs résultats économiques en 2018 avec les meilleurs du réseau Rica du Grand Ouest (1). Le constat est sans appel : les premiers ont dégagé un revenu par actif de 24 000 €, contre 14 500 € pour les seconds. L’écart se creuse encore plus si l’on s’attarde sur les résultats en bio : ces éleveurs ont perçu en moyenne 26 600 € par actif.
Dans le détail, on remarque que les éleveurs herbagers produisent 90 000 l de lait de moins et vendent 12 ha de moins de cultures. S’ils perçoivent un prix du lait un peu plus élevé, (372 €/1 000 l en conventionnel, contre 357 € pour le Rica), ils atteignent un niveau de produits inférieur de 26 %. C’est donc sur les charges qu’ils font la différence.
En effet, les systèmes herbagers utilisent des ressources qui ne coûtent rien. Les légumineuses captent l’azote atmosphérique, ce qui réduit les besoins en engrais de synthèse. Les vaches pâturent, ce qui a un impact très fort sur la mécanisation (récolte, stockage, distribution, paillage, épandages, etc.). Les prairies sont conservées, les rotations cassent les cycles des parasites et des adventices, limitant ainsi les traitements. L’atout majeur de ces fermes, ce qui leur permet d’être plus rentables, réside donc clairement dans leur choix de maximiser le pâturage.
Au final, les herbagers ont moins de charges sur la plupart des postes : aliments (- 65 %), fourrages (- 46 %), mécanisation (- 34 %). Les Civam notent que « si les élevages du Rica produisent 90 000 l de lait en plus, l’équivalent de 67 000 l disparaît dans les surplus d’aliments achetés ». La réduction des charges observée sur les élevages herbagers n’est donc pas proportionnelle à celle de la production. En clair, ils consomment moins pour produire autant. Et ils peuvent donc consacrer une part plus grande de la richesse produite à la rémunération du travail.
Des bénéfices environnementaux en plus
Ces systèmes favorisent en outre la biodiversité et l’environnement en s’appuyant sur des prairies de longue durée, à la flore variée, et sur les haies. Leur besoin en énergie est plus faible, du fait d’une moindre mécanisation. Les Civam ont calculé que pour dégager 100 € de rémunération du travail, les systèmes herbagers émettent 400 kg de CO2, contre 2 t pour ceux basés sur le maïs. Ils s’avèrent bénéfiques également sur le plan social car ils génèrent davantage d’emplois. Parce qu’ils achètent peu d’intrants, ils consomment moins de surface à l’extérieur de leur ferme. Et parce qu’ils mobilisent moins de capitaux, ils sont plus facilement transmissibles.
Cette tendance des élevages herbagers à une meilleure rentabilité se retrouve chaque année, comme l’avait montré une étude similaire des Civam sur dix ans (voir notre article sur les systèmes autonomes).
À chacun de choisir son système selon ses goûts et le contexte de sa propre exploitation. Mais les systèmes herbagers méritent d’être envisagés.
(1) Pour lire l’étude complète : www.civam.org
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