Dans la majorité des régions, la pousse de l’herbe du mois de juin est inférieure aux moyennes de référence. L’herbe perd en qualité à vue d’œil surtout dans les prairies où l’épiaison a été mal maîtrisée. Pour ceux qui n’ont pas fait de stocks sur pied, c’est l’heure d’agrandir la surface pâturable avec les prairies fauchées, de ralentir la rotation du pâturage tournant pour ne pas épuiser l’herbe et de se remettre à distribuer du fourrage.
Seules quelques régions fourragères du quart Nord-Ouest ont une production excédentaire. En régions Midi-Pyrénées, Aquitaine, Champagne-Ardenne, Bourgogne et dans l’Ouest de la région Rhône-Alpes, la production est faiblement à fortement déficitaire. (cf carte des déficits de rendement).
« Dans le Calvados, le pâturage a pu démarrer tôt, autour du 10 mars, sans problèmes de portance, explique Pascal Rougier, en charge de l’observatoire de l’herbe dans le Calvados à Littoral Normand. Ce pâturage constant a donné de la lumière au trèfle qui se porte bien cette année. Avec l’aide de quelques orages cet été, les regains d’automne devraient être riches en légumineuses ».
« Il n’y a pas eu de périodes de croissance exceptionnelle ce printemps ; nous avons eu un pic à 82 kgMS/ha/j au 20 avril alors qu’il est fréquent de dépasser des moyennes de 100 kgMS/ha/j. » D’après l’observatoire de l’herbe du Calvados, la production d’herbe cumulée depuis mi-mars est aujourd’hui de 5,1 tMS/ha, légèrement en-dessous de la moyenne de référence de 5,4 tMS/ha.
Dans le grand Ouest, la pousse printanière s’est nettement ralentie au cours du mois de juin. Le vent de Nord-Est, froid et desséchant, qui a soufflé la première quinzaine de juin a freiné la croissance de l’herbe mais a permis de faner rapidement des foins de bonne qualité. Malgré 10 à 40 mm d’eau en Basse-Normandie autour de la mi-juin, le temps est reparti au sec avec de fortes chaleurs.
« Depuis la deuxième semaine de juin, nous sommes désormais en-dessous des normes de pousse de référence. La semaine dernière, la production avoisinait les 30 kgMS/ha/j et cela va encore descendre cette semaine, constate Pascal Rougier. J’ai même vu des trèfles commencer à friser témoignant du manque d’eau dans le sol ! Pour préserver le stock estival, il faut consommer les parcelles qui souffrent en priorité et se remettre à distribuer du fourrage (ou en distribuer d’avantage).»
40 jours de repos
A cette période de l’année, les prairies ont besoin d’un temps de repousse de plus d’un mois (30 à 45 jours) afin de ne pas épuiser les réserves racinaires des graminées. « En cas de rotation trop rapide, le surpâturage ne fera que réduire la production annuelle et les prairies risquent de se salir davantage avec l’apparition d’agrostis ou de chardons », prévient l’expert en fourrage.
Allonger le temps de repousse exige d’augmenter la surface à offrir aux vaches. Lorsque les parcelles de fauche ont atteint une bonne dizaine de cm, c’est le moment de les réintégrer dans le circuit de pâturage, en commençant par les prairies les plus séchantes afin de conserver l’herbe des prairies plus fraîches pour cet été. Le pâturage de prairies fauchées se fait sur des hauteurs d’herbe d’entrée plus proches de 15 à 20 cm que de 12 cm, conseille-t-il. Le volume et la hauteur d’herbe sont sources de gaspillage si les animaux sont lâchés dans la parcelle sans précaution. Il est donc indispensable de faire pâturer au fil avant.
Faire son bilan fourrager
Dans les élevages herbagers, certains ont pu faucher tôt après le premier tour de prairies et ont fait des stocks d’herbe sur pied à pâturer en été. « Cela amène à exploiter une herbe âgée en pâturage mais évite de récolter au printemps pour ensuite redistribuer de l’herbe conservée ou du maïs en plein été », fait remarquer Pascal Rougier. Pour cela, mieux vaut privilégier les prairies riches en trèfle blanc (30 % minimum) qui conservent de bonnes valeurs alimentaires malgré des temps de repousse allongés.
Pour Pascal Rougier : « C’est l’heure de calculer son bilan fourrager, de faire le tour des parcelles à l’herbomètre et d’évaluer l’état des stocks sur pied et ceux conservés. Il faut prévoir pour cet été et pour l’hiver à venir. Pour ceux qui seraient trop justes, c’est le moment de prévoir des achats de fourrages avant de se retrouver à sortir le porte-monnaie au plus fort de la demande. » Réduire le cheptel par le biais des tarissements peut aussi être un levier pour accroître la surface offerte aux vaches en lactation.
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