Un élevage laitier ne produit pas que du lait. Il produit aussi une grande quantité de données. Contrôle laitier, laiterie, vétérinaire, inséminateur, Dac, colliers, éventuellement robot… Au fil des années, les occasions se sont multipliées d’enregistrer le niveau de production, les taux, les maladies, la génétique. Lors du Sommet de l’élevage, Fanny Tenenhaus-Aziza, directrice data et statistiques au Cniel, a fait le tour des opportunités offertes par les données recueillies en élevage mais aussi des risques qui leur sont inhérents.
De nouvelles connaissances à portée de main
Les données issues de l’élevage sont utiles à un grand nombre. À l’éleveur, d’abord, qui les utilise pour piloter son élevage. À ceux qui le conseillent, ensuite : pour le vétérinaire, l’inséminateur et les techniciens, elles sont un outil précieux. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Aujourd’hui, tous les maillons de la chaîne produisent des données, y compris les laiteries, qui gèrent les quantités, la qualité des produits, la traçabilité. La centralisation et l’exploitation globale de toutes ces données pourraient être utiles à tous les acteurs de la filière.
Avant tout, elle allégerait la charge de travail des opérateurs de l’élevage, en leur évitant d’avoir à ressaisir une information qui existe déjà. D’autre part, une analyse globale permettrait surtout d’accéder à des connaissances nouvelles en matière de sanitaire, de gestion des troupeaux ou de qualité des produits vendus au consommateur. À terme, il sera possible de « produire des références pour la filière à des maillons géographiques d’intérêt et en valorisant des données récentes », explique Fanny Tenenhaus-Aziza.
Seule difficulté : les données représentent un volume impossible à traiter avec les outils traditionnels. Elles nécessitent des outils spécifiques au traitement des gros volumes d’informations, grâce auxquels il est possible, par exemple, de croiser automatiquement différents types de données. Une chose qui n’était pas faite jusqu’ici.
La sécurité en question
Avant d’en arriver là, cependant, il reste à régler différentes questions, dont la sécurité. Des risques sont en effet associés aux données en général : vol, piratage, utilisation à des fins malveillantes… Il est normal que tous les maillons de la chaîne aient besoin d’être rassurés sur ce point. Pour ce faire, le travail concerne aussi bien la réglementation que les techniques de sécurité informatique. « Il va falloir consolider un cadre juridique, technique et administratif sécurisant pour toutes les parties prenantes », dit Fanny Tenenhaus-Aziza. Il est également nécessaire de formaliser une contractualisation. Celle-ci recueille le consentement de l’éleveur et permet de lever les craintes. Par exemple, le label Data Agri, porté par la FNSEA « permet aux acteurs collectant de la donnée de garantir des pratiques protégeant l’intérêt des exploitants agricoles et contribue à équilibrer la relation entre collecteur et fournisseur de données ».
Pourquoi pas vendre des données ?
Reste la question de la propriété des données. « Pourquoi ne se vendraient-elles pas ? », demande Samuel Bulot, éleveur et administrateur FNPL. Car ces données ont une valeur, parfois très élevée au regard du gain technique et économique qu’elles permettent. Certains éleveurs se demandent donc pourquoi ils devraient les fournir gratuitement. Çà et là, des solutions s’inventent ; une réduction sur un robot en échange de la collecte automatique des données, par exemple. Si les données sont rémunérées, il faudra fixer un prix et des modalités de rémunération. Mais les différents acteurs de la filière ne semblent pas exprimer d’hostilité a priori. « Le débat est ouvert », conclut Samuel Bulot.
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