Incorporée à la ration ou pâturée, la betterave fourragère a toute sa place dans l’alimentation des animaux. Bonne productivité, excellentes valeurs alimentaires, résiliente face au changement climatique, la culture permet de sécuriser les systèmes fourragers, diversifier les rations et les rotations.
Alors que la pulpe de betteraves a tendance à disparaître des élevages, la betterave fourragère pourrait bien se (re) faire une place au soleil. De plus, « on dit de la betterave qu’elle éloigne du vétérinaire », introduit Bruno Osson, technicien développement Semae à l’occasion d’un échange technique organisé le 22 novembre 2023 à Saint Martin d’Hardinghem (62). Ce rendez-vous était organisé par l’association Elvea Hauts-de-France, en partenariat avec la société Agro-Fourrage et KWS Momont.
Des intérêts zootechniques et agronomiques
Polyvalente dans ces usages, riche en énergie, la betterave fourragère est valorisable par de nombreux animaux, bovin, ovin caprin. Elle a par ailleurs de nombreux atouts agronomiques à faire valoir.
« La betterave fourragère a une valeur alimentaire équivalente à celle du maïs et bien meilleure que celle de la pulpe, d’autre part, elle permet aussi d’améliorer la mastication et de fait, limite le risque d’acidose chez les ruminants », précise Bruno Osson.
« D’un point de vue agronomique, grâce à son très bon niveau de productivité (15 à 20 t/MS/ha), elle ne nécessite pas qu’on lui consacre de grandes surfaces. De plus, c’est une espèce particulièrement résiliente face au changement climatique, grâce à sa très bonne capacité de récupération en conditions séchantes », assure Remy Pigneaux, conseiller fourrages et pâturage chez Agro Fourrage. Et s’il fallait encore des arguments pour convaincre, « c’est un excellent piège à nitrate à l’automne, et elle valorise bien les effluents d’élevage. Enfin, en plus d’être distribuée et consommée à l’auge, entière, hachée ou coupée en morceaux, elle peut être aussi pâturée. Cela peut être une solution pratique et économique pour les éleveurs », complète le conseiller.
Choisir sa variété en fonction de la destination
Les variétés disponibles sur le marché se classent en plusieurs catégories selon leur pourcentage en MS. Il faut avoir en tête que plus le taux de MS est élevé, meilleure est la productivité. Mais Thierry Chesneau, responsable marché KWS Momont, tient à préciser qu’il ne faut pas raisonner son choix variétal par rapport au rendement. « Des betteraves riches en MS seront plus délicates à pâturer par les bovins. En revanche, elles se stockent et se conservent très bien. Il faut les destiner à la consommation à l’auge. Le choix de la variété doit en priorité prendre en compte la destination ».
Le semis est une étape clé de la réussite de la culture. « Des semis compris entre le 15 mars et le 15 avril limitent les risques de gel ou encore les attaques de limace. Il faut soigner la préparation du sol et se fixer comme objectif une densité de semis de 100 000 plantes/ha. Alors, on s’assure d’une couverture rapide et optimale pour limiter le désherbage, et une culture homogène, facilitant la récolte », détaille le responsable.
Ventiler pour bien conserver
Les intervenants s’accordent à dire que l’espèce a beaucoup de potentiel et constitue une réelle opportunité technique et économique pour sécuriser les systèmes fourragers, mais il convient de poursuivre les travaux de recherche sur la conservation et le stockage.
Une recommandation toutefois est avancée par Remy Pigneaux « La betterave est un produit riche en eau, donc il convient, de prévoir une bonne ventilation pour évacuer chaleur et humidité. Pour une conservation en tas, à l’extérieur, il faut s’inspirer de ce qui se fait en betteraves sucrières, à savoir bâcher avec des bâches de type Toptex qui laissent respirer sans prendre l’eau ».
La betterave fourragère semble avoir de beaux jours devant elle dans les exploitations d’élevage. Elle présente un certain nombre d’arguments zootechniques, agronomiques et économiques. Au-delà de nos frontières, c’est une culture déjà bien appréhendée par les éleveurs, mais les intervenants tiennent à rappeler qu’il n’existe pas de solutions toutes faites, et qu’il reste encore des travaux à mener, notamment sur la façon de la stocker et de l’intégrer aux ensilages d’herbe ou de maïs.
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