La coopérative Even (Finistère) enregistre un résultat stable malgré un chiffre d’affaires en baisse à 2,1 Md€. Elle a décidé de verser 7,3 M€ à ses 670 adhérents, soit un bonus de 17,40 €/1 000 l. Ses coopérateurs sont habitués à des ristournes importantes mais là, ils sont proches du record. Cependant, la somme ne sera pas intégralement versée sans condition. 4 €/1 000 l rejoindront un fonds RSE. Les éleveurs qui s’engagent à agir dans le sens de l’amélioration des conditions de travail, de l’environnement ou du bien-être animal pourront présenter leurs factures pour récupérer ces 4 €. Tous ont reçu un catalogue listant les actions éligibles. Cela va de la plantation de haies à l’aménagement de chemins pour les pâtures, en passant par l’automatisation ou le matériel de contention.
La démarche RSE concerne également la filiale Laïta, qui s’engage à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030. « Le sujet du climat devient une préoccupation majeure, et nous devons montrer à nos clients et aux consommateurs que nous nous y attaquons », justifie Guy Le Bars, président d’Even et de Laïta.
Les acheteurs doivent accepter l’inflation
L’autre priorité du groupe concerne la valorisation. La collecte fléchit légèrement et Guy Le Bars estime que cette tendance est préoccupante. « Le lait ne rémunère pas à la hauteur des capitaux et du travail engagés », poursuit Guy Le Bars. Le renouvellement des exploitations passe par la motivation des jeunes à s’installer, ce qui suppose une certaine rentabilité. « Nos acheteurs doivent comprendre qu’il vaut mieux accepter une inflation modérée aujourd’hui, justifiée par la hausse des charges, s’ils ne veulent pas se retrouver demain à la merci de fournisseurs étrangers très volatils, faute d’une production française suffisante. » La crise sanitaire a montré que la souveraineté alimentaire est un enjeu, les consommateurs recherchent les produits français. C’est un atout pour avancer. Reste à convaincre les acheteurs.
Even envisage de produire du brie et de l’emmental issus de lait de vaches pâturant une grande partie de l’année. C’est une réalité sur le bassin de collecte du nord Finistère. Mais séparer la collecte et la transformation revient à désorganiser un fonctionnement rationalisé qui a fait ses preuves. Il est donc essentiel de sécuriser la création de valeur.
La rentabilité passe aussi par la compétitivité et Guy le Bars s’interroge sur le coût des services aux éleveurs, plus élevé en France qu’ailleurs. Il espère que la création d’Innoval conduira à une réduction de ces coûts, tout en regrettant que ceux de BCEL-Ouest n’aient pas baissé à la suite de sa création.
Sur le plan industriel, la nouvelle tour de séchage de Créhen, dans les Côtes-d’Armor, monte en puissance comme prévu. « Il s’agit d’un outil haut de gamme qui permet de produire de la poudre prémium », souligne le président de Laïta. Sur le marché convoité de la poudre de lait infantile, il constate qu’une telle usine fidélise les clients internationaux.
Pascale Le Cann
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