Un peu, beaucoup... attention ça peut vite déborder !

Combien de génisses pour le renouvellement du troupeau ? Avec des vêlages à 26-27 mois, et 33 % de renouvellement, le curseur se situe à 7,5 génisses pour 10 vaches. En vêlages tardifs, à 30 mois, le curseur affiche 8,2 (ou 7,5 en passant à 30 % de renouvellement). En pratique, en France, les éleveurs ont pour habitude de garder toutes les génisses nées sur leur exploitation. Le tri (s’il y a un tri) se fait sur les derniers mois de gestation ou une fois vêlées.

En France, 9,6 génisses pour 10 vaches !

Sur le réseau BTPL, la moyenne se situe à 9,6 génisses pour 10 vaches. 80 % des élevages se situent entre 7,4 et… 12,2 ! Il y a autant de génisses dans les grands troupeaux ou les plus petits, en nombre de vaches laitières. Juste un peu moins sur les troupeaux avec des systèmes herbagers. Utiliser des doses sexées entraîne forcément un plus grand nombre de génisses. Sans faire de croisement industriel, la nurserie est rapidement trop petite.

Faire durer les vaches pour élever moins de génisses

Une génisse coûte entre 1 300 et 1 400 € à élever, avec des charges opérationnelles qui se situent entre 700 et 1 000 € (mécanisation comprise pour les cultures fourragères).

Nous avons retenu 900 €/génisse de charges opérationnelles pour les calculs ci-dessous. En gardant des vaches un peu plus longtemps en lactation, de 2,2 à 2,7 lactations, c’est + 75 €/lactation, soit + 9 €/100 l pour une lactation à 8 000 l/vache /an.

Simulation pour un troupeau 80 vaches (640 000 l livrés) à effectifs constants, 1 300 l d’écart entre une primipare et une multipare :

Au bout du calcul, en moyenne, le solde est de + 6 €/1 000 l ou 4 000 €/an. Mais tout dépend des différents critères. À chacun d’appréhender le calcul pour son propre élevage : lait produit en plus par les multipares, prix des réformes…

La SFP libérée est-elle réellement cultivable ? S’il ne s’agit que de prairies naturelles ou de parcelles à faible potentiel, la marge culture est nulle. Les coûts restent, même si on élève moins de génisses. Enfin pour les pénalités leucocytes, si la situation n’est pas maîtrisée, quelques génisses de plus ou de moins accélèrent la réforme des vaches infectées. Ce n’est qu’une solution temporaire, en attendant d’identifier les causes des mammites. Il faut y ajouter les primes « super qualité ». Selon les grilles, elles peuvent faire pencher la balance.

Au final, quel taux de renouvellement pour mon troupeau ?

Viser 7,5 génisses pour 10 vaches, ou un taux de 30 % de renouvellement, doit rester un objectif. Sans agrandissement de troupeau, ces génisses compensent les sorties nécessaires et assurent une marge de sécurité. Les génisses supplémentaires sont aussi une assurance pour pallier un souci sanitaire imprévu ou une évolution de structure. Mais attention : la mauvaise solution économique serait de les intégrer au troupeau et de réformer plus. Le marché des génisses amouillantes ou des vaches fraîches vêlées restent des marchés d’opportunités.

La marge réalisée par génisse vendue est-elle intéressante ?

Prenons un exemple. Avec un prix de 1 150 €/génisse vendue, et le coût des charges opérationnelles de 900 €, la marge est de 250 €/génisse vendue + la marge troupeau de + 4 000 € (tableau ci-dessus). Si on vend 7 génisses par an, cela représente 7 x 250 = 1 750 €, soit 1 750 € + 4 000 € - 2 500 € (marge culture) = + 3 250 €. Le solde est un peu plus important en faisant vêler la génisse puis en la vendant à 1 mois de lactation. La bonne question est surtout de savoir si l'on considère que ces 3 250 € rémunèrent ou non le temps passé. Oui et non, tout dépend des conditions d’élevage.

Il existe aussi des opportunités locales où les ventes dépassent largement le chiffre retenu dans le calcul : génisses à fort potentiel génétique, de race recherchée comme la Jersiaise ou vache nourrice pour les bassins d’élevage allaitant... Mais c’est une assurance qui impose du travail en plus. Et l’investissement en concentrés et en fourrages n’est récupéré qu’au bout de 18-24 mois une fois la génisse vendue. Néanmoins, on gagne en confort de travail en réformant des vaches qui « bricolent ».