1954 : une ration de lait était distribuée tous les jours à chaque écolier de France.
Pour la génération du baby-boom, rassemblant tous les bébés de la puissante vague de naissances de la France d’après-guerre, il est un souvenir d’enfance commun particulièrement vivace : l’odeur du lait chaud qui saisissait chacun lorsqu’il franchissait le seuil de n’importe quelle école des 36 000 communes de ce pays. Chaque jour, à partir de l’automne, une ration de lait sucré est effectivement gratuitement distribuée à chaque écolier de moins de 12 ans, de l’enseignement public ou privé. C’est ce qu’a décidé le gouvernement dirigé par le président du Conseil, Pierre Mendès France, gouvernement installé le 18 juin 1954 par une large majorité rassemblant radicaux, socialistes et gaullistes.
Au-delà des questions internationales et coloniales de l’époque, les préoccupations majeures restent toujours celles de la reconstruction et de la « modernisation » du pays. Personne n’a oublié l’émouvant et déterminé appel au secours de l’abbé Pierre, le 1er février, pour venir en aide aux plus démunis, victimes des grands froids. L’annonce à la radio, par Pierre Mendès France en personne, de la distribution de lait dans les écoles reflète une volonté d’amélioration de la nutrition et de l’hygiène alimentaire des jeunes enfants : il convient de faire des petits Français des êtres « studieux, solides, forts et vigoureux ».
Soutenir les producteurs de lait
La préoccupation pour la santé publique est également affirmée. Le lait aux enfants s’inscrit ainsi dans la lutte contre l’alcoolisme : c’est le même gouvernement qui, en novembre, décrète, parmi de sévères mesures anti-alcooliques, une forte restriction du « privilège des bouilleurs de cru ». Le « verre de lait », c’est enfin un acte relevant d’une politique agricole destinée à appuyer le monde des producteurs de lait, souvent de petits polyculteurs, parfois organisés en coopérative. Le débouché offert par cette mesure n’est pas totalement négligeable. Cette initiative est surtout susceptible d’inscrire dans toutes les strates de la société une pratique alimentaire, une culture de la consommation du lait, et de contribuer ainsi au développement et à la structuration d’une filière agricole spécifique. Les grandes lois agricoles de 1960-1962 ne sont pas encore d’actualité, mais il n’est pas sans intérêt de noter que le lait aux écoliers est né d’une volonté commune de responsables politiques aux convictions antagonistes : le président du Conseil, député de l’Eure, avait osé s’accorder avec un secrétaire d’État, Jean Raffarin, député de la Vienne, « homme du lait » bientôt appelé à présider l’Union laitière du Haut-Poitou (1958) puis à la Fédération nationale des coopératives laitières (1960) et à devenir membre du conseil d’administration d’Interlait.
Laboratoire d’études rurales,université de Lyon


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