Mercosur : les syndicats agricoles reçus par Macron, la DNC en toile de fond

Des dépôts sauvages (déchets, pneus, lisier, amiante) ont été recensés devant plusieurs péages sur les autoroutes.
Des dépôts sauvages (déchets, pneus, lisier, amiante) ont été recensés devant plusieurs péages sur les autoroutes. (©Compte X @Coordinationrur)

Emmanuel Macron a reçu mardi après-midi à l'Elysée les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, avec en toile de fond l'inquiétude autour de la dermatose bovine illustrée par des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

« L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes », a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela « des mesures structurelles fortes ». « La balle a été transmise, maintenant elle est dans leur camp », a renchéri Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs.

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'État « l'extrême tension » et la « colère » du monde agricole et que des réponses étaient attendues « dès les premiers jours de janvier » sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'État et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité de libre-échange décrié entre l'UE et des pays du Mercosur. Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

« Sur le traité du Mercosur, la position de la France est ferme », a affirmé de son côté le Premier ministre Sébastien Lecornu, après le rendez-vous des syndicats agricoles à l'Elysée. « Aucun accord ne sera accepté s'il fragilise nos filières ou impose une concurrence déloyale. Le texte a évolué, mais le compte n'y est toujours pas », a ajouté Sébastien Lecornu, qui doit à nouveau rencontrer les syndicats agricoles le 5 janvier.

Des avancées qui ne conviennent pas

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, en demandant que les « avancées » réclamées par la France et l'Italie se concrétisent. « Les avancées que le président de la République nous porte ne nous conviennent pas », a une nouvelle fois martelé mardi soir le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, à la sortie de l'Elysée. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre. Pour la CR et la Conf', c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

« Importer du reste de la planète des produits qui ne correspondent pas aux standards européens et à ce qu'on nous demande tous les jours dans nos fermes, ça n'est pas possible », a redit Arnaud Rousseau. Hostiles à cet accord depuis des mois, les syndicats agricoles demandaient au président Macron de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être « plutôt positif » quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Nouveau cas en Haute-Garonne

« Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou » pas, a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères, citant des « mesures miroir », des « contrôles douaniers » et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest , mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

Le ministère de l'agriculture a confirmé mardi un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu. C'est le premier foyer majeur depuis le 15 décembre dans l'Aude. Un foyer d'une poignée de vache a été confirmé lundi dans les Pyrénées-Orientales.

Mardi, les blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 au sud de Bordeaux ou sur l'A64 à Carbonne (Haute-Garonne) et Briscous (Pyrénées-Atlantiques). À Cestas, au sud de Bordeaux, les manifestants de la Coordination rurale de Gironde (CR33) ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés à Carbonne, près de Toulouse.

Vers une nouvelle mobilisation en janvier ?

Mardi soir, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a estimé que le coût des blocages depuis environ dix jours dépassait le million d'euros dans la région, déplorant des « dégradations inacceptables ». Le maintien de ces blocages laisse entrevoir des complications sur les routes pour la veille de Noël mercredi, « une des journées les plus chargées » de la période des fêtes, selon les prévisions de Bison-Futé.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1 600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1 200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes. Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

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