
La stricte application de la prescription conditionne le succès thérapeutique et prévient les risques d'antibiorésistance, un enjeu de santé publique à prendre très au sérieux.
L'OBSERVANCE D'UN TRAITEMENT VÉTÉRINAIRE, C'EST RESPECTER scrupuleusement la prescription du médicament dans sa posologie, son mode d'administration et sa durée. Cette observance est essentielle au succès thérapeutique et préserve de conséquences graves, comme la sélection de bactéries résistantes aux antibiotiques dans le cadre d'une antibiothérapie.
À entendre certains vétérinaires praticiens, l'observance du médicament ne serait pas toujours respectée par les éleveurs. Leur retour d'expériences' apparente parfois à un tableau des horreurs : arrêt du traitement dès que l'animal semble aller mieux ; sous dosage pour économiser du médicament ou, au contraire, surdosage chez les « impatients de la seringue » ; protocole vaccinal non respecté en oubliant les rappels ; pharmacie sur chargée de flacons entamés ou périmés… Plus grave encore : usage d'antibiotiques dès que l'animal paraît souffrant, sans avoir appelé le vétérinaire ni même s'être assuré d'une possible infection en contrôlant la température de l'animal.
PAS DE MAUVAIS ÉLÈVES SANS MAUVAIS PROFESSEURS
Ces dérives identifiées conduiraient le vétérinaire à s'adapter aux pratiques de l'éleveur dans le choix du médicament à prescrire, donc à privilégier des formulations adaptées : matières actives à action longue ou s'utilisant avec des protocoles simples (une seule injection). Mais dans le cas d'une antibiothérapie, ces molécules « faciles à utiliser »par l'éleveur appartiennent souvent aux familles des antibiotiques dites « d'importance critique ». Elles sont dans le collimateur des autorités de santé publique pour un risque avéré d'antibiorésistance. Une autre dérive pointée du doigt est le défaut d'enregistrement des traitements, pourtant obligatoire dans le carnet sanitaire. Sans ces informations, le suivi du résultat thérapeutique par le vétérinaire est impossible. L'éleveur français serait-il le cancre de la médecine vétérinaire ? Les formations« éleveur infirmier », instaurée depuis 2006 en partenariat avec les GTV et les GDS, n'auraient-elles servi à rien ? Évidemment non ! Tous les vétérinaires le reconnaissent, même les plus pessimistes. Ces exemples choquants de mauvaise utilisation du médicament concernent une minorité d'éleveurs. D'autres osent même dire qu'il n'y a pas de mauvais élèves sans mauvais professeurs.
Car l'observance du médicament dépend souvent de l'investissement en communication du vétérinaire traitant vis-à-vis de ses clients éleveurs. Et en contrechamp des mauvaises pratiques citées plus haut, certains vétérinaires ont des progrès à faire. Comment être certain d'une bonne observance du traitement quand l'éleveur n'est pas informé du pourquoi son animal est malade, pourquoi le vétérinaire a choisi telle thérapeutique et quels sont les signes de la guérison à bien observer. La visite sanitaire obligatoire devrait être un moment privilégié de pédagogie autour du médicament vétérinaire. Depuis 2012, elle intègre d'ailleurs un volet spécifique à l'usage des antibiotiques. L'occasion de rappeler à l'éleveur les précautions indispensables nécessaires à l'usage de ce médicament, de vérifier le carnet sanitaire et de s'assurer de quels antibiotiques il dispose dans sa pharmacie, pour quel usage et en étant d'une rigueur implacable pour les antibiotiques critiques. « C'est parfois un travail de longue haleine. Il faut marteler la même chose, rappeler les fondamentaux dans l'observation d'un bovin malade, mais je suis optimiste sur la qualité de l'observance dans ma clientèle », nous confiait un vétérinaire de Vendée.
Même son de cloche pour les éleveurs laitiers que nous avons contactés. Aucun ne se permettrait de pratiquer une antibiothérapie sans un appel téléphonique au praticien en charge du troupeau. Tous sont sensibles aux échanges qu'ils peuvent avoir avec leur vétérinaire. Et plus la taille de l'élevage est importante, plus la notion de prévention apparaît essentielle. « Je me moque du prix de la visite, à partir du moment où mon vétérinaire m'explique pourquoi cette pathologie et comment faire pour que cela ne revienne pas », nous expliquait un éleveur de grand troupeau.
DOMINIQUE GRÉMY
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