« IL EST PLUS COMPLIQUÉ DE GÉRER LES FINS DE LACTATION »

Grâce à une surveillance rigoureuse du troupeau, Bernard Yvinec cherche à éviter les ennuis sanitaires qui favorisent les chutes de production en fin de lactation.© P.L.C.
Grâce à une surveillance rigoureuse du troupeau, Bernard Yvinec cherche à éviter les ennuis sanitaires qui favorisent les chutes de production en fin de lactation.© P.L.C. (©)

Avec un parcellaire favorable au pâturage, Bernard Yvinec cherche à optimiser la valorisation des concentrés pour préserver son efficacité économique. Mais la maîtrise devient délicate en fin de lactation lorsque certaines vaches baissent trop vite en production.

NOUS AVONS CHOISI LE ROBOT LELY ET LE SYSTÈME DE CIRCULATION LIBRE qui va avec. Nous devons attirer les vaches au robot et donc leur donner du concentré », précise Bernard Yvinec. Il est éleveur dans le Finistère, en EARL avec son frère Alain. Dans cette logique, les vaches doivent atteindre un haut niveau de production pour rentabiliser les aliments qu'elles consomment. Elles sont à 10 100 kg de lait avec 147 g de concentré/kg de lait. C'est mieux que la moyenne des éleveurs équipés de robot à BCEL Ouest. Dans ce groupe de 275 élevages à 9 000 kg, le concentré représente en moyenne 163 g/kg.

Bernard ne cherche pas à monter trop haut en lait pour limiter les pertes de poids, surtout chez les primipares.

Ensuite, il vise une gestion économique des concentrés sans pénaliser les taux. Mais la conduite de l'alimentation se complique au pâturage. « Nous disposons de 40 ha de prairies à proximité de l'élevage et nous souhaitons les valoriser. » Ceci est d'autant plus intéressant que le robot n'est pas saturé. L'élevage a acquis un premier robot en 2007.

Mais une stalle ne suffi sait plus pour produire un quota monté à 720 000 l. Depuis l'achat d'un deuxième robot l'an dernier, la pression est moins forte à la traite. Les vaches pâturent donc au printemps et en été. Le silo reste toujours ouvert.

« Pour faire rentrer le troupeau, je distribue de l'ensilage matin et soir », ajoute Bernard. Il réalise des paddocks pour douze heures avec un changement à 15 h et un autre à 3 h. Une porte de tri permet d'orienter les vaches après la traite. Selon l'éleveur, ce système crée un mouvement. Les fortes productrices savent qu'elles doivent rentrer pour aller vers une autre parcelle. Les autres suivent. Bernard avance le fil deux fois par jour, ce qui lui permet de s'assurer que toute sont changé de paddock.

« CERTAINES VACHES DÉCROCHENT AU PÂTURAGE »

La complémentation est ajustée selon la production, sauf pendant les cent premiers jours de lactation. Cinq jours avant le tarissement, la complémentation est réduite pour faciliter l'arrêt de la production.

Si cette conduite fonctionne plutôt bien, il arrive que des vaches décrochent trop vite en fin de lactation. Certaines tombent à 15 ou 20 kg de lait plusieurs semaines avant la date de tarissement prévue.

À ce niveau de lait, le robot leur donne encore 300 g déconcentré pour les attirer. Ceci représente un coût car, sur le plan nutritionnel, la complémentation n'est pas nécessaire. De plus, ces vaches peu productives sont souvent refusées au robot. À 20 l de lait/jour, une vache n'est traite qu'une fois et demie en moyenne. Enfin, sur le plan sanitaire, le risque de lipolyse est accru, notamment lorsque les vaches sont à l'herbe. Et puis ces vaches sont peu motivées pour rentrer à la stabulation. Il arrive qu'elles ne changent pas de pâture et l'éleveur doit les ramener. Cette baisse de fréquentation du robot nuit aussi à la production.

Pour contrer ces difficultés, l'éleveur joue sur plusieurs tableaux. Il constate que les vaches qui ont eu un problème sanitaire (mammite, boiterie, maladie métabolique…) décrochent plus facilement enfin de lactation. « C'est une raison supplémentaire de tout faire pour garder les vaches en forme. Cela nécessite beaucoup de surveillance et donc du temps », précise Bernard. Il passe dix minutes par jour à éplucher les informations sur son ordinateur. Il surveille notamment les fluctuations dans la distribution du concentré. Elles sont liées à la production.

« Quand ça baisse, je cherche à comprendre pourquoi. Et selon les cas, je sors les vaches concernées du programme d'alimentation pour fixer moi-même leur complémentation. »

L'autre piste suivie par l'éleveur concerne la sélection. Carles vaches à haut potentiel ont une meilleure persistance de lactation. L'objectif est d'homogénéiser progressivement le niveau génétique. Bernard joue aussi sur la gestion des pâtures. L'enjeu est de limiter les fluctuations de qualité qui provoquent des baisses de production, souvent irréversibles en fin de lactation. Les refus sont fauchés afin de favoriser le développement du trèfle et d'améliorer la qualité du pâturage.

« LA PERSISTANCE EST MEILLEURE AVEC LA RATION HIVERNALE »

Malgré tout, cet été, Bernard a tari sept vaches avec quelques semaines d'avance sur la date prévue. « Elles produisaient moins de 20 kg de lait et consommaient encore 300 g de concentré avec des intervalles de traite de cinq à vingt heures. »L'apport de concentré n'était plus rentable à ce niveau. Mais malgré ce tarissement précoce, ces vaches ont produit plus de 10 000 kg.

Il constate que les vaches qui terminent leur lactation en hiver fréquentent mieux le robot. Leur production ne chute pas. La qualité régulière et maîtrisée de la ration y est pour beaucoup. En moyenne, sur l'élevage, les vaches sont taries à 350 jours alors qu'elles produisent 22 à 23 kg de lait.

PASCALE LE CANN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
journée technique sur la tuberculose bovine

La tuberculose bovine fait frémir les éleveurs bas-normands

Maladies
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe

Tapez un ou plusieurs mots-clés...