
Détection des vêlages puis des chaleurs, aujourd'hui, la multitude des données fournies par les capteurs permet de déceler précocement les troubles de la santé et de l'alimentation.
MÉDRIA EST UNE ENTREPRISE BRETONNE QUI S'EST SPÉCIALISÉE dans les solutions de monitoring à destination des éleveurs. « Notre vocation : fournir des informations fiables et de valeur qui servent à la conduite des élevages », explique Jean Pierre Lemonnier, président et fondateur de Médria.
L'entreprise combine un savoir-faire en matière d'infrastructures télécoms (transmission d'informations) et de logiciels capables d'analyser des milliards de données pour offrir aux éleveurs des services innovants, notamment en matière de prévention des troubles de la santé. « Il s'agit d'aller au-delà de la détection pour passer à l'anticipation », poursuit-il.
La plateforme Médria commence par des capteurs placés sur l'animal (collier, bolus, thermomètre vaginal). Les mesures sont captées par une box unique qui transmet les données aux serveurs Médria. C'est là le coeur du réacteur qui stocke et analyse ces données, et crée les indicateurs utiles à l'éleveur. Ceux-ci sont transmis sur les terminaux des destinataires par SMS ou par internet.
UN ACCÉLÉROMÈTRE SUR LE COLLIER
En 2006, Médria propose une solution de détection du vêlage. Il s'agit d'un thermomètre placé dans le canal vaginal sept jours avant la fin prévue de la gestation. Il mesure et transmet en permanence la température à la box radio à plus de 200 m. La variation caractéristique de la température quarante-huit heures avant le vêlage est signalée à l'éleveur par SMS. Cela lui permet de placer l'animal dans les meilleures conditions. Le thermomètre étant expulsé avec la poche des eaux, un deuxième message informe de l'imminence de la mise-bas.
En 2010 apparaît le boîtier Axel, un accéléromètre trois axes, monté sur le collier de l'animal, qui va permettre de développer le détecteur de chaleur HeatPhone. Toujours associé à la base radio, il mesure et enregistre, toutes les cinq minutes, neuf relevés statistiques qui décrivent l'activité de l'animal. Ces données sont transmises au serveur Médria, où l'algorithme de calcul génère les alertes annonçant la prédiction et la confirmation des chaleurs. La fiabilité mesurée en ferme expérimentale et en élevages est supérieure à 90 %. L'éleveur peut aussi suivre la cyclicité de ses vaches sur les courbes d'activité et les historiques. Avec le San'Phone, en 2007, Médria était allé plus loin que la simple alerte sur un événement (chaleurs, vêlage). Le bolus ruminal, qui mesure et analyse l'amplitude et la durée de fièvres de l'animal, a pour but de qualifier les troubles de santé en offrant une valeur prédictive fiable à l'éleveur, lequel peut alors anticiper et adapter son attention et ses interventions. Ce thermo-bolus, avalé par le ruminant, réside à vie dans le rumen et mesure la température toutes les cinq minutes avec une précision de +/- 0,1°C. L'objectif est avant tout de qualifier les variations de températures observées. L'éleveur est alerté pour les hyperthermies importantes, supérieures à 41,4°C pendant plus de deux heures, et les hypothermies inférieures à 37,4°C pendant plus de quatre heures qui peuvent signer des troubles graves (torsion de matrice, fièvre vitulaire, etc.). Les fièvres de longue durée sont également signalées ainsi que les fièvres passagères de moins de huit heures trente souvent provoquées par les mammites, vingt-quatre à quarante-huit heures avant l'apparition des grumeaux. Le thermo-bolus sert aussi à signaler une consommation d'eau en forte baisse et le nombre de buvées. En 2014, Médria proposait un nouveau service : le Feed'Phone, destiné à détecter les troubles de l'alimentation (récompensé par un Inel d'or). Avec le même capteur Axel que le HeatPhone, Médria est désormais capable de mesurer les temps d'ingestion et de rumination de l'animal. L'enregistrement de ces deux activités par le FeedPhone a été validé par l'Inra de Rennes (Ille-et-Vilaine). La précision est au minimum de 90 % et il n'y a aucune confusion entre la détection de l'ingestion et de la rumination. L'Inra note qu'à l'échelle d'un troupeau, la précision du FeedPhone est suffisante pour détecter des variations interjournalières de 5 % des durées d'ingestion et de rumination.
ANALYSES DES COMPORTEMENTS ANORMAUX
L'outil différencie aussi l'alimentation à l'auge ou au pâturage. Car les mouvements de tête ne sont pas les mêmes entre ces deux modes d'alimentation. Les temps d'ingestion et de rumination des dernières vingt-quatre heures sont comparés aux temps moyens des sept derniers jours. Le FeedPhone détecte ainsi les animaux qui ont un comportement alimentaire anormal et en informe l'éleveur, par SMS mais aussi par des courbes ou des graphiques d'une lecture plus facile. L'éleveur peut créer plusieurs groupes d'animaux pour surveiller leurs comportements alimentaires et ainsi intervenir rapidement en cas de situation à risque. « Avec le degré de précision d'outils comme le FeedPhone et le San'Phone, le potentiel est énorme. Demain, en croisant les différentes données, nous irons encore plus loin que la détection des fièvres des temps de rumination et d'ingestion pour arriver à caractériser très finement le comportement de l'animal. Toujours avec l'objectif d'offrir à l'éleveur des indicateurs prédictifs très sensibles », explique Jean-Pierre Lemonnier. Médria assure que depuis 2010, environ 80 000 vaches sont équipées du boîtier Axel, essentiellement pour le service HeatPhone et une centaine d'élevages utilisent les services du FeedPhone. Potentiellement, tous les utilisateurs du HeatPhone peuvent accéder au FeedPhone. L'entreprise devrait d'ailleurs leur faire une offre de test cette année.
D.G.
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