
Corinne Rialland, Éric Guesdon et leur fils ont autoconstruit un « caisson » sous leur hangar.
L'AMÉNAGEMENT D'UNE NURSERIE DEVENAIT UNE NÉCESSITÉ pour Corinne Rialland et Éric Guesnon, associés en Gaec. Jusqu'en 2009, les veaux étaient à l'attache dans l'ancienne étable à vaches. « Cela n'était plus tenable », confie Corinne en charge de leur suivi. La capacité du bâtiment était devenue insuffisante après l'augmentation du troupeau de dix vaches en 2007. Jusqu'à six mois, les veaux étaient élevés dans trois endroits. « Les conditions de travail devaient aussi évoluer, juge-t-elle. Il fallait transporter le lait doux sur 40 m. Les seaux étaient stabilisés par des pneus posés à même la paille. J'étais bousculée par les veaux pendant la buvée. Parfois, je recevais des coups de pattes. » Elle apprécie ses nouvelles conditions de travail : une nurserie fonctionnelle, bien équipée et éclairée.
Sa conception intérieure est classique. Elle est composée de dix cases individuelles pour les nouveau-nés en face desquelles 4 cases collectives de 6 ou 8 places ont été installées. L'originalité réside dans son emplacement. Elle a été construite sous le hangar à matériel, un bâtiment fermé sur trois pans. « Il présente deux atouts. Il se trouve à 10 m de la laiterie et il est exposé plein sud, explique Éric. Ce deuxième point a emporté la décision. Nous n'étions pas opposés à un bâtiment tout neuf mais la seule implantation proche de la laiterie se présentait au nord. Ce n'était pas idéal pour la santé des veaux. »
Bâtir une nurserie sous le hangar ne fait pas peur au couple, car Éric est un habitué de l'autoconstruction. Restait à établir comment casser le une ambiance adaptée. Il fait appel au GDS de l'Orne qui développe un service « veaux » depuis vingt ans.
« HUIT CHEMINÉES CONÇUES POUR ÉVACUER L'AIR »
Après expertise, le GDS 61 leur conseille une ventilation statique à partir de huit cheminées courtes installées dans le plafond. « C'est une technique que nous proposons pour l'aménagement des bâtiments existants. Elle peut être appliquée dans les grandes stabulations », souligne Dominique Lamour, le responsable. Sous la pression des vents dominants en provenance du sud-ouest, l'air entre naturellement dans le bâtiment par les façades sud et sud-ouest via des plaques translucides à claire-voie. Elles sont à plus de 2 m de hauteur de l'aire de vie des veaux pour éviter les courants d'air et les retombées d'air froid en hiver. L'air chaud et humide de la nurserie est évacué par les cheminées dont le nombre a été défini à partir de trois critères : le nombre de veaux accueillis, leurs catégories et le coefficient multiplicateur des filets extrudés (pour éviter l'empoussièrement) posés sur les cheminées. Ils régulent la vitesse de sortie de l'air et sont une protection antiretour de ce dernier. De même, la hauteur du plafond à 3,50 m met en adéquation le volume du bâtiment avec les besoins. En couplant aménagement de l'existant et autoconstruction, le Gaec du Pré Gélin affiche un montant d'investissement défiant toute concurrence : 475 € par place. « Si on y incluait la main-d'oeuvre, il faudrait compter le double », estime Éric, qui évalue mal le temps qu'il y a consacré avec son fils entre juin et octobre 2009. Une chose est sûre : ils ont occupé quatre après-midi à la pose du plafond composé de plaques en contreplaqué triply. Elles reposent sur un plancher suspendu à la charpente (voir ci-dessus). « L'une des principales difficultés a consisté en l'intégration des huit cheminées dans le réseau de bastaings qui composent le plancher », se souvient Félix.
Après la perte de plusieurs veaux, des diarrhées chez les tout petits et des coups de froid durant l'hiver 2009-2010 particulièrement rigoureux, la nurserie est passée à un rythme de croisière l'hiver dernier. « Nous déplorons une seule perte et les quelques diarrhées constatées se sont bien guéries », note avec satisfaction Corinne. Par précaution, elle préfère nourrir les veaux à la poudre de lait médicamenteuse, juste après la distribution de colostrum durant une dizaine de jours.
Le seul bémol porte sur l'isolation jugée insuffisante. « Le bâtiment est froid l'hiver. Nous avons paillé le plafond et lorsqu'il fait trop froid, une cheminée sur deux est bouchée. De même, nous utilisons des lampes chauffantes dans les cases individuelles et installons des planches qui couvrent un tiers de leur surface. » Cerise sur le gâteau : Corinne a confectionné des couvertures polaires qu'elle fixe sous le ventre des veaux par des élastiques. « Une solution serait de remplacer les tôles de la partie initiale du bâtiment, exposée au nord et nord-est, par des plaques isolantes », propose le GDS.
CLAIRE HUE
Le plafond du « caisson » est suspendu à la charpente métallique du hangar. Trois poteaux y sont boulonnés. Ils sont reliés en leur milieupar une tige métallique pour renforcer le dispositif.
Les plaques translucides, posées sur les façades à l'intérieur du hangar (ouest et sud), apportent l'éclairage intérieur nécessaire. Celles du pan sud sont en polycarbonate pour éviter leur jaunissement à la lumière. Tous les 15 cm, des fentes de 1 cm faites à la meuleuse favorisent l'entrée de l'air sous la pression des vents dominants latéraux du sud-ouest.
La largeur du couloir est dimensionnée pour porter un seau dans chaque main sans positionner le corps de biais. Elle est de 2,50 m entre les cornadis des cases collectives et individuelles, et de 1,70 m entre leurs porte-seaux.
Les cheminées d'évacuation d'air sont positionnées au-dessus des couloirs de stockage et travail pour éviter un retour d'air sur les veaux.
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