« JE VAIS INTENSIFIER LES PRAIRIES ET VENDRE DES GÉNISSES »

- L'EXPLOITATION - À Saint-Vougay (Finistère) - 1 couple - 404 000 l de quota - 55 vaches prim'holsteins - 69 ha , dont 15 en maïs ensilage, 13 en orge pour la vente, 1,5 en luzerne, 1,5 en betterave, 12 en prairie naturelle, 6 en prairie complexe et 20 en RGA-TB
- L'EXPLOITATION - À Saint-Vougay (Finistère) - 1 couple - 404 000 l de quota - 55 vaches prim'holsteins - 69 ha , dont 15 en maïs ensilage, 13 en orge pour la vente, 1,5 en luzerne, 1,5 en betterave, 12 en prairie naturelle, 6 en prairie complexe et 20 en RGA-TB (©)

Armelle et Roger Jaouen ont décidé de travailler la productivité des prairies afin d'enrichir la ration et augmenter la production par vache. Ils pourront ensuite vendre les animaux en surnombre.

J'AI SUIVI LA FORMATION PROPOSÉE PAR LA COOPÉRATIVE EVEN ET LE BTPL parce que je trouve intéressant de me remettre en cause », lance Roger Jaouen. Éleveur avec son épouse dans le nord du Finistère, il a plus de trente ans de métier, mais cherche toujours à progresser. La comparaison des différents postes de charges et de produits à l'intérieur du groupe est instructive. L'élevage maîtrise bien les charges opérationnelles puisqu'il frôle les 100 €/1 000 l quand la moyenne est à 140 €. En revanche, il est pénalisé par un coût élevé du foncier, 35 €/1 000 l, qu'il est difficile de réduire : « On loue toutes les terres ».

« DES FOURRAGES DE QUALITÉ »

Précisons que ces comparatifs ont été réalisés en 2010, sur la base des résultats de 2009. Le troupeau produisait alors 8 300 kg de lait à 42,4 de TB et 33 de TP, avec 717 kg de concentré. Une analyse plus poussée montre qu'il existe des marges de progrès pour améliorer la productivité des prairies, même si le système valorise déjà très bien le pâturage. « Selon le contrôle laitier, le rendement moyen des prairies est de 6,2 t de MS/ha. C'est une déduction plus qu'un calcul et cela tient compte des 12 ha de prairies naturelles sur 42 », précise l'éleveur. Il estime qu'il valorise environ 11 t de MS sur ses prairies temporaires, mais il peut faire mieux. « L'idée est de produire davantage de lait par vache grâce à une meilleure qualité des fourrages qui passe implantées dans les prairies.

Cela nous permettra de faire notre quota avec moins de vaches, et donc de vendre des génisses prêtes. En augmentant ainsi nos produits, on devrait améliorer et aussi sécuriser notre revenu. » Jusqu'à l'an dernier, toutes les prairies temporaires étaient ensemencées en ray-grass anglais et trèfle blanc. « La gestion de cette association est assez délicate. Je mets 5 kg de trèfle parce que j'ai toujours peur d'en manquer. Souvent, il y en a un peu trop durant les deux premières années, et il a tendance à disparaître après. » Roger refait ses prairies tous les quatre à cinq ans. Une rotation assez rapide qui permet de garder une proportion de trèfle correcte, tout en bénéficiant de la productivité supérieure des prairies jeunes.

L'année dernière, l'éleveur a implanté 6 ha de prairies complexes : un mélange de 15 kg de graminées (quatre espèces) et 10 kg de légumineuses (six espèces). Il espère parvenir ainsi à un meilleur équilibre entre graminées et légumineuses. L'intérêt réside aussi dans la productivité puisque ces parcelles pourront être pâturées tous les 12 à 14 jours. « On peut pâturer très ras et on obtient une ration de bonne qualité sans les problèmes liés à l'excès de jeunes légumineuses. » Si l'éleveur obtient les avantages escomptés, il ensemencera ainsi toutes ses prairies temporaires progressivement. Mais les prairies naturelles, trop humides pour être labourées, resteront en l'état. Elles sont valorisées par les génisses.

Le pâturage est majoritaire dans la ration d'avril à octobre. La mise à l'herbe débute fin février. Un mois à un mois et demi plus tard, les vaches sont dehors nuit et jour. L'éleveur a réalisé des paddocks d'1 ha, qu'il divise en deux dans la journée. Il enlève le fil le soir. Mais les vaches consomment toujours au moins 3 kg de MS de maïs par jour. L'éleveur trouve qu'elles gardent un meilleur état ainsi. Cela lui permet aussi de les bloquer au cornadis si nécessaire. Il s'arrange avec un voisin qui travaille de la même façon : « On prend le maïs dans le même silo, chez lui ou chez moi, pour que le front d'attaque avance suffisamment vite. » Comme chacun dispose d'une mélangeuse avec pesée des aliments, ils s'arrangent facilement. Pendant six mois, les vaches ne consomment pas de concentré.

De décembre à fin février, le pâturage est interrompu. La ration se compose alors de 50 kg bruts de maïs ensilage, 20 kg bruts de betteraves, 2 kg de luzerne, 1 kg de paille, 3 kg de correcteur azoté (soja ou autre) et 300 g de minéral. Cette ration est également servie, en moindre quantité, durant les périodes de transition. Quant au concentré de production, il n'est utilisé qu'en appoint, en fonction du quota restant à produire. « Cet hiver, j'en ai donné 2 kg à celles qui venaient de vêler, c'est tout. » Cette ration peu coûteuse (31,91 € de concentré/1 000 l et 22,95 € de fourrages/1 000 l) est efficace. L'an dernier, les vaches ont produit, en moyenne, 8 900 kg de lait brut à 44 de TB et 34 de TP, avec 727 kg de concentré. « Depuis un an, à la suite de la formation, je ne rationne plus les vaches au pâturage. Avant, je mettais la priorité sur la hauteur de sortie, je voulais des pâtures rases. J'ai gagné 600 kg de lait en leur donnant accès à volonté. » Pour nettoyer les prairies, il fauchera les refus et maintiendra ainsi la qualité de la pousse. Il a également diminué la luzerne. En prévision de cette hausse de productivité laitière, il a acheté dix petites génisses l'année dernière. Il les vendra pleines l'hiver prochain. Ce produit supplémentaire permettra de conforter le revenu.

Par la suite, il pensait miser sur les semences sexées pour faire naître davantage de femelles. L'idée était de faire un tiers d'insémination en race pure sexée, un tiers en non-sexée et un tiers en croisement industriel, afin de mieux valoriser les mâles. Mais les doses sexées utilisées n'ont pas fonctionné. Roger est donc un peu refroidi.

« J'ÉTUDIE LA POSSIBILITÉ DE PRODUIRE AVEC LE VOLUME B »

Les éleveurs réfléchissent à d'autres pistes pour améliorer leur revenu, notamment à une hausse du volume produit. La surface le permet, il reste de la place dans le bâtiment et l'autorisation d'exploiter est valable pour 60 vaches. « Avec un troupeau à haut potentiel, il est facile de monter à 10 000 kg/ vache avec des concentrés. Mais ce n'est pas rentable », estime Roger. En revanche, il étudie l'opportunité de produire plus dans le cadre du volume B, comme le propose sa coopérative. Pour lui, il s'agit d'un bon moyen pour mieux étaler les charges de structure, et donc réduire le coût de production.

En outre, les vêlages sont actuellement groupés sur sept mois (de juillet à janvier). « En étalant davantage, on peut produire plus sans surcharge de travail trop forte, et en gardant la salle de traite de 2 x 5 postes. » Les éleveurs inscrivent leur réflexion dans la perspective de l'installation de leur fils. Une motivation supplémentaire pour garder confiance en l'avenir.

PASCALE LE CANN

- L'EXPLOITATION - À Saint-Vougay (Finistère) - 1 couple - 404 000 l de quota - 55 vaches prim'holsteins - 69 ha , dont 15 en maïs ensilage, 13 en orge pour la vente, 1,5 en luzerne, 1,5 en betterave, 12 en prairie naturelle, 6 en prairie complexe et 20 en RGA-TB

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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Herbe

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