
Sylvie et Gilles Callegaro souhaitent augmenter leur cheptel pour produire les rallonges laitières obtenues ces dernières années et réduire certaines dépenses trop élevées.
SYLVIE CALLEGARO DRESSE UN BILAN POSITIF de la formation animée par le BTPL sur l'analyse du coût de production de son atelier laitier en fin d'année dernière. « Nous nous sommes réunis à neuf agriculteurs de la coopérative 3A des secteurs du Tarn et de la Dordogne pour comparer nos chiffres. Chacun a pu définir une stratégie afin de réduire ses charges », confie cette éleveuse, installée avec son mari Gilles. L'analyse des chiffres de l'année 2009 a pointé du doigt le fait que cette exploitation, située dans le sud de la Dordogne, n'est pas en rythme de croisière. Face à d'importantes attributions de quotas supplémentaires sur les campagnes précédentes, la référence laitière n'est pas totalement produite. Sur un total de 368 000 l de lait, seulement 338 000 l ont été livrés.
« UN SURCOÛT AVEC LES ÉCHOGRAPHIES »
« À cette époque, nous n'avions pas suffisamment de vaches pour produire ces volumes », poursuit Sylvie. Une situation préjudiciable puisque les charges de structure ne sont pas diluées dans la totalité du quota. Et au final, en excluant la rémunération de la main-d'oeuvre, le total des charges dépasse largement la moyenne : 477 €/1 000 l contre 418 €. Le détail du coût de production fait apparaître des charges en concentré supérieures de 30 €/1 000 l. « Ceci est lié au nombre important de génisses que nous élevons pour augmenter la taille de notre troupeau laitier », analyse l'éleveuse.
Le coût des fourrages est en revanche conforme à la moyenne (40 €/1 000 l). Sylvie et Gilles ont décidé de cesser de récolter le maïs en ensilage et de le stocker dans des boudins en plastique à l'état humide.
« La Cuma intervient sur une zone trop étendue et ne pouvait pas nous garantir de l'ensiler au stade optimal. Nous avons testé le maïs grain humide une année et avons été convaincus. Les vaches le valorisent bien. Le chantier de récolte est également nettement moins gourmand en temps de travail. » Il rentre dans la ration complète à raison de 6 kg/VL/j. Celle-ci comprend du foin à volonté ou de l'herbe pâturée. Cette ration est complétée par 3 kg de tourteau, un mélange de 60 % de soja et 40 % de colza. Du triticale produit sur l'exploitation est aussi distribué à hauteur de 2 kg/VL/j. La totalité de la SAU de l'exploitation (79 ha) sert à nourrir les animaux. Des frais d'élevage supérieur de 10 €/1 000 l à ceux du groupe ont été mis en évidence. Sylvie pense que ce surcoût est lié aux échographies réalisées systématiquement sur les vaches. Les frais vétérinaires sont, en revanche, bien maîtrisés.
« DÉLÉGUER LES ÉPANDAGES NOUS COÛTAIT TROP CHER »
Un coût de mécanisation élevé est aussi l'un des points faibles de cet élevage (109 €/1 000 l contre 99 €). D'importants investissements en matériel de traction et de travaux des champs ont été réalisés ces dernières années. « Nous avons acheté deux tracteurs de 95 ch car les autres étaient arrivés en bout de course. » Sylvie et Gilles ont aussi investi dans du matériel de fenaison performant pour récolter dans de meilleures conditions. Dans le détail, c'est surtout les travaux par tiers qui pèsent sur le poste mécanisation. Ils atteignent en effet 37 €/1 000 l contre 22 € pour le groupe. Le désherbage, la récolte du maïs, le pressage du foin et de la paille sont délégués à une ETA. Le reste des travaux est réalisé avec du matériel en Cuma. Ces charges semblent difficiles à faire baisser dans les années à venir. Des économies ont déjà été réalisées dernièrement en cessant de déléguer les épandages de fumier à une autre Cuma. « Cela nous coûtait trop cher. Nous avons préféré investir dans un épandeur en copropriété avec un voisin. »
En 2009, cette exploitation a été pénalisée par des charges de MSA importantes. Elles sont liées au départ à la retraite de la mère de Sylvie, qui a entraîné un changement du régime fiscal. Le passage du forfait au réel a provoqué une modification de la base de calcul des cotisations. « Elles devraient baisser dans les années à venir grâce à une revalorisation des stocks. »
Autre poste sur lequel des économies peuvent être espérées prochainement : les frais financiers. Ils sont deux fois supérieurs au groupe. « Pour faire face à la crise laitière, nous avons eu recours à des découverts bancaires et à des dettes fournisseurs. Aujourd'hui, ils sont pratiquement épongés », explique Sylvie. Elle pense aussi réduire ses charges en renégociant ses contrats d'assurances.
Au final, l'ensemble de ces charges, en incluant une rémunération forfaitaire de la main-d'oeuvre de 18 000 € par UMO et une rémunération des capitaux propres de 3 %, se révèle supérieur de 83 €/1 000 l comparé au produit total. Celui-ci est pourtant l'un des atouts de cette exploitation. Pour faire gonfler leurs recettes, Sylvie et Gilles Callegaro s'appuient sur leur troupeau de race mixte, composé de deux tiers de vaches montbéliardes et d'un tiers d'holsteins. Grâce à une bonne qualité du lait et à des taux élevés, leur prix du lait dépasse la moyenne de 10 €/1 000 l.
« DES DPU ÉLEVÉS »
Ils valorisent également mieux la viande (24 €/1 000 l de plus). « Nous conservons encore quelques holsteins mais, progressivement, nous allons les éliminer. » Les DPU sont largement supérieurs à la moyenne (127 €/1 000 l contre 62 € pour le groupe). « Nous bénéficions d'un bon historique d'aides couplées à l'hectare qui ne correspond plus à la réalité d'aujourd'hui. »
Ce n'est que sur la campagne 2010-2011 que ces éleveurs ont produit, pour la première fois, l'intégralité de leur référence laitière. Ils souhaiteraient à nouveau faire cette formation afin de recalculer leur coût de production. « Même en produisant tout le quota, cet élevage est pénalisé par sa faible productivité du travail, analyse Nicolas Julliard, du BTPL. Avec 160 000 l de lait par UMO, la charge de main-d'oeuvre demeure supérieure à la moyenne de 20 €/1 000 l. »
NICOLAS LOUIS
- L'EXPLOITATION - À Saint-Pierre-d'Eyraud (Dordogne) - SCEA de Lavaure - 2,3 UMO - 368 000 l de quota - 45 vaches : deux tiers montbéliardes et un tiers holsteins - 7 600 kg de lait à 34 de TP et 41 de TB - 75 ha de SAU dont 55 ha d'herbe, 12 ha de maïs et 8 ha de céréales
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