
Catherine et Éric Hazebrouck mettent en oeuvre des pratiques d'hygiène qui visent à maintenir autant que possible des mamelles propres et sèches. Résultat : un taux cellulaire moyen de 95 000 leucocytes par millilitre au cours des trois dernières années.
OBTENIR CINQ FOIS LE PREMIER PRIX DU CHALLENGE QUALITÉ du lait décerné dans le bassin de l'Avesnois n'est pas le fruit du hasard, mais d'une attention permanente apportée à la propreté de la mamelle et à la traite. Le bilan cellules du troupeau montbéliard en témoigne. En 2013, la moyenne enregistrée au contrôle laitier est de 107 000 leucocytes/ml, le nombre de mammites de 0,24/VL/an, le taux de vaches saines de 92,5 % et un IGL de 5 % (taux de nouvelles infections entre deux contrôles).
Lors des deux exercices précédents, la moyenne était respectivement de 101 000 et 76 000 leucocytes. Cette performance est obtenue grâce à la mise en oeuvre de pratiques d'hygiène rigoureuses, facilité par la présence active des parents et les coups de main apportés par les enfants le week-end. Les logettes en béton sont ainsi nettoyées trois fois par jour et chargées en paille (3 kg/logette/j), les aires d'exercice raclées deux fois par jour. La propreté de la salle de traite, une TPA 2 x 10 postes, est une préoccupation de chaque instant. « Elle doit être aussi propre que ma cuisine, plaisante Catherine. Matin et soir, le lavage dure environ 30 minutes et pendant la traite, le surpresseur est toujours à portée de main pour laver dès qu'une vache bouse. »
« IL Y A EU UN PIC DE CELLULES AU PÂTURAGE »
Dans le détail, les comptages cellulaires de l'exploitation augmentent avec la mise à l'herbe (silo fermé pendant un mois et demi), passant de 53 000 cellules en mars à 133 000 en avril, avec un pic en juin (157 000) et juillet (176 000). « En période de forte chaleur, les vaches se couchent à l'ombre des haies où les bouses s'accumulent et souillent les mamelles », explique Philippe Simon, conseiller d'Avenir Conseil élevage. Par ailleurs, cette année, avec une part importante de vêlages en période de pâturage, un tiers des primipares ont débuté leur lactation par une mammite. Elles ont consommé une part importante d'herbe et cet excès d'azote a déclenché des inflammations du pis et de l'oedème qui pénalisent la bonne fermeture des sphincters du trayon.
« NOUS RÉFORMONS SYSTÉMATIQUEMENT LES INCURABLES »
L'apparition de mammites cliniques en série, marquée par une forte saisonnalité, correspond bien au modèle infectieux de l'élevage à dominante environnemental. « Le tirage systématique des premiers jets en salle autorise un taux de guérison élevé (6/6 en période estivale). La détection rapide est suivie d'une intervention immédiate à partir d'un intramammaire à large spectre d'action dont l'emploi a été justifié par l'analyse bactériologique », rappelle le vétérinaire traitant Alain Delemotte. Au tarissement brutal, les vaches taries sont séparées du reste du troupeau. Celles à plus de 300 000 cellules sont toujours traitées avec un intramammaire à large spectre. Pour les comptages inférieurs à 300 000, les éleveurs réalisent une analyse au cas par cas pour cibler le traitement adapté avec un antibiotique plus spécifique. La politique de réforme (19 %) participe également à la maîtrise du niveau cellulaire : les vaches incurables à la reprise en lactation ou qui affichent des taux élevés à plusieurs comptages consécutifs ne sont pas conservées. Il s'agit de la deuxième cause de réforme après les problèmes de reproduction. La très faible mortalité des génisses (3 %) fournit un renouvellement suffisant pour assurer la relève.
« NOUS RÉALISONS LA TRAITE TOUJOURS À DEUX »
Catherine et Éric se passent d'obturateur au tarissement. D'ailleurs, ils n'appliquent pas à la lettre toutes les recommandations concernant la prévention des cellules, comme la désinfection des manchons pendant la traite ou l'utilisation de lavettes individuelles. La maîtrise du niveau cellulaire du troupeau ne justifie pas une remise en cause de leurs pratiques. « Les lavettes collectives représentent un risque de contamination élevée et l'utilisation d'eau de Javel pour les désinfecter entre deux traites est déconseillée, car son action est neutralisée en présence de matières organiques. Toutefois, cela n'a pas de conséquences dans cet élevage. La grande réactivité des éleveurs en cas de montée de cellules ou de mammites compense largement le risque pris par cette technique de préparation », rappelle Samuel Philippe.
Les lavettes passent néanmoins régulièrement à la machine à laver, avec un programme de lavage à 90°C. La traite est toujours assurée par deux trayeurs qui gèrent chacun dix vaches présentes sur le quai en deux temps : une lavette dans un seau d'eau avec un savon désinfectant sert à nettoyer les trayons de cinq vaches, puis les premiers jets sont tirés avant la pose des griffes. L'opération se répète sur les cinq vaches suivantes, en prenant soin d'éviter toute prise d'aire lors du branchement. Ainsi, le délai de 40 secondes à 1 min 20 s entre la préparation de la mamelle et la pose des griffes est respecté pour limiter les risques d'abîmer les trayons avec de la surtraite. Malgré la présence du décrochage automatique, le trayeur contrôle toujours la bonne finition de la mamelle. Enfin, le trempage est fait avec un produit cosmétique à base d'iode. En complément, les éleveurs contrôlent leurs pratiques de traite depuis deux ans via le LactoCorder (voir page 44-45). « L'intérêt est de vérifier si on ne prend pas de mauvaises habitudes et si le décrochage comme le lavage fonctionnent bien. Ce dispositif nous a déjà permis de régler un problème de germes lié à un dysfonctionnement du lavage. Nous allons donc l'intégrer une fois par an, dans le cadre du contrôle de performance. »
JÉRÔME PEZON
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