
À l'heure de passer en logettes, Julien Paris a choisi de s'investir dans le parage. Une option qui lui permet d'assurer seul l'entretien du troupeau.
JE PENSE QUE CHAQUE ÉLEVEUR DEVRAIT PASSER PAR UNE FORMATION AU PARAGE. Pas pour remplacer les professionnels, mais pour savoir appréhender une problématique qui devient récurrente avec l'évolution des conditions d'élevage », estime Julien Paris, qui regrette que cette connaissance ne soit pas enseignée lors du cursus BTA--BTS. C'est pourquoi il y a deux ans et demi, après la conversion de la stabulation à aire paillée en logettes paillées sur béton raclé, cet éleveur a suivi une formation dispensée au lycée agricole de Canappeville (Eure) pour prévenir les problèmes de boiteries souvent associées à ce nouveau mode de logement. Une formation de deux jours destinée aux éleveurs qui, outre les exercices de mise en pratique, aborde également la reconnaissance et l'origine des maladies. « Je ne sais pas identifier toutes les lésions du pied, mais je partais de zéro. Aujourd'hui, je suis en mesure de faire un parage d'entretien, mais aussi de repérer et de soigner une lésion avec pose d'une talonnette. Et surtout je ne regarde plus les pattes de mes vaches de la même manière et n'hésite pas à lever une patte dès que je suspecte un problème », déclare-t-il.
« DE TRENTE MINUTES À PLUS D'UNE HEURE PAR VACHE »
À l'issue de la formation, Julien a investi sans attendre dans une cage de parage de marque Mazeron (voir L'Éleveur laitier n° 206), « car si on ne met pas rapidement en pratique, on oublie les gestes ». Un investissement de 3 800 € pour lequel il a sollicité et obtenu une aide de la MSA de 1 500 € en tant que jeune agriculteur employeur de main-d'oeuvre. Il a désormais pris le pas de lever systématiquement les pattes de chaque vache de façon préventive après le vêlage, même s'il n'observe aucun signe clinique de boiterie. « Ce parage d'entretien correspond au moment où les vaches taries, qui sont conduites dans un autre bâtiment ou sur des pâtures parfois éloignées, reviennent dans le troupeau », précise-t-il. Idem avec les génisses, pour lesquelles la mise bas se traduit par le passage d'une aire paillée intégrale aux logettes et au béton. Par ailleurs, l'éleveur intervient dès les premiers signes de boiterie en gardant toujours un oeil vigilant sur les aplombs, que ce soit dans la salle de traite ou dans la stabulation. De cette manière, en un peu plus d'un an, les 75 vaches du troupeau sont passées par la cage de parage. « Pendant la période de moisson et de semis, je n'ai pas le temps de faire du parage, sauf si je repère une boiteuse dans le troupeau. Je profite donc des jours de pluie pour parer deux, trois ou quatre vaches dans la matinée, au fur et à mesure de la saison. Selon l'état du pied, parer une vache demande trente minutes à plus d'une heure. Avec la conversion de l'aire paillée aux logettes, je passe désormais plus de temps sur les pattes que sur les mammites. C'est un travail que j'apprécie, mais il est très physique. Si j'avais dix ou quinze vaches à traiter simultanément, je n'hésiterais pas à avoir recours à un professionnel. »
Les cailloux ramenés des chemins menant aux pâtures, qui s'incrustent dans la corne lorsque les vaches posent les pieds sur le béton, constituent la principale difficulté rencontrée dans le troupeau.
« DES LOGETTES EN BÉTON PAILLÉES, ÇA MARCHE ! »
« 80 % des problèmes concernent les membres postérieurs. J'ai constaté que les chemins d'accès aux pâtures, réalisés récemment avec de la marne, posent moins de problèmes, à condition de les entretenir. » En effet, un paillage abondant des logettes (3,5 kg/VL/j + 100 g/j d'un asséchant à base de carbonate de calcium, d'argile et d'huiles essentielles), le maintien du pâturage pendant toute la période estivale et une ration hivernale riche en fibres efficaces (luzerne + maïs non déstructuré distribués à la dessileuse) sont autant de pratiques qui préservent l'intégrité des sabots. Julien apporte également une attention particulière à la qualité des aplombs lors du choix des taureaux : « Ce n'est pas mon premier critère de choix, mais c'est un index que je prends toujours en compte. Sur des doses de taureaux américains proposés par certains commerciaux, l'index de hauteur de talon est renseigné. C'est un aspect important auquel il faut être vigilant et qui n'a pas été suffisamment travaillé dans les schémas de sélection français. Peut-être parce que la généralisation des logettes sur béton est plus récente chez nous. » Dans les logettes, pour le confort des animaux et éviter les blessures, l'arrêtoir a été fixé à 1,75 m, la barre au garrot à 1,80 m, et une pente de 5 % facilite l'écoulement des jus.
« LA MORTELLARO ABSENTE DU TROUPEAU »
« Je préfère racler l'arrière des logettes à une situation d'inconfort pour les animaux. À l'exception de quelques génisses qu'il faut habituer à ce mode de logement, la fréquentation est bonne et ne provoque pas de problèmes d'articulations ni de pieds. C'est pour moi la preuve que les logettes paillées sont adaptées et que l'achat de matelas très coûteux n'est pas toujours justifié. »
Dans la stabulation, les bétons ont subi un rainurage croisé peu agressif. Julien apporte une attention particulière à l'assèchement des aires d'exercice, pour garder les pattes au sec et prévenir l'apparition de maladies infectieuses, car elles sont construites sans pente permettant d'évacuer les jus. Les deux racleurs, actionnés par câbles, passent toutes les deux heures et l'éleveur dispose régulièrement un peu de paille devant le racleur pour un nettoyage plus efficace. « Je dois encore trouver une solution à la sortie du bâtiment qui devient rapidement un bourbier en période humide durant la saison de pâturage. » Par ailleurs, Julien est formé à l'insémination et à l'échographie, une autonomie qui contribue à limiter le nombre d'intervenants extérieurs dans l'élevage et donc le risque de contaminations croisées. Résultat : pas de mortellaro dans le troupeau ! « C'est aussi pour cela que je m'oblige à lever les pattes des vaches et que je reste vigilant, notamment pendant la traite. »
JÉROME PEZON
Simplicité d'utilisation. La cage de marque Mazeron est située en bout de couloir de sortie de la salle de traite sur une aire bétonnée. Là, un jeu de barrières intégrées à la cage permet à une personne seule d'orienter, puis de bloquer une vache sans difficulté. Pour améliorer le confort de travail, l'éleveur réfléchit désormais à adapter un moteur électrique sur la structure de la cage pour actionner les treuils autobloquants de levée des pattes. © J.P.
Sécurité avant tout. Pour limiter les risques de glissade, le plancher de la cage est recouvert d'un tapis en caoutchouc. À l'arrière, deux volets rabattables permettent de travailler sur le même plan que la vache. Un détail mis en exergue par l'éleveur : un mousqueton de sécurité sur la sangle arrière peut être décroché aisément si la vache venait à chuter. Lorsqu'il pare, l'éleveur fait en sorte qu'une autre personne soit présente sur la ferme en cas de problème lors de la manipulation des animaux.
Tout à portée de main. À côté de la cage, sur une aire bétonnée et bien éclairée par un projecteur, Julien a conçu un établi à partir du châssis d'un barbecue, où il dispose tout le matériel nécessaire aux interventions : deux rénettes (gauche et droite), une rénette plate, une meuleuse légère avec son disque de parage, des talonnettes réversibles, une pince à onglons, des gants et une paire de lunettes, une réglette, des bandages, du goudron de Norvège, un antiseptique en spray et un antihémorragique hémostatique dans la pharmacie en cas de saignement.
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
FCO : le Grand Ouest en première ligne
Le biogaz liquéfié, une solution pour les unités de cogénération dans l’impasse
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou