AU-DELÀ DE 60 VACHES, L'AMÉNAGEMENT DU BÂTIMENT EST À REVOIR

Les éleveurs qui abandonnent le couchage paillé au profit des logettes apprécient l'allègement de la charge de travail, surtout s'ils curaient une fois par mois.
Les éleveurs qui abandonnent le couchage paillé au profit des logettes apprécient l'allègement de la charge de travail, surtout s'ils curaient une fois par mois. (©)

Conserver le système paillé lorsque le troupeau s'agrandit devient problématique. La transformation du couchage et de la fumière couverte adjacente en logettes est la solution la plus cohérente..

APRÈS LES MISES AUX NORMES EFFECTUÉES IL Y A DIX ANS, un certain nombre d'exploitations doivent relever un nouveau défi : l'adaptation des bâtiments pour absorber un agrandissement de troupeau. « Dans le Calvados, les deux tiers des mises aux normes ont été effectuées en abandonnant le libre-service au profit de la stabulation paillée en alimentation distribuée, estime Jean-Claude Delange, responsable du service bâtiment de la chambre d'agriculture du Calvados. Une fumière couverte a été généralement construite dans leur prolongement pour accueillir le produit de raclage du couloir d'alimentation. » Selon lui, ce mode de logement est plus adapté pour un troupeau de maximum 50 à 60 vaches. Au-delà, la charge de travail devient trop importante.

Stabulation paillée. Un travail trop important

Les deux principales contraintes de ce système s'accentuent : l'effort de paillage pour maintenir les animaux propres (au moins 10 kg de paille par vache et jour) et le curage bien souvent une fois par mois pour pallier l'échauffement de la litière.

« Si la litière s'est accumulée durant moins de deux mois, la réglementation environnementale impose de la stocker sur la fumière avant de pouvoir la stocker au champ. Avec un troupeau plus important, ce n'est plus tenable, surtout si la main-d'oeuvre est limitée sur l'exploitation. » Il pointe du doigt un autre obstacle : la gestion des déjections durant la saison de pâturage. « L'agrandissement d'un troupeau a tendance à s'accompagner d'une fréquentation accrue du bâtiment, la part de l'alimentation distribuée se développant au détriment de celle du pâturage. Cela donne un produit de raclage plus liquide, donc plus difficile à stocker et à épandre car la stabulation est généralement moins paillée au printemps et en été. »

À ces contraintes techniques s'en ajoute une plus économique : le prix de la paille qui atteint 90 à 100 € la tonne certaines années et augmente le coût de fonctionnement du bâtiment. Plutôt qu'allonger l'aire paillée pour loger les vaches laitières supplémentaires, le conseiller en bâtiments recommande donc l'aménagement de la stabulation en logettes. Reste ensuite à déterminer s'il s'effectue en deux rangées ou en trois rangées de logettes.

Deux rangées de logettes. Une extension indispensable

L'agencement en deux rangées de logettes présente deux avantages. D'une part, il laisse la possibilité aux éleveurs attachés à la paille de stocker les balles dans des couloirs de 1,50 à 2 m de large le long des logettes.

D'autre part, il permet de disposer d'un nombre de places au cornadis équivalent ou quasi-équivalent au nombre de logettes. L'éleveur a ainsi l'assurance que les vaches accèdent ensemble à la table d'alimentation, avec un allégement de la surveillance quotidienne. Cette organisation lui permet aussi de pratiquer plus facilement les prophylaxies collectives.

La transformation de l'aire paillée en deux rangées de logettes ne fournit pas ou peu de places supplémentaires. Elle oblige à allonger la partie logement du bâtiment, sans que cela nécessite obligatoirement une construction. L'extension la plus logique est la suppression de la fumière couverte en otant ou en créant des ouvertures dans le mur qui la sépare de la stabulation. Si besoin, elle pourra être agrandie, cette fois-ci, par une construction.

L'extension sera optimisée avec des logettes en dos à dos. La rangée le long du mur n'est pas amputée de places, contrairement aux logettes tête à tête qui exigent des couloirs de circulation entre les deux rangées pour permettre aux vaches les plus éloignées des cornadis d'y accéder.

« La paille complique la gestion des déjections si elle est l'outil principal de confort des animaux dans les logettes, ajoute Jean-Claude Delange. Cette méthode exige un minimum de 3 kg de paille par vache et par jour pour éviter la fabrication d'un fumier mou. En logettes tête à tête, cela demande, en bout de couloirs de raclage, une fumière et une fosse à purin (1,50 m3/vache en fumière couverte, 2,80 m3/vache en non-couverte). En logettes dos à dos, une fumière couverte pour le couloir de raclage commun aux deux rangées et une fosse pour le couloir d'alimentation. Il est indispensable d'intégrer cette contrainte avant de s'engager dans cette direction. » Malgré tout, l'économie de paille est indéniable par rapport à une stabulation paillée.

En système tout lisier avec, par exemple, des logettes recouvertes d'un matelas, combiné ou non avec de la sciure ou un peu de paille (500 g par vache et par jour), il est préférable de racler les couloirs plutôt que construire une fosse sous caillebotis. Dans ce dernier cas, le bâtiment sera trop long pour envisager un piétinement efficace des animaux.

Trois rangées de logettes. Un gain de place indiscutable

À surface de bâtiment identique, la transformation de l'aire paillée en trois rangées de logettes apporte 20 à 30 % de places supplémentaires selon la longueur du bâtiment. Si extension de bâtiment il y a pour faire face à l'agrandissement du troupeau, elle sera moins importante qu'en deux rangées de logettes (voir ci-dessus). Ainsi, le passage en trois rangées d'une aire paillée de 55 places sur 39 m de long et d'une fumière de 10 m de long, toutes deux sur 14 m de large fournira 45 places supplémentaires contre 70 en deux rangées de logettes dos à dos. « L'installation de trois rangées de logettes ne permet pas les couloirs de stockage de paille. Cela signifie que ce système s'envisage obligatoirement avec du lisier », avertit Jean-Claude Delange. Un changement radical pour les éleveurs habitués jusque-là à fertiliser leurs cultures et leurs prairies avec du fumier.

Le tout-lisier signifie aussi une économie intégrale de paille et un retour sur investissement relativement rapide. Reprenons l'exemple de l'abandon de l'aire paillée de 55 places pour une extension en trois rangées de 100 places. Sans racleur et mixeur tracteur de lisier, l'investissement est estimé à 80 500 € (tapis sur logettes et fosse de 1 300 m3 en géomembrane). L'économie de paille s'élève à 18 500 €, ce qui permet un retour sur investissement au bout d'un peu plus de quatre ans. En y intégrant le racleur et le mixeur (23 000 €), le retour sur investissement s'effectue sur cinq ans et demi. « La fosse sous caillebotis s'adapte naturellement à un système en trois rangées puisque la densité animale est suffisante pour un piétinement efficace, complète Jean-Claude Delange. De nombreux éleveurs n'hésitent pas aujourd'hui à recourir aux racleurs sur caillebotis pour contribuer à des vaches très propres. »

Ambiance du bâtiment. Un volume tampon suffisant pour éviter la condensation

Les animaux supplémentaires ne risquent-ils pas de dégrader l'ambiance du bâtiment ? « Les stabulations construites dans le cadre de la mise aux normes, c'est-à-dire généralement une largeur de 14 m, une hauteur de 7,50 m au faîtage et de 5 m à la gouttière, ont des volumes tampons suffisants pour traiter le dégagement de chaleur supplémentaire et éviter les problèmes de condensation », rassure Jean-Claude Delange. Dans le doute, mieux vaut vérifier la capacité de renouvellement d'air du bâtiment. Des améliorations techniques existent comme la pose d'un bardage en clairevoie sur les pignons, en plus des longs-pans. On peut aussi installer des écailles à mi-pente de toiture pour créer un appel d'air intermédiaire et améliorer la ventilation.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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Maladies
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Herbe

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