DEUX RANGÉES DE LOGETTES POUR LE CONFORT DES ANIMAUX

Régine, Nicolas, et Emmanuel Legentil : « Nous apprécions que les vaches puissent manger toutes en même temps au cornadis. » © C. H.
Régine, Nicolas, et Emmanuel Legentil : « Nous apprécions que les vaches puissent manger toutes en même temps au cornadis. » © C. H. (©)

En convertissant la fumière couverte et en installant deux rangées de logettes, le bâtiment du Gaec Legentil loge 35 vaches de plus qu'il y a dix ans pour un coût abordable.

NICOLAS, EMMANUEL, RÉGINE ET ALAIN LEGENTIL NE REGRETTENT PAS LA TRANSFORMATION de la stabulation paillée en logettes achevée en novembre 2008. L'aire paillée en alimentation distribuée a été conçue pour soixante places en 2000. À l'occasion de la mise aux normes, elle était devenue insuffisante pour accueillir toutes les vaches du troupeau. Une fumière couverte de 150 m2 avait été construite dans son prolongement pour stocker le produit de raclage du couloir d'alimentation.

L'augmentation du troupeau à 75 laitières en 2005, consécutive à l'installation de Nicolas, a compliqué la gestion des animaux et de l'aire paillée.

« Les vaches étaient sales, je passais du temps à les nettoyer, se souvient Régine qui est en charge de la traite dans le Gaec parents-enfants. L'état sanitaire du troupeau et la qualité du lait se sont dégradés malgré nos efforts en termes de paillage et d'hygiène de traite. » En 2007-2008, le Gaec a enregistré cent mammites pour 80 vaches. Le lait a été classé quatre fois en qualité A (250 000 à 300 000 cellules/ml), trois fois en B (300 000 à 400 000 c/ ml) et une fois en C (plus de 400 000 c/ml) contre quatre en super A. « Pour maintenir les vaches propres, nous paillions à la pailleuse deux fois par jour et nous curions les 450 m2 toutes les trois semaines pour éviter l'échauffement de la litière. Cela occupait trois personnes durant trois heures », détaille Nicolas. Cette situation ne pouvait plus durer, d'autant plus qu'Emmanuel projetait de rejoindre à son tour le Gaec familial, agrandissant le troupeau à 95 vaches pour un quota total à 840 000 litres. « Au vu des difficultés rencontrées, il n'était pas question d'agrandir l'aire paillée. Et d'ailleurs, à aucun moment nous ne l'avons envisagé, avance Emmanuel. La solution la plus évidente nous a semblé l'aménagement de la stabulation en logettes. Elle permettait de valoriser le bâtiment existant pour un montant abordable. L'investissement de 2000 n'est pas complètement remboursé. »

DES AMÉNAGEMENTS LE LONG DU MUR

Ce réaménagement inclut la suppression de la fumière couverte pour accroître la surface en logement. Le mur commun à la stabulation et à la fumière a été abattu et les fondations de la fumière mises au niveau de celles de la stabulation. Deux ouvertures pour des portes ont été réalisées dans le mur opposé. Restait à décider d'un aménagement en deux rangées de logettes ou en trois rangées.

« Trois rangées nous fournissaient 120 logettes mais pour 92 places aux cornadis seulement. Or, nous apprécions que les laitières puissent manger toutes en même temps. Nous les bloquons donc deux heures aux cornadis après chaque traite. De plus, aménager en trois rangées obligeait à abandonner la paille, la largeur du bâtiment n'étant pas suffisante pour des couloirs de stockage le long des logettes. Or, même si nous avons opté pour des matelas dans les logettes, nous restons attachés à la paille comme élément de confort apporté aux animaux », justifient les associés. Dernier argument à l'encontre de cette disposition : une largeur du couloir partagé par les logettes dos à dos inférieure à 4 m pour installer les trois rangées. « Les vaches se seraient gênées pour sortir des logettes », estiment-ils. Pour toutes ces raisons, ils ont préféré les logettes en dos à dos sur deux rangées, l'une étant le long du mur, ce qui permet ainsi d'optimiser le bâtiment. Deux rangées en tête à tête les auraient amputées de quelques places au profit des passages entre les deux couloirs d'exercice. Au final, ils ont obtenu 89 places de logettes et 92 places de cornadis pour 95 laitières. Les travaux ont été menés sur cinq mois, durant l'été 2008, dont une partie en autoconstruction (logettes et matelas, murs, couloirs de raclage). Un couloir de 70 cm de large le long de chacune d'entre elles permet de stocker la paille pour 15 jours, à raison de 500 g par vache et par jour.

LE CHOIX DU LISIER

« En plus de l'abandon de l'aire paillée, nous avons abandonné la production de fumier pour le 100 % lisier. Dans ces conditions, il est indispensable de limiter la quantité de paille par vache », indique Nicolas. Autre mesure pour faciliter la reprise et l'épandage du lisier : le hachage de la paille au moment de son bottelage par une presse équipée de crop cutters. « La paille en brins de 7 à 8 cm tombe moins dans les couloirs raclés et contribue à l'assèchement des matelas. » Enfin, la fosse à lisier est équipée d'un mixeur. « Nous sommes satisfaits du passage au lisier, confie de son côté Régine.

Nous éprouvions des difficultés à fabriquer un fumier de couloir de raclage suffisamment compact. Le fumier s'égouttait difficilement car le regard de la fumière, placé en amont de la pente, était régulièrement bouché. »

D'AUTRES PROJETS EN ATTENTE

Les associés jugent la gestion du lisier moins contraignante. Certes, il faut respecter les périodes d'épandage et enfouir le lisier 48 heures après mais le travail est moins pénible.

« Notre capacité de stockage de six mois limite la fréquence des épandages, même si les chantiers durent trois jours. » Ils sont réalisés à partir d'une tonne à lisier achetée en Cuma (1 500 € par an). Le Gaec apprécie également la suppression de l'astreinte du paillage quotidien et du curage toutes les trois semaines. « En hiver, nous consacrions une heure par jour au paillage contre désormais 15 min matin et soir pour enlever les bouses des logettes et mettre un peu de paille à la main. »

Autre motif de satisfaction : l'amélioration de l'état sanitaire du troupeau et de la qualité du lait. la mise en cohérence du nombre d'animaux avec le logement a permis de réduire de 60 % les mammites (voir ci-contre) et les taux cellulaires. Au terme de la première année de fonctionnement, la qualité cellulaire a permis de classer le lait sept fois en super A, quatre fois en A et une fois en B (avec une analyse dans le mois) avec, à la clé, un prix moyen du lait en hausse de 4,32 €/1 000 l contre une pénalité moyenne de 1,09 €/1 000 l l'année précédente. Reste à résoudre le temps de traite (2 h 30, nettoyage compris matin et soir en 2 x 6 postes) et le suivi des génisses. Même si le Gaec n'a pas encore tranché entre un roto et deux robots, l'emplacement de ces derniers a été réfléchi. En circulation semi-guidée, ils pourraient être envisagés à la place du box de contention (voir plan). La salle de traite et le parc d'attente seraient alors remplacés par une aire d'isolement des animaux. « Le projet n'est pas d'actualité, confient les associés. La conjoncture laitière, le remboursement de la mise aux normes de 2000 jusqu'en 2015 et celui des deux installations pèsent sur la trésorerie. » Autre projet différé : l'extension de 25 m de la stabulation pour loger trente génisses. Elles sont hébergées actuellement sur un autre site, à 10 km de l'exploitation.

Afin d'habituer les vaches aux logettes, les éleveurs se sont relayés dans la stabulation durant les premières 48 heures. Ils les empêchaient de se coucher dans les couloirs et leur donnaient le granulé dans les logettes.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,23 €/kg net +0,09
Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
lait UHT et fromage à tartiner

Le bateau laitier de Terrena veut s’arrimer au paquebot Agrial

Eurial

Le marché Spot est en plein doute

Lait Spot

La dégradation de la conjoncture menace le prix du lait

Prix du lait

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