TROIS RANGÉES DE LOGETTES POUR VALORISER L'EXISTANT

Pierre Gilles s'est installé avec ses parents en 2002 avec un quota de 459 000 l. En 2004, son frère Benoît l'a augmenté à 560 000 l. Depuis, des attributions départementales ont porté le quota laiterie à 680 000 l.© C.H.
Pierre Gilles s'est installé avec ses parents en 2002 avec un quota de 459 000 l. En 2004, son frère Benoît l'a augmenté à 560 000 l. Depuis, des attributions départementales ont porté le quota laiterie à 680 000 l.© C.H. (©)

Le Gaec de la Thorinière souhaitait atteindre une capacité de production de 110 vaches, tout en limitant au maximum l'agrandissement de la stabulation. Objectif atteint.

EN 1999, MES PARENTS ONT CONSTRUIT UNE STABULATION PAILLÉE DE 380 M2, complétée d'une fumière couverte de 100 m2 pour 50 vaches et 280 000 l de quota. Dix ans après, nous produisons plus d'un million de litres avec seulement l'ajout de deux travées de 5 m et des animaux plus propres », affiche, satisfait, Pierre Gilles. Il s'est installé en Gaec avec ses parents, Mireille et Joël, en 2002. Son frère, Benoît, les a rejoints en 2004. Le secret d'une telle évolution : la suppression de la fumière couverte et de l'aire paillée pour leur transformation en trois rangées de logettes. Ces deux parties accueillent 110 places, l'extension réservée aux génisses amouillantes 20 places.

« Nous avions étudié la possibilité de construire une deuxième aire paillée de l'autre côté du couloir de distribution mais le projet était beaucoup trop onéreux, se souvient Mireille. L'autre solution était une transformation en deux rangées de logettes. Seulement, elle ne nous permettait pas un agrandissement du troupeau. Elle nous proposait 80 places sur l'aire paillée et la fumière, ce qui correspondait à notre effectif en 2008. » Insuffisant pour répondre aux besoins de 30 vaches supplémentaires en vue de produire de 270 000 l de plus. La montée en puissance de l'atelier de veaux de boucherie nourris au lait de l'exploitation, grâce à la mise en service d'un bâtiment de 90 places en février 2009, exigeait une évolution de l'équipement existant. « La stabulation paillée concentrait 70 à 80 vaches pour une conception à 60. Maintenir les vaches propres était difficile. Nous rencontrions des problèmes de qualité du lait et nous curions le bâtiment une fois tous les mois et demi en hiver. » Grâce aux vêlages étalés dans l'année, 100 laitières occupent aujourd'hui le bâtiment sur un total de 110, ce qui laisse une marge de manoeuvre pour en accueillire 12 autres.

TROIS CONDITIONS À REMPLIR

Il manque encore au Gaec environ 100 000 l de lait pour atteindre l'objectif de 220 veaux de boucherie par an en 2011-2012 (190 en 2010).

« Nous pouvons encore étendre la stabulation de deux autres travées de 5 m si le besoin s'en fait sentir. Dans ce but, nous avons volontairement laissé 10 m entre le nouveau pignon du bâtiment et la préfosse de 92 m3 dans laquelle les racleurs déversent le produit des couloirs d'exercice. »

Le lisier est ensuite envoyé dans la fosse par une pompe hacheuse (voir plan).

L'aménagement en trois rangées a nécessité d'accepter trois conditions. La première : un nombre de places aux cornadis inférieur à celui des logettes. La partie vaches compte 74 places, c'est-à-dire l'équivalent d'un peu moins de trois places à la table d'alimentation pour quatre vaches. Avec 14 places, le ratio est identique dans la partie génisses. « Elles ne peuvent pas être bloquées aux cornadis pour s'alimenter toutes en même temps. Cela ne nous gêne pas », indique Pierre. Tout au long de l'année, il distribue une ration complète tous les deux jours qu'il repousse le deuxième jour, une fois le matin, une fois le soir.

Deuxième condition à l'optimisation du bâtiment : le 100 % lisier. Trois rangées exigent en effet l'abandon complet de la paille comme levier de confort animal. La valorisation maximale de la largeur de la stabulation interdit des couloirs de stockage de paille en tête de logettes. Les quatre associés ont compensé la suppression de la paille par des matelas « pour protéger les jarrets ». Ils y répandent de la sciure deux fois par jour avant le retour des vaches de la traite. Le 100 % lisier impose également de modifier les pratiques de fertilisation. « Le lisier élargit notre gamme de déjections plutôt qu'il ne bouleverse notre façon de faire, estime Pierre. L'exploitation continue à valoriser du fumier via les ateliers de veaux de boucherie et de génisses prim'holsteins achetées à 8 jours pour une vente en amouillantes. » Le lisier est apporté sur les prairies et le maïs, tandis que le fumier est réservé au maïs. Son homogénéisation est effectuée via une pompe hacheuse lors de son transfert de la préfosse à la fosse. Seules contraintes, l'achat d'une tonne à lisier pour 20 000 € et cinq semaines dans l'année consacrées à l'épandage (une partie des terres est éloignée du siège de l'exploitation).

Troisième condition : une largeur du couloir raclé entre les deux rangées de logettes réduite à 2,60 m, contre 4 m habituellement. Pour autant, les éleveurs n'enregistrent pas de soucis de circulation des animaux, même si, en hiver, ils se bousculent légèrement le matin lorsqu'ils sont dirigés vers le parc d'attente.

« En contrepartie, nous avons gagné de la place », rappelle Pierre. « Attention tout de même à ce que le couloir ne soit pas trop étroit afin qu'un tracteur puisse y pénétrer pour une éventuelle intervention », avertit de son côté Mireille.

La circulation est fluidifiée par la pose de deux abreuvoirs dans les deux passages d'accès aux couloirs raclés l'un et l'autre à l'extrémité de la partie vaches. Le passage du milieu n'en a qu'un (voir plan).

Hormis l'extension de la toiture et la pose du bardage effectuées par un professionnel, Pierre a réalisé la totalité des travaux de terrassement (hors fosse) et de maçonnerie, pour la stabulation à proprement parler mais aussi pour l'installation de 2 x 4 postes de traite supplémentaires. « Après le soin des animaux, le matin, j'y ai consacré tout mon temps de début juin à fin octobre 2008. »

UN ASSOCIÉ DÉTACHÉ 5 MOIS À L'AUTOCONSTRUCTION

Il a reçu l'aide d'un maçon durant deux mois et, bien sûr, celle de ses associés pour le gros oeuvre. Objectif : limiter le coût de l'investissement qui a atteint 160 100 €. Parallèlement, le Gaec a reçu une subvention de 27 490 € du plan de modernisation des bâtiments d'élevage, ce qui donne un montant final de 132 615 € (voir ci-dessus). Enfin, prudent, alors que le prix du lait était au plus haut en 2007 et 2008, le Gaec avait établi son projet d'investissement sur un prix de 300 €/1 000 l. « Nous remboursons 22 056 par an durant quinze ans, précise Mireille, chargée du suivi des comptes. Nous avons choisi d'étaler le remboursement sur une période assez longue car nous faisons face à d'autres échéances, en particulier celles relatives aux installations de Pierre et Benoît et à la stabulation paillée construite il y a onze ans. Son remboursement s'achève en 2014. »

Heureusement, l'économie de paille par l'abandon de l'aire paillée permet de financer la moitié de l'annuité. Le Gaec achetait, pour 80 vaches, 150 t pour une dépense annuelle de 12 000 €. De cette économie, il faut déduire 900 € d'achat annuel de sciure. Autre atout consécutif à l'investissement : le paiement de 350 000 litres de lait à 300 €/1 000 l grâce à l'atelier de veaux de boucherie. « En cas de nouvelles chutes du prix du lait, cette valorisation sécurisera la production laitière de l'exploitation, estime Pierre. Nous sommes également conscients que la transformation et l'agrandissement de la stabulation, de la salle de traite et la construction de la fosse sont des charges incompressibles supplémentaires. C'est pourquoi nous travaillons à la réduction de nos charges opérationnelles. »

Le Gaec espère avoir divisé par trois, cet hiver, le coût du concentré des laitières grâce à l'introduction de drèches de blé et du tourteau de colza.

L'aménagement de la stabulation en trois rangées de logettes a nécessité la réduction de la largeur du couloir entre les deux rangées à 2,60 m.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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