CINQ RANGÉES DE LOGETTES POUR UNE STABULATION EN PROFONDEUR

L'augmentation du quota de 182 000 l en 2008 a incité James et Loïc Louvet à accroître la capacité d'hébergement de leur stabulation, tout en ayant le souci de limiter le coût de l'investissement et de gagner en confort de travail.
L'augmentation du quota de 182 000 l en 2008 a incité James et Loïc Louvet à accroître la capacité d'hébergement de leur stabulation, tout en ayant le souci de limiter le coût de l'investissement et de gagner en confort de travail. (©)

Son évolution en trente ans avait donné une aire paillée aussi profonde que large. James et Loïc Louvet y ont apporté une solution originale : des logettes perpendiculaires aux cornadis.

COMMENT TRANSFORMER EN LOGETTES UNE AIRE PAILLÉE AUSSI LARGE QUE PROFONDE ? C'est le défi qu'ont dû relever James et Loïc Louvet pour passer de 40 à 65 vaches à la suite d'une augmentation de quotas de 182 000 l en 2008. « À l'occasion de la mise aux normes en 1999, nous avons abandonné le libre-service pour une alimentation distribuée aux cornadis. La stabulation paillée construite par nos parents en 1969 a été prolongée, donnant une surface de couchage longue et large de 25 m », expliquent les deux frères. Le parc d'attente et les cases d'isolement ont allongé les cornadis d'une dizaine de mètres (voir plan). Le produit du couloir d'alimentation était déversé par un racleur hydraulique dans une fosse de 650 m3. Le tout dans un bâtiment semi-ouvert.

La profondeur du bâtiment les empêchait de le pailler mécaniquement et rendait plus difficile son maintien propre.

LE RAS-LE-BOL DU PAILLAGE

« Une vache au fond du couchage faisait ses déjections sur la litière avant d'accéder au couloir raclé, se souviennent-ils. Le paillage était devenu un travail pénible qui demandait à l'un ou à l'autre au moins 30 min chaque jour en hiver », ajoutent-ils. Sans compter le curage toutes les trois à quatre semaines qui entraînait une heure de balayage de la cour de la ferme. Dans ces conditions, pas question pour eux d'élargir l'aire paillée pour répondre à l'agrandissement du troupeau. Restait à trancher entre une organisation de la stabulation en trois rangées ou cinq rangées de logettes.

L'aménagement en trois rangées de logettes supposait de faire passer le deuxième racleur, parallèle au premier, sous le parc d'attente. Une fosse construite au bout du couloir recueillait le produit de raclage et une pompe de reprise envoyait le lisier à la fosse. « Le racleur sous le parc d'attente suscitait plusieurs contraintes, avance James : une gestion plus difficile en cas de panne, un agrandissement de la salle de traite bloqué à 2 x 6 postes, et en cassant le parc d'attente, une gestion du troupeau plus difficile durant les travaux de réaménagement. »

Les deux associés ont opté pour la seconde proposition – originale – du maître d'oeuvre : cinq rangées de logettes et trois couloirs de raclage de 4 m perpendiculaires aux cornadis. Quatre rangées sont en deux fois tête à tête et la cinquième contre le mur. « Faute de largeur suffisante pour installer des couloirs de stockage de paille en tête des logettes, nous avons abandonné complètement la paille. Elle a été remplacée par des matelas sur lesquels la sciure est apportée une fois par jour. Les bouses, elles, sont retirées avant chaque traite. Nous consacrons 20 min par jour à ces efforts de propreté dans des conditions agréables, », souligne Loïc.

Pour des raisons de largeur, l'espace entre le tête à tête de deux rangées a été supprimé. Au final, la transformation de la stabulation offre une place par vache (65 logettes) et de quoi circuler tranquillement grâce aux quatre couloirs de 4 m de large. De même, l'extension de 10 m pour déplacer le Dac et stocker la sciure (voir photo ci-dessus) a permis d'ajouter quinze places aux cornadis, assurant là aussi un emplacement par vache à la table d'alimentation. « Le fond du bâtiment a la capacité d'accueillir vingt logettes supplémentaires, précise James. Il est actuellement occupé par les trois socles de racleurs qui pourront être réinstallés à l'extérieur si cela s'avère nécessaire. Dans l'immédiat, nous avons préféré les abriter pour éviter d'éventuels problèmes de gel et faciliter les manoeuvres du camion de ramassage du lait. »

Pour l'heure, avec 25 animaux de plus dans une stabulation qui ne suit pas les critères habituels de hauteur au faîtage et de volume, une vigilance sur la ventilation du bâtiment s'impose. « Nous avons la possibilité de remplacer le fond actuellement en tôle par un bardage à claire-voie si des problèmes d'ambiance surviennent. Le premier hiver s'est déroulé sans problème », constate-t-il.

DES CALAGES TECHNIQUES ADAPTÉS À LA SPÉCIFICITÉ DU LOGEMENT

La réalisation du projet a rencontré plusieurs complications de construction. Tout d'abord, il a fallu supprimer deux poteaux de l'installation initiale pour dessiner les couloirs de raclage. En contrepartie, le maître d'oeuvre a conçu deux portiques pour supporter les fermes de la toiture (voir plan). L'autre difficulté a consisté en la mise à niveau du bâtiment. « Les deux anciennes stabulations ne l'étaient pas. Nous avons été obligés d'apporter un mètre de cailloux à certains endroits. »

Restait à combiner le raclage des trois couloirs d'exercice à celui du couloir d'alimentation. Pour les premiers, une pente de 1 % a été conçue, pour le second celle existante a été conservée : 1,5 %. « Ce deuxième dénivelé a été compensé par la création de trois décrochages en escalier », indique l'entreprise Ganné (Manche) qui a réalisé les travaux.

LE STRESS DES VACHES S'EST RÉSORBÉ

Les vaches se sont habituées correctement aux logettes. « Quatre à cinq réfractaires couchaient encore dans les couloirs deux mois après la mise en service. Six mois après, le phénomène avait disparu. Elles ont subi un stress malgré tout, analysent-ils. Nous avons enregistré une hausse des taux cellulaires en décembre et janvier sans déclaration de mammites. Les vaches concernées ont été soignées. La situation est revenue à la normale. »

UNE ÉCONOMIE DE PAILLE DE 3 900 €

Les deux frères font aujourd'hui leurs comptes. L'investissement leur a coûté 111 400 € desquels il faut déduire une subvention de 20 000 € obtenue via le plan de modernisation des bâtiments d'élevage. « Il nous génère certes une annuité de 11 000 mais pour 182 000 l de plus à produire. Le remboursement est prévu sur quinze ans. » Ils ont obtenu de leur banquier de débuter le remboursement en 2011 afin de limiter à deux ans, et non trois, le cumul avec celui de la stabulation paillée + mise aux normes réalisées en 1999 (10 000 € par an). L'économie de paille leur permettra de financer 30 % de la future annuité. « Si nous avions conservé le système paillé, nous aurions utilisé 130 tonnes de paille en provenance des céréales de l'exploitation. Nous pouvons vendre désormais ce tonnage. À 30 la tonne, cela représente 3 900 desquels sont soustraits 500 de sciure », calculent-ils. Ils se réjouissent d'avoir réfléchi le projet en 2007, avant la chute du prix du lait. « Au plus fort de la crise l'an passé, nous aurions rogné sur les matelas. Nous aurions probablement choisi des tapis, moins chers, voire une absence de tapis, au détriment du confort des vaches. »

En revanche, l'investissement dans un bassin de décantation est mis en attente. Il traiterait les eaux de salle de traite. Elles sont actuellement stockées dans la fosse à lisier de 650 m3 construite en 1999. Cette capacité suffit aujourd'hui.

« Elle est vidée avant le 15 novembre sur prairies. Grâce à nos sols portants, nous pouvons de nouveau épandre sur prairies à partir du 15 janvier. Les parcelles à maïs en reçoivent ensuite début avril. Cette organisation nous convient. »

Loïc et James sont satisfaits de leur choix après sept mois de fonctionnement : « C'est un bâtiment fonctionnel, qui limite le temps d'astreinte et où il fait bon travailler. »

Le passage au tout lisier a permis de doubler la richesse en NPK de l'effluent. L'analyse de mars dernier indique 2,1 kg/m3 d'azote, 0,9 kg/m3 de phosphore et 1,8 kg/m3 de potassium.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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