
Après avoir construit une aire paillée pour limiter les coûts, le Gaec va désormais passer en logettes pour accroître la capacité du bâtiment.
C'EST LE REGROUPEMENT DE TROIS EXPLOITATIONS AU SEIN DU GAEC qui est à l'origine de la construction d'une stabulation délocalisée à l'extérieur de la commune. Christophe Dufour s'est installé hors cadre familial en 1994, tandis que son frère Olivier s'installait sur l'exploitation familiale en 1998. Le projet de construction du nouveau bâtiment est né en 2006 lorsque Sébastien Lachère a pris la décision de reprendre la ferme de ses parents. Les trois éleveurs ont alors décidé de s'associer en regroupant les trois troupeaux, avec un quota laitier d'un million de litres (Ml). « Nous n'avions pas le choix de partir avec du neuf, car aucun des trois sites ne permettait d'envisager un agrandissement, explique Sébastien. La décision de délocaliser le bâtiment a été prise pour faciliter les conditions de travail, avec un accès direct pour les animaux à 40 ha de pâtures. »
« L'AUTORISATION D'EXPLOITER POUR 152 VACHES »
Il aura fallu presque trois ans entre le démarrage du projet et la première traite dans les nouvelles installations, en novembre 2008. Le temps de monter le dossier d'installation classée et d'obtenir l'autorisation d'exploiter pour 152 vaches. Une démarche administrative qui représente à elle seule un coût de 12 000 €. Mais c'est aussi la construction ex nihilo, dans une parcelle située à 1,5 km de la commune, qui a représenté une charge importante : « Il a fallu faire le terrassement, créer des chemins d'accès, raccorder l'eau et l'électricité », rappelle Christophe. L'ensemble des installations comprend une aire paillée de 1 128 m2 avec une aire d'exercice sur caillebotis prévue pour 150 vaches, une nursery de 60 places, une aire paillée avec aire d'exercice en béton autonettoyant grâce à une pente de 6 % pour les génisses, un roto de traite de 24 places, un tank à lait de 10 000 l, quatre silos-couloirs (40 x 11 m) et deux hangars de stockage de 480 et 864 m2. En 2012, une extension du bâtiment a été construite pour loger une partie du troupeau allaitant (voir plan).« Au total, l'ensemble représente un investissement d'1 M€, qui sera amorti en vingt ans. Nous avons pu envisager un projet de cette ampleur car nous avions alors tous moins de 40 ans. Mais le montant des annuités nous impose désormais une obligation de résultats en étant performants sur tous les postes. » Pour le projet initial, les éleveurs n'ont pas eu d'aide financière car le précédent siège d'exploitation était déjà aux normes.
Dans un premier temps, l'étude de faisabilité réalisée par le conseiller en bâtiment de la chambre d'agriculture a privilégié l'aire paillée pour limiter les coûts. Ce mode de logement n'exige pas de fumière, à condition de respecter deux mois d'accumulation en stabulation avant un dépôt au champ. L'aire d'exercice sur caillebotis permet de faire l'impasse sur le raclage et sur la construction d'une fosse extérieure.
Pour se prémunir contre la formation de gaz nocifs sous le bâtiment, le brassage journalier est assuré par un mixeur animé par un moteur électrique (ou avec la prise de force du tracteur). Dans cette région, la fosse sous caillebotis est très courante. Elle facilite l'intégration paysagère des bâtiments dans des zones à forte pression urbaine et, à l'instar de nombreux éleveurs locaux, les associés ont fait appel à des installateurs belges spécialisés dans ce type d'installation qui proposent des tarifs très concurrentiels (110 €/m2).
« UN BÂTIMENT ADAPTÉ DÈS L'ORIGINE AUX DIMENSIONS DES LOGETTES »
« Nous nous sommes dotés d'un outil fonctionnel et évolutif qui répond à notre volonté de tendre vers la spécialisation laitière, explique Christophe. À court terme, il ne semble pas que notre laiterie (Danone) offre la perspective d'augmenter les volumes de livraison, mais notre objectif est néanmoins de saisir les occasions de réduire l'élevage allaitant au profit des effectifs laitiers. Sur les plans réalisés par le conseiller de la chambre, dès le départ, la largeur de l'aire paillée était conçue pour permettre le passage en logettes, avec un potentiel de 200 places. »
Le plan d'aménagement intérieur, envisagé pour le printemps 2014, prévoit dans un premier temps de convertir la moitié de l'aire paillée en 96 logettes équipées de matelas sur caillebotis. « Cette étape va générer une économie de paille importante et réduire le temps de lavage des mamelles à la traite grâce à des animaux plus propres, ce qui doit nous permettre d'améliorer le niveau cellulaire du troupeau (260 000 cellules/ml). En outre, la coexistence des deux modes de couchage va nous amener à conduire le troupeau en deux lots. L'idée étant de déplacer le Dac au niveau des logettes où seront installées les meilleures productrices, avec une ration semi-complète plus poussée, tandis que les moins bonnes productrices et les vaches aux aplombs plus fragiles resteront en ration complète sur la partie paillée. » Pour maintenir les sabots au sec, un dispositif de raclage sera installé, vraisemblablement un robot racleur qui a la capacité de faire les passages entre les logettes. Le coût total de cet aménagement a été évalué à 156 000 €.
« LA TRAITE, UN FACTEUR LIMITANT »
La capacité du roto de traite de 24 places, prévue pour des troupeaux de 160 à 180 vaches, a également été surdimensionnée dès le départ en prévision d'une éventuelle augmentation de cheptel. Actuellement, le temps de traite est de 1 h 30 à deux personnes et pour 130 vaches. Un tour de roto supplémentaire pour 24 vaches représente une augmentation du temps de traite de 15 min. En termes de temps de travail, l'installation de traite pourrait être, à l'avenir, un facteur limitant si le troupeau devait augmenter de façon significative. Mais dans ce cas, les éleveurs seraient contraints de refaire un dossier coûteux de demande d'autorisation d'exploiter. D'ailleurs, sans augmentation d'effectif, le projet de passer en logettes entraînant une modification des conditions d'élevage en installation classée, ils ont dû faire un dossier pour régulariser leur situation vis-à-vis de l'administration.
JÉRÔME PEZON
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