
La méthode de semis sous plastique Samco apparaît, de prime abord, pleine de promesses. Les premiers essais, dans les conditions climatiques particulières de 2012, relativisent le gain espéré
LA CULTURE DU MAÏS SOUS FILM PLASTIQUE A CONNU UN CERTAIN ENGOUEMENT au milieu des années quatre-vingt. On a pu compter jusqu'à 90 000 ha de surface ainsi semée (1,5 % de la sole nationale en maïs), essentiellement dans le grand Ouest. Ensuite, la technique a eu tendance à péricliter pour se stabiliser à moins de 50 000 ha dans les années quatre-vingt-dix. Entre-temps, les réseaux de développement ont accumulé de nombreuses références sur cette plasticulture, a priori intéressante dans les zones froides pour gagner en rendement et en précocité. Leurs conclusions montraient qu'à précocité identique, le gain espéré est en moyenne de 3,5 t de matière sèche par hectare, avec 5 % de MS supplémentaire. En utilisant une variété plus tardive (un groupe de précocité, soit environ 40 points d'indice), le bénéfice en rendement pouvait atteindre 4,4 t de MS avec toujours un gain de précocité à la récolte de 3,3 %. Dans les conditions de culture de l'époque, on estimait que ce gain de rendement de 4 t de MS/ha couvrait les coûts supplémentaires liés à la plasticulture (prestation du semoir, plastique, surcoût de désherbage et de fertilisation). D'un point de vue plus environnemental, on avait pointé aussi les risques de transfert des produits phytosanitaires vers les eaux de surface du fait d'un ruissellement accru sur le film plastique. Enfin, les résidus de film, non dégradés après la récolte, ne servent pas l'image de la culture du maïs.
Depuis quelques années, une nouvelle technique portée par un constructeur de semoirs irlandais (Samco) semble donner un coup de fouet au maïs sous plastique. D'après Arvalis, environ 6 000 ha ont été ainsi implantés, essentiellement dans l'Ouest. Dans le cas d'une plasticulture classique, le semoir à maïs pose d'abord le film avant qu'une roue dentée ne perce le plastique et dépose en terre, tous les 25 cm, un poquet de deux graines.
LE MAÏS POUSSE SOUS LE FILM AVANT DE LE PERCER
La méthode Samco utilise un semoir pneumatique classique qui met en terre les graines une à une, assure une pulvérisation avec un désherbant de prélevée et recouvre ensuite deux rangs de semis d'un film plastique plus fin (7 microns au lieu de 12). Autre différence importante, le semoir Samco forme deux petits billons de part et d'autre du double rang. Ils ont pour effet de tenir le plastique quelques centimètres au-dessus du sol, et non pas plaqué. Cela crée une sorte de miniserre sous laquelle va se développer la plantule jusqu'au stade 5-6 feuilles. C'est le pied de maïs lui-même qui percera le film pour poursuivre sa croissance. En la comparant à une plasticulture classique où la plante est à l'air libre, les promoteurs de la technique Samco ne manquent pas d'arguments pour vanter l'intérêt de cet effet de serre efficace sur la croissance de la plante et pour une protection contre les coups de froid. On avance aussi un réchauffement du sol très rapide, offrant une meilleure disponibilité des minéraux (phosphore, azote). Enfin, la plantule recouverte par le film serait mieux protégée des attaques de corvidés.
6,7 T/HA DE MS GAGNÉES AVEC UNE VARIÉTÉ TARDIVE
C'est pour valider cet effet de serre promis par la technique Samco qu'Arvalis, en partenariat avec les coopératives Cecab et Coop de Broons, a réalisé, en 2012, un essai en microparcelles avec répétitions. Trois modes d'implantation ont été comparés : sol nu, plasticulture classique et plasticulture Samco, avec trois groupes de précocité différents : de précoce à demi-tardif en sol nu, et de demi-précoce à tardif pour les semis sous plastique classique et Samco. Un premier semis a eu lieu le 4 avril à Guer (Morbihan), une zone relativement froide du centre de la Bretagne. Un second semis a eu lieu le 11 mai, en sol nu seulement. Avant d'afficher les résultats, rappelons le contexte climatique très particulier de 2012 avec un printemps pluvieux et froid, qui a fortement handicapé le semis précoce en sol nu. À la floraison, l'avance du maïs sous plastique était de 6 feuilles, soit environ trois semaines (250° en base 6). Entre les deux plastiques, les expérimentateurs ont noté une demi-feuille d'avance pour le Samco à partir du stade 3-4 feuilles et seulement 2-3 jours d'avance à la floraison. La récolte en ensilage a eu lieu le 21 septembre. À cette date, les variétés tardives, semées sous plastique le 3 avril, étaient au même niveau de maturité (35 % de MS) que les variétés précoces semées en sol nu à la même date. À variété identique, le maïs sous plastique gagnait 8 à 10 % de matière sèche par rapport au sol nu. Mais il n'y avait que 2 % de MS d'écart entre le plastique classique et le Samco. « Les semis précoces en sol nu ayant été très pénalisés au démarrage avec des pertes de plants importantes, les comparaisons de rendements ont été réalisées avec le témoin en sol nu semé le 11 mai et récolté à un niveau de MS assez faible (28 %), qui n'exprime pas son potentiel maximum », avertit Michel Moquet, d'Arvalis.
Dans ce contexte, l'écart de rendement entre sol nu et méthode Samco a été de + 3,5 t de MS/ha avec la variété précoce, + 4,9 t avec la variété demi-tardive et + 6,7 t avec la tardive. « La destruction par les corneilles de plusieurs microparcelles sous plastique classique n'a pas permis d'exploiter statistiquement les données, mais les rendements mesurés sur les parcelles intactes sont quasi identiques à ceux obtenus avec la méthode Samco. Cette première expérimentation dans les conditions particulières de l'année 2012 démontre surtout que la plasticulture permet d'utiliser des variétés beaucoup plus tardives, et donc de gagner en rendement sans retarder la date de récolte. Attention cependant à ces maïs tardifs, non sélectionnés sur le fourrage, qui présentent une digestibilité tige-feuilles plus faible. » Comme il y a vingt-cinq ans, la plasticulture complique la maîtrise des mauvaises herbes. La méthode Samco propose un désherbage de présemis, suivi d'un post-semis-prélevée appliqué par le semoir.
UN DÉSHERBAGE CHER QUI PEUT ÊTRE ALÉATOIRE
« C'est un désherbage relativement haut de gamme, donc assez onéreux (100-110 €/ha), utilisant des matières actives à action racinaire dont l'efficacité, qui dépend de l'humidité du sol, peut être aléatoire. En outre, la maîtrise des vivaces qui se fait en post-semis est ici impossible. » Les résidus de film après la récolte sont un autre point faible de la plasticulture. Le film Samco est photodégradable et laisse peu de résidus sur le rang. Malgré son épaisseur moindre, la dégradation de la partie enterrée (sa biodégradabilité) n'est toujours pas complète. Le modèle économique Samco n'apparaît pas différent de la méthode classique. « J'évalue le surcoût de la technique entre 350 et 400 €/ha. Cela nécessite un gain de rendement situé entre 4 et 5 t de MS/ha pour atteindre l'équilibre. »
© SÉBASTIEN CHAMPION
Le film Samco est plus fin qu'un plastique classique. Il laisse peu de résidus sur le rang mais la partie qui reste en terre n'est pas totalement biodégradable et se retrouve après la récolte. C'est l'un des points faibles de la plasticulture avec la maîtrise du désherbage. photo SARVALIS
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