On savait le commissaire à l'agriculture, Phil Hogan, être un libéral décomplexé. De là à être méprisant. Interrogé dans une interview sur les difficultés de l'élevage et celles du lait en particulier, il a tenu des propos qui ont choqué plusieurs d'entre vous, laissant à penser qu'il n'y a pas de crise car si les éleveurs européens sont encore là, c'est qu'ils gagnent encore leur vie.
Une crise pour M. Phil Hogan se mesurerait donc au nombre de faillites et, pourquoi pas, au taux de suicides ? Quelques jours plus tard, c'est devant les sénateurs que le commissaire exposait sa vision de l'élevage. Dans les salons du palais du Luxembourg, le ton est plus courtois mais l'arrogance toujours là. La crise du lait ? « La Commission a débloqué 500 millions d'euros pour l'élevage, qui viennent s'ajouter aux 42 milliards d'aides directes versées chaque année. » Et de rappeler que « chaque agriculteur français touche en moyenne 30 000 €/an d'aides payées par les contribuables européens ».
De quoi vous plaignez-vous ? Michel Dantin, le député européen qui avait alerté le commissaire sur les 20 % d'éleveurs laitiers menacés par des prix trop bas, est sèchement taclé. « En 2009, avec un prix du lait à 287 €/1 000 l, la France a perdu 5 % de ses producteurs. En 2013-2014, avec des prix du lait record de 364 €, le nombre d'éleveurs a quand même baissé de 3,7 %. Le prix n'est pas le seul problème. » Interrogé sur une possible régulation des marchés, il répond quotas et ironise sur l'incohérence des Français qui n'en voulaient pas en 1983. Ce monsieur nous rappelle terriblement un autre commissaire irlandais, un certain Mac Sharry, initiateur de la réforme de la Pac 92 au nom du commerce mondial, qui signait les prémices de nos soucis d'aujourd'hui.
Par Dominique Grémy, rédacteur en chef adjoint
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