Il y a le monde dont on rêve (plein de bon sens) et le monde tel qu'il est (là, on cherche le sens). L'oublier, c'est risquer d'énormes désillusions, envoyer dans le mur les plus fragiles... ces JA qui ont investi sans doute trop fort, en pensant que l'UE serait là pour les soutenir en cas de crise majeure, comme elle le disait. Si la fermeture du jour au lendemain du marché russe de 2,2 Mt de lait européen n'est pas une situation de crise pour l'UE, il n'y en aura jamais.
Ceux qui, depuis 2009, bataillent pour un zeste de régulation intelligente de la production ont raison. Il suffirait que chacun lève un peu le pied pour qu'instantanément, les producteurs européens sortent de la panade dans laquelle ils sont. Oui mais voilà, le paquet lait a entériné une situation de guerre économique entre pays. L'ère du chacun pour soi, chacun ayant une bonne raison de produire plus. Bonjour le projet européen !
La réalité est aussi que l'Europe du Nord, forte de ses avantages compétitifs, veut manger seule ce gâteau du marché mondial laitier appelé à grossir. Pas question donc pour elle de réguler. Et peu lui importe l'occupation de nos territoires, pourvu qu'elle continue de venir se bronzer sur la Côte d'Azur. La réalité est enfin que les libéraux qui tiennent Bruxelles sont sourds aux drames humains qui se cachent derrière les crises et qu'ils ne reviennent jamais en arrière, comme une machine à cliquet. Alors plutôt que fustiger ceux qui croient objectivement au marché mondial, secouez ces irresponsables de droite comme de gauche qui ont validé le paquet lait. À eux de rhabiller les producteurs qu'ils ont mis à poil pour affronter la volatilité. Et à ces derniers d'avoir l'intelligence de s'unir au niveau européen pour espérer un jour peser.
Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef
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